M ASTER NEGATIVE
NO. 93-81550-
MICROFILMED 1993
COLUMBIA UNIVERSITY LIBRARIES/NEW YORK
r-
/
as part of the
"Foundations of Western Civilization Préservation Project
Funded by the
W^MENT FOR THE HUMANITIES
Reproductions may not be made without permission from
Columbia University Library
• *
COPYRIGHT STATEMENT
The copyright law of the United States - TItle 17, United
States Code - concerns the malcing of photocopies or
other reproductions of copyrighted material.
Under certain conditions specified in the law, llbraries and
archives are authorized to furnish a photocopy or other
reproduction. One of thèse specified conditions îs that the
photocopy or other reproduction Is not to be "used for any
purpose other than private study, scholarship, or
research." If a user makes a request for, or later uses, a
photocopy or reproduction for purposes in excess of "falr
use," that user may be liable for copyright Infringement.
This institution reserves the right to refuse to accept a
copy order if. In Its judgement, fulflllment of the order
would involve violation of the copyright law.
AUTHOR:
ATTICUS, THE
PHILOSOPHER
TITLE:
ATTICOS: FRAGMENTS
DE SON OEUVRE.
PLACE:
PARIS
DA TE :
1931
COLUMBIA UNIVERSUY LIBRARIES
PRESERVATION DEPARTMENT
BIBLIOGRAPHIC MfrWOFQRM TARHFT
Master Négative #
% ' 8i550'Z
Original Material as Filmed - Existing Bibliographie Record
Restrictions on Use:
183At63
^ Atticus, philosophus.
•••Atticos: Fragments de son oeuvre, avec intro-
duction et notes. Thèse complémentaire... par J.
Baudry. Paris, Société d'édition "Les belles
lettres", 1931.
Ixiii, 33 £i.e. 66^ p. 20^- cm.
At head of title: Un conmentateur de Platon
adversaire d'Aristote au II© siècle de notre ère.
Bibliography, p. flx^-lxiii.
Baudry 's complementary thesis, Paris.
l'i^^'n P^Ê^^^^ion double in main part of work.
* • 'y )n Greek text with ^. French translation*
FILM SIZE:
'^ C/Jfj^
^
TECHNICAL MICROFORM DATA
REDUCTION RATIO: /AV
IMAGE PLACEMENT: LA JLÔ^ IB UB
DATE FILMED: — „^j^?Jil.. INITIALS ^^
FILMED BY: RESEARCH PT IRLICATTOMc; tmç woonRp7n;^,i"x
/
r
Association for information and image iManagement
1100 Wayne Avenue, Suite 1100
Silver Spring. Maryland 20910
301/587-8202
1 ■>.
Centimeter
un
2 3
I,
niiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
4 5 6 7 8 9
iliinliiiiliiiiliiiiliiiilniiliiiiliiiilimliiiilimliii
10
I
IMIIIIIIIIIM
11 12 13 14
iilniiliiiiliinlimliiiilmiliiii
15 mm
M
rTT
Inches
TTT
1
rTTT7
M I
.0
M
1.25
I i I I
m
2.8
Il 2^
¥° "" —
lââ IIP
2.2
Jï M.
2.0
^ u
tuiiu
1.8
1.4
^^
1.6
TTT
/
\"
MflNUFflCTURED TO fillM STANDARDS
BY nPPLIED IMAGE, INC.
jr-.' ,._.
X.
v
MXs. ^hao^o 0£c 2 7
I
UN COMMENTATEUR DE PLATON ADVERSAIRE D'ARISTOTE
AU IP SIÈCLE DE NOTRE ÈRE
1932
ATTIGOS
FRAGMENTS DE SON OEUVRE
AVEC INTRODUCTION ET NOTES
THÈSE COMPLÉMENTAIRE
POUR LE DOCTORAT ES LETTRES
PRÉSENTÉE A LA FACULTÉ DES LETTRES DE l'uNIVERSITÉ DE PARIS
Mb
J. BAUDRY
H
IP
PARIS
SOCIÉTÉ D'ÉDITIOiN « LES BELLES LETTRES »
95, BOULEVARD RASPAir.
.igSi
ColumWa iBnttif nfttp
mtijfCttpoflrtijgark
LIBRARY
l'
M
i
tf
i;
41
ATTICOS
FRAGMENTS DE SON ŒUVRE
AVEC INTRODUCTION ET NOTES
i
(1
t
t
t II
<
il
A »
Mr~--—-
T-r.
yii i jp i-<f ■ -y w -i. I II iiipp ■ «m '■
) a»j>iiii>i«^ w
k -
;.
f
<
(
,/
M
(/
Ù
it
<. 1/
«f I I
{
»
UN COMMENTATEUR DE PUTON ADVERSAIRE D'ARISTOTE
A(J II- SIÈCLE DE NOTRE ÈRE
ATTICOS
FRAGMENTS DE SON OEUVRE
AVEC INTRODUCTION ET NOTES
THÈSE CCMPLÊMENO'jLÏIII^. : :,
POUR LE DOCTORAT È&.i:.BTTaJ:S
PRÉSENTÉE A LA FACULTÉ DaS.I«l5Tr|^ES I^E-u'uîîiyEllSITè JDE. PARIS
• • • • ' • . , t , , ' , / ,' '^
PAR
J. èAlilïîïYi;- .'■ .. • •'
•• • .
^ » I
PARIS
SOCIÉTÉ D'ÊDITlOxN « LES BELLES LETTRES »
g5, BOULEVARD RASPAIL
igSi
■ i .«i''i y) ! »^ i pi i ^ i j i ;ii y 1 ^ l y lr M ii n i i | ^ i « i'i » . < j>w. .j »-_; .y«in i|' ";mj»»
L
^
ii3at83
^4'
/
/
£ '
^1^
vt
t
Si -
./
* i
u
I
/ Il
< tt I
<^
INTRODUCTION
I
ATTICOS : SA VIE ET SON OEUVRE
Il y eut, dans le monde gréco-romain, au dernier
siècle avant J.-C. et durant les deux qui suivirent, plu-
sieurs personnages importants du nom d'Atticos. Sans
parler de Tami et correspondant de Gicéron, dont le nom
indique assez l'origine grecque, Tun des plus connus est
celui d'Athènes, le père d'Hérode, et sur lequel Phi-
lostrate* nous a transmis des renseignements assez
complets ; contemporain de Trajan, célèbre par sa for-
tune et ses largesses abondantes, il eut une certaine
réputation pour sa science et sa sagesse, mais il n'a rien
de commun, bien qu'on les ait parfois confondus, avec
celui qui fait l'objet de ce travail, Atticos le philosophe.
Nous ne possédons sur sa vie aucun document précis.
Nous savons seulement qu'il vivait dans la seconde
moitié du ii* siècle, vers la fin du règne de Marc-Aurèle.
D'après la chronologie d'Eusèbe^ conservée par Syn-
kellos% il devint célèbre aux environs de la 289* olym-
1. Vie des Sophistes, II, i.
2. Edit. Schoene, II, 172.
3. 666, 19.
■nNflW^WWMMWpIMi
IV
piade, c'est-à-dire vers 176-180 après Jésus-Christ, peu
de temps avant que Commode fût associé par son père à
Tempire. Il dut connaître probablement dans sa jeunesse
le platonicien Tauros, et fut contemporain des péripaté-
ticiens Alexandre de Damas et Aristoclès, maîtres
d'Alexandre d'Aphrodisée.
Comme son nom nous porte à le croire, et d'ailleurs
il le déclare lui-même, il naquit et vécut en Grèce*.
Etait-il Athénien et descendait-il comme son homonyme
du i" siècle, de la vieille famille des Eacides, illustrée
par Miltiade et Gimon ? C'est possible, mais rien ne nous
permet de l'affirmer. Cependant il passa probablement
sa vie à Athènes. L'antique cité de Périclès était alors
bien déchue de sa splendeur et de sa puissance politique ;
elle n'était plus qu'une petite ville dans une province de
l'immense empire des Césars, tandis que Rome était
devenue la capitale du monde civilisé, et que se déve-
loppaient rapidement des villes opulentes comme Milan,
Alexandrie, Byzance. Elle n'avait même plus le privilège
d'être le centre de la culture intellectuelle, car l'Italie,
l'Egypte, la Syrie possédaient de nombreuses écoles où
l'on enseignait la littérature et la philosophie grecques.
Athènes ne pouvait cependant, malgré' l'éclat de ses
jeunes rivales, renoncer à son glorieux passé et gardait
toujours jalousement, avec les traditions, les doctrines de
l'Académie, du Lycée et du Portique. Chaque école,
dotée de larges revenus, y avait ses représentants et ses
chefs. Nous connaissons les noms de quelques-uns, tels le
platonicien Calvisios Tauros, les péripatéticiens Aspasios
d'Aphrodisée, Herminos, Alexandre de Damas, Aristoclès
de Messine, les stoïciens Coponios Maximos, Aurélios Héra-
clidès Eupy ridés, lulios Zosimianos. Leur renommée
I. Préparation Evangélique 801 d.
W
>
o
*
^
r
^
I
I
^
devait attirer un certain nombre de disciples désireux de
s'initier à la sagesse antique, en suivant les leçons d'un pro-
fesseur de leur choix et en s'instruisant dans la doctrine
de leur goût. Chaque maître alors en vogue expliquait
sans doute l'enseignement des grands penseurs anciens,
car on était professeur de Platonisme, d'Aristotélisme ou
de Stoïcisme. C'est de là que durent sortir les nombreux
commentaires, premiers essais de scolastique, qui pen-
dant plusieurs siècles furent à peu près les seuls ouvrages
philosophiques rédigés en langue grecque ; on commen-
tait ainsi de Platon, le Phèdre, le Phédon, et surtout le
Timée dont l'exposé cosmogonique répondait encore aux
préoccupations du monde savant, en attendant de se livrer
à de longs développements sur les Catégories, le Traité
de C Ame on la Métaphysique d'Aristote. Partisans de l'une
ou l'autre école ne pouvaient naturellement s'ignorer, et
une influence réciproque ne pouvait manquer de rap-
procher plus ou moins insensiblement les unes des
autres des doctrines opposées ou tout au moins fort dif-
férentes. La lutte et la discussion ont été de tout temps
un excellent moyen pour maintenir les croyances et
fortifier les opinions. Aussi, Ton peut se figurer ces
maîtres et ces élèves se rencontrant fréquemment au
cours de leurs promenades, sur les places ou les jardins
publics, sous les portiques des anciens temples ou des
monuments vénérables et discutant durant des heures
entières comme au temps de Socrate. Il n'est pas étonnant
qu'après cela, les doctrines s'atténuent et se mélangent
plus ou moins : les savants sont des éclectiques et font
même du syncrétisme.
Atticos fut l'un de ces philosophes les plus remar-
quables. Représentant et probablement chef de l'école
platonicienne, il dut jouir en son temps d'une grande
autorité. Une centaine d'années après lui, Eusèbe de
}\
VI
VII
il
Gésarée * le déclare l'un des plus illustres défenseurs des
doctrines de Platon et c'est même à ses ouvrages qu'il
emprunte l'exposé des idées principales du fondateur de
l'Académie. Proclus^ le cite plusieurs fois dans son
commentaire au Timée, et à une époque où l'on vit en
Orient et spécialement à Alexandrie de véritables confréries
de zélés ou laborieux, apiXoicovoi\ il déclare Atticos 91X0x0-
vwTaxoç*, ce qui porte à croire qu'il dut avoir une grande
renommée. Philopon, devenu chrétien, se réclame en 629
de son autorité pour soutenir que, d'après Platon, le
monde a commencé d'exister^ ; par deux fois le même
auteur cite l'opinion de ceux qui constituent l'entourage ^
de notre philosophe. Il y a donc tout lieu de croire
qu'Atticos fut, vers la fin du second siècle, l'un de ces
chefs d'école, successeurs de Platon, comme l'avaient été
bien avant lui les Speusippe, les Grantor, les Xénocrate,
et plus récemment, peut-être immédiatement auparavant,
Tauros. En tout cas, il est à cette époque un des rares
philosophes dont l'histoire ait conservé le nom.
Il fut, d'après Proclus', le professeur d'Harpoc ration
d'Argos. Gelui-ci était un grammairien, qui composa,
au dire de Suidas, un long commentaire en vingt livres
et un lexique en deux livres, des ouvrages de Platon. Le
genre des travaux auxquels se livra l'élève, nous laisse
entendre déjà ce que durent être ceux du maître. Por-
phyre déclare, en effet, dans sa vie de Plotin*, que
I. P. E. 5o9 a.
a. I, 3o, 21-97, ^^ î ^72» ' j ^7^' 3' j ^^^» ^7' ®'^'
3. Migne, Patrologie Orientale, Nau. I. Vie de Zacharie le sco»
lastique, p. 2.
4. In Tim., III, 2^7, 12.
5. De Aeternilate mundi, 519, 22.
6. Id.y 606, 17 ; 211, II.
7. Corn, in Tim., I, 3o5, 6.
8. 109, 46.
V
« ^
>
^
f
t
I
i\i
celui-ci lisait les uTuoîxvr^pLaia, c'est-à-dire les commen-
taires, peut-être les résumés de cours d' Atticos, en même
temps que ceux des platoniciens Gaios et Tauros, des
péripatéticiens Adrastos et Sévère. Atticos fut donc un
professeur et, conformément à une tradition déjà longue
dans les écoles de philosophie grecque, un commenta-
teur. Il dut écrire, à ce titre, plusieurs ouvrages assez
importants. Proclus cite de lui un commentaire du
Phèdre \ Mnée de Gaza^ et Stobée^ un autre du Timée;
il est probable qu'il expliqua aussi Phédon. Tous ces
écrits destinés à exposer la doctrine de Platon devaient
avoir également pour objet de réfuter Aristote ; il est
même très vraisemblable qu'Atticos ait composé un
ouvrage spécialement destiné à combattre les idées du
fondateur de Técole péripatéticienne. Œuvre immense,
sans doute, dont il ne nous reste que des fragments assez
courts conservés par Eusèbe. G 'est seulement par ces
extraits que nous pouvons connaître l'enseignement de
notre auteur, en les contrôlant ici et là par les témoi-
gnages de Proclus, Philopon, vEnée de Gaza, Théodoret
et Stobée. Ges quelques textes nous permettent cependant
de nous rendre compte des tendances intellectuelles du
philosophe et nous renseignent un peu sur son caractère.
Atticos se présente au premier abord comme un
commentateur. D'après la division, probablement clas-
sique de son temps, il distingue trois parties dans la phi-
losophie : la logique, la physique et la morale. S'occupa-
t-il de la première ? Sans aucun doute, mais il ne nous
reste rien de son enseignement. Nous n'avons que ses
interprétations des principales questions de physique et
de psychologie, de métaphysique et de morale. Pour
1. O. c, III, 2^7, i5.
2. Theoph., p. 53.
3. Lexicon, I, p. 375.
^
i
VIII
IX
f '
chacune il se pose comme un défenseur fidèle de la pensée
de Platon, et en même temps comme un adversaire
résolu des théories d'Aristote, et toute sa méthode consiste
à opposer les deux systèmes ; il nous invite par là même
à en faire la comparaison ; mais ce serait un travail
considérable, qui dépasserait de beaucoup les limites de
cet ouvrage, et qui d'ailleurs a été fait bien souvent par
les historiens de la philosophie. Nous nous contenterons
donc de voir dans quelle mesure il reproduit exactement
la doctrine du fondateur de l'Académie et dans quelle
mesure sont fondées ses critiques du système péripaté-
ticien, en étudiant successivement le commentateur
platonicien et le polémiste adversaire d'Aristote. Nous
nous apercevrons de bonne heure qu'il n'y a pas lieu de
faire d'Atticos un auteur de premier plan, mais il marque
une étape dans l'évolution de la pensée grecque, et
représente le type du commentateur peu original et sou-
vent éclectique, doublé d'un polémiste étroit dans ses
idées, vers la fin du ii* siècle de notre ère.
II
ATTICOS PLATONICIEN ÉCLECTIQUE
Atticos est un fervent disciple de Platon. A l'encontre
de beaucoup d'autres, qui se sont plus ou moins écartés
de l'enseignement primitif de l'Académie, ou en ont
abandonné çà et là quelques éléments, il prétend main-
tenir la doctrine de son maître dans toute sa pureté. Il se
fait gloire d'appartenir à cette école et revendique l'hon-
neur d'en exposer les opinions. Aussi avec quel enthou-
siasme il parle de celui qui est, à ses yeux, le plus grand,
le seul philosophe I II lui décerne les plus beaux éloges :
Platon est le véritable fondateur de la philosophie
\
' ^^
»
i.
grecque*. Après les essais partiels de Thaïes, d'Anaxi-
mène, d'Anaxagore, de Zenon et des Éléates, c'est lui qui
^ a élaboré en un système complet et harmonieux les plus
belles inventions de la pensée de l'homme. Il est apparu
comme un envoyé du cieF, chargé par les dieux d'ac-
complir un travail surhumain, comparable aux exploits
f d'Hercule ^ Partout on sent en son œuvre l'inspiration
divine, qu'il s'agisse de la théorie du bonheur, de la
Providence et de la production du monde, de la matière
et des éléments, de Timmortalité de l'âme et du rôle des
f Idées : sur toutes ces questions de la plus haute impor-
tance pour la science et la conduite de la vie humaine,
Platon a dit le dernier mot, et ses affirmations, même
dans les moindres détails, sont indiscutables. Enfin son
système est tellement bien ordonné, il est conçu avec
une telle rigueur logique qu'on ne saurait en détacher
la moindre partie sans qu'aussitôt le tout menace de
s'écrouler.
Avec cette admiration sans borne et cette foi sans
réserve, Atticos est persuadé qu'il ne saurait mieux dire
que son maître. Aussi, tantôt il se contente d'exposer la
doctrine ou du moins ce qu'il croit être la doctrine de
Platon ; tantôt il la résume pour en dégager les idées
principales ; tantôt il s'applique, bien rarement il est
vrai, à en montrer la vérité par des arguments plus ou
moins originaux : c'est alors qu'il ne tarde pas à laisser
apparaître des conceptions puisées à d'autres sources que
l'enseignement de l'Académie. Ce platonicien, qui se
prétend intégral, est souvent éclectique : nous n'avons,
pour nous en rendre compte, qu'à reprendre les questions
abordées dans les fragments qui nous sont parvenus.
1. P. E. 5o9 e.
2. là., 5ioa.
3. là., 797 b.
f '
La constitution Les questions de physique et de
de Vunivers. cosmologie n'avaient plus au i*"^ siècle
l'importance que leur avaient donnée les premiers philo-
sophes de la Grèce, ainsi que Platon, Aristote et même
les Stoïciens. Cependant elles restaient encore, si Ton
peut dire, au programme des écoles, puisqu'on y commen-
tait toujours le Timée. L'influence des traditions
hébraïques, introduites dans le domaine de l'hellénisme
par Philon, avaient-elles donné un regain de vie à ces
vieilles discussions ? c'est possible. Ce qui est certain,
c'est que les philosophes s'occupent encore de la consti-
tution de l'univers, de Torigine et de l'éternité du monde.
Atticos se contente de relever sur ce point les opinions
de Platon, sans beaucoup s'y attarder.
Il rappelle que la lumière est du feu pur de tout
mélange, ou tout au moins une propriété du feu^, et
qu'elle est produite par émission. Le soleil est aussi
de feu^; il décrit un double mouvement^, sur lui-même
et sur l'écliptique ; s'il garde toujours la même grandeur
apparente, c'est qu'il récupère une quantité de substance
égale aux déperditions produites par le dégagement des
rayons et des vapeurs brûlantes*. Les astres sont des
vivants. Atticos reprend les arguments de Platon pour
affirmer que tout être, qui ne reçoit pas le mouvement de
l'extérieur, possède en lui-même un principe de mouve-
ment, qui ne peut être qu'une âme^. Gomme les corps
célestes sont des êtres divins, ils doivent se mouvoir du
mouvement le plus beau, qui est le circulaire®. De plus,
fixés dans leurs orbites, ils décrivent un cercle autour
I. P. E. 806 c.
2. Id., 806 c.
3. Id., 806 d-e.
4. Id., 806 d.
5. Id., 807 b.
6. Id.t 807 c.
XI
^
A
de la terre. Enfin, il y a dans l'univers une direction
absolue, un haut et un bas, qui sont des propriétés
extérieures aux éléments * . Toutes ces opinions sont
conformes à la lettre même de l'enseignement du Timée.
Platon regardait l'univers comme un immense vivant
doué d'un mouvement spontané, et lui accordait un
principe immanent semblable à celui qui entretient en
nous la vie et le mouvement, c'est-à-dire une âme qui
dirige le monde et maintient en lui l'harmonie^. Atticos
se range évidemment à cette opinion et proclame lui-
même la nécessité d'une âme du monde. Mais s'agit-il
bien d'une âme identique à celle décrite dans le Timée ?
Gelle-ci, constituée selon des proportions mathématiques,
était seulement cause motrice, principe d'organisation.
L'âme dont parle Atticos est surtout raisonnable ^, car
la disposition admirable de l'univers fait éclater partout
l'influence de la raison qui y brille ; elle est cause ordon-
natrice, joue le rôle de Démiurge, de dieu créateur. Or
n'est-ce point précisément la fonction de cette raison
séminale dont parlent les Stoïciens, ce feu artiste qui
parcourt l'univers, lie et enchaîne toutes choses, main-
tient la tension entre les diff'érentes parties de l'ensemble ?
Gomme Ghrysippe, notre philosophe compare justement
le monde à une ville*, gouvernée par un chef unique.
Ge principe unique qui gouverne le cosmos, n'est point à
proprement parler une âme, mais une force matérielle,
une nécessité, une eîjjLapixsvr;, le destin, qui domine tous
les êtres et les événements. Pour en prouver l'existence,
Atticos emprunte précisément ses arguments aux écoles
stoïciennes ; comme Zenon et Gléanthe, il parle de l'âme
1. P. E. 807 d.
2. Id., 809 a-b.
3. Id., 8i4b.
4. Id., 8i4b.
XII
universelle*, à moins qu'il ne devance sur ce point les
conceptions de Plotin. Cette âme organisatrice est de
plus une Providence, mais non point au sens où l'enten-
dait Platon ; celui-ci avait, en efifet, placé son dieu au
sommet de la hiérarchie des êtres, et déclaré que la divi-
nité occupe le milieu, le commencement et la fin de
Tunivers organisé par un acte de bonté. Ce dieu-Provi-
dence est bien distinct de l'âme du monde ; c'est le
Démiurge du Timée, qui, après avoir produit son œuvre,
ne l'abandonne pas à elle-même, et continue de veiller
sur elle par une sorte de création prolongée. En somme,
Alticos a réuni dans une même notion et dans un seul
être l'âme du monde, le Démiurge, du système de Platon
et la raison universelle des Stoïciens : le dieu créateur
est devenu une nécessité, une sorte de destin organisa-
teur et coordinateur des parties de l'univers : Atticos
a mélangé des conceptions d'origine stoïcienne ou plato-
nicienne, et exposé une opinion de Platon avec les idées
de Chrysippe.
Cependant il n'insiste pas sur le rôle cosmogonique de
la Providence : il la regarde plutôt comme une sorte de
divinité qui répond assez bien aux aspirations de l'âme
populaire, vit parmi nous, au milieu de nous, s'intéresse
à nous, et qui, pleine de bonté, ne peut manquer de
nous témoigner sa bienveillance. Elle a ainsi un rôle
moral de la plus haute importance, car elle garantit
Tordre dans l'individu et dans la société, en assurant le
respect de la justice : on la sent prête à châtier le
coupable qui se soustrait aux lois du devoir^. N'est-ce
pas un retour aux dieux de la mythologie ? Car cette
divinité si proche de nous, si attentive à notre manière
1. P. E. 809 b.
2. Id., 799 b sq.
XIII
é
(f
d'agir, a une personnalité plus nette que n'avait le
Démiurge de Platon lui-même.
La matière ^^ question de la matière est l'un
et les éléments, des points les plus obscurs de la cos-
mogonie du Timée. Platon l'avait traitée pour suivre une
tradition déjà ancienne dans la philosophie grecque ; les
premiers Physiciens s'étaient, en effet, appHqués à retrou-
ver, sous les formes multiples de la nature, l'élément primi-
tif dont sont formés tous les corps. Atticos déclare que son
maître n'a fait que suivre l'opinion de ses devanciers * et qu'à
leur exemple il n'a admis que quatre éléments, dont tous
les autres corps se sont formés par suite de transforma-
tions et de combinaisons selon des proportions définies :
ce sont la terre, Teau, l'air et le feu, qui occupent dans
Tespace des positions déterminées par la constitution
même de l'univers. Ces éléments sont sortis d'une matière
unique, homogène et indifférenciée ^ Il s'agit sans doute
de ce que Platon, dans son Timée, appelait troisième
genre, cause errante, étendue, réceptacle. Nous avons
vu ailleurs' qu'il entend probablement par là ce en
quoi ou sur quoi se dessinent les figures et les corps,
mais jamais il ne la regarde comme une réalité ou une
matière corporelle. Atticos a été à une autre école que
celle de Platon. 11 a dû fréquenter Plutarque*, et c'est
chez lui, à moins que ce ne soit chez Albinos, qu'il a
pris cette conception. Celui-ci entendait, en effet, le
troisième genre dans le sens d'une réaUté corporelle et
sensible, une sorte de chaos indifférencié, dans lequel
sont confondus tous les éléments de l'univers : comme
1. P. E. 8o4c.
2. Id., 8o5 b.
3. De V Origine et de VÉlernité du monde, p. 65
4. De an. procr., 5 ; Placita, I, 9.
XIV
Platon, il rappelait encore « réceptacle, nourrice, mère,
substrat, insaisissable par les sens, n'ayant comme propriété
que le pouvoir de recevoir les formes, tout en étant par elle-
même sans qualité, sans figure ; matière, qui n'est corpo-
relle ni incorporelle, qui n'est corps qu'en puissance » * ;
mais il la regardait bel et bien comme une matière,
notion à laquelle n'était point parvenu Platon. Notre
platonicien n'aurait-il pas subi également l'influence de
Posidonius ou du péripatéticien Galien, qui, à la manière
de Posidonius, admettait aussi une matière universelle
dans laquelle vont se résoudre tous les éléments,
« substance première qui fournit la base de tous les
corps nés et périssables » ^ ? Toujours est-il qu'en faisant
du troisième genre une réalité matérielle, Atticos semble
avoir de beaucoup dépassé la pensée de son maître Platon.
De cette matière se sont formés les éléments. Atticos
prétend encore se conformer sur ce point à l'enseigne-
ment de Platon et soutient qu'il n'y a que quatre élé-
ments. La chose est d'ailleurs facile à prouver ; il n'y a
pour cela qu'à faire appel au témoignage des sens ou
plutôt du seul sens qui nous fait connaître la nature
intime des corps avec leurs qualités premières, le tou-
cher ^ Or, celui-ci fournit quatre sensations primitives et
irréductibles, le chaud et le froid, le sec et l'humide, ce
qui nous permet de distinguer quatre éléments hétéro-
gènes, car les autres qualités, mou et dur, léger et lourd,
clair et dense, peuvent coexister avec les premières.
Platon ne faisait point reposer sa classification sur des
données aussi simplistes, mais sur des notions mathé-
matiques, des rapports entre des nombres et la disposi-
tion de figures géométriques, les polyèdres réguliers.
1. Frgt. 8.
2. Dehyp. et platonicis placitis, IX, 7.
3. P. E. 8o4d.
XV
/
f
k
L'argumentation exposée ici est bien d'Atticos et non
point de Platon.
De plus, est-il bien vrai, comme le prétend Atticos,
que l'auteur du Timée admettait seulement l'existence de
quatre éléments primitifs? Cette question avait suscité
pendant des siècles de graves discussions entre ses suc-
cesseurs, preuve que son enseignement n'était point
d'une clarté aussi évidente que le déclare notre auteur.
Sans admettre l'authenticité des textes attribués à Philo-
laos, nous pouvons croire que celui-ci concevait les corps
primitifs sour la forme de polyèdres réguliers, lesquels
sont au nombre de cinq*. Or, Platon a subi l'influence
de l'école pythagoricienne, particulièrement dans le
Timée. Et lorsqu'il énumère les éléments, il nomme seu-
lement les quatre corps reçus communément^ qui cor-
respondent aux figures régulières, le feu au tétraèdre,
l'air à l'octaèdre, l'eau à l'icosaèdre, la terre au cube ;
la disposition des angles dans les différents polyèdres
devant rendre compte de la propriété fondamentale de
chaque corps. Cependant les Pythagoriciens connaissaient
aussi un cinquième polyèdre régulier, le dodécaèdre, et
logiquement devaient admettre un cinquième élément,
ce qu'ils firent. Platon les a-t-il suivis sur ce point et
a-t-il admis lui aussi l'existence d'un cinquième élément .î^
Atticos soutient que non*. Cependant il y a dans le texte
du Timée une phrase qui porterait à croire le contraire.
Après avoir exposé la composition des quatre premiers
éléments, l'auteur ajoute * : « il restait encore une seule
et unique combinaison ; le dieu s'en est servi pour le
tout, quand il en a dessiné l'arrangement final. » Que
1. Philolaos, 82, 12.
2. Timée, 55 b. sq.
3. P. E. 804 c.
4. Tim., 55 c.
\'
<v
— XVI
faut-il entendre par cette dernière combinaison ? N'est-ce
point un corps de nature spéciale? Aristote* prétend bien,
en effet, avoir trouvé la notion d'éther dans Platon lui-
même, et son affirmation semble fondée. Nous lisons
dans PEpinomis^, qui, s'il n'est pas de Platon lui-
même, fut composé ou simplement rédigé par l'un de
ses auditeurs, Philippe d'Opos, et qui par conséquent
est un des derniers échos de l'enseignement du maître :
(( Il existe vraisemblablement cinq corps, dont on peut
composer les choses les plus simples, les plus belles et
les meilleures : ces cinq corps sont le feu, puis l'eau, en
troisième lieu l'air, en quatrième la terre, en cinquième
lieu enfin Téther. » Et un peu plus loin ^ : « Après le
feu, nous placerons l'éther et nous admettrons que, de
cet éther, l'âme du monde forme des êtres animés, qui
tirent de cet éther la plus grande partie de leur
substance. » Les autres disciples ne sont pas moins
expHcites : ainsi Speusippe*, le successeur immédiat de
Platon à l'Académie, et Xénocrate % et Plutarque% auquel
il faudrait joindre le témoignage de Théophraste \ et
d'Aétius ^ : tous sont unanimes à reconnaître que, d'après
Platon, il y avait cinq corps élémentaires. L'acharnement
du seul Atticos à soutenir qu'il y a seulement quatre
1. De Caelo, III, 3o6 b 3 sq.
2. 981 b.
3. 98A b.
4. Frgt. éd. Lang, 53.
5. Frgt. éd. Heinze, 53. Simplicius, De Caelo, 22-24. In Phys.,
ii65-35, Ilept nXa-rojvoç ^iou... "Ew; et; TcévTg a-or/sia àçtxETO twv
^tiitov, à 8t) tz^vtc ayrljjLaia xaî atotiaTa tovd[A<£v. dç atôépa xat
xup, xat CiSwp xat y^v xat àspa.
6. De Defec. Orae., ^23 a ; Qaaest. Plat., ioo3c.
7. <î>uatxtov 8d^ai, Aetius, 32 a i5.
8. Plac, 336 a, IlXa-ctov îzup rzpwxov, eT-ra alGepa... Ix 8s Toi3
StoSsxasSpou TfjV tou ravToç açaipav. IIXaTwv os xat èv xouioiç
TzuBaYopt'^st.
XVII
/
f
éléments, et que c'est bien là l'opinion de Platon, ne
serait-il pas encore dû à une influence stoïcienne? Les
disciples de Zenon n'en admettent, en effet, point d'autre,
et pour eux il ne peut y en avoir aucun en dehors de
l'air, l'eau, la terre et le feu^ Une fois de plus, Atticos
reflète la doctrine du Portique.
Le monde Zenon et ses disciples immédiats
a commencé et ne enseignaient que le monde, formé de
doit point finir. f^^^ ^^^^-^ retourner en feu, par suite
naissait et mourait alternativement. Mais bientôt, sans
doute sous l'influence de l'école péripatéticienne, les
Stoïciens du 11* siècle n'admirent plus les embrasements
ni les restaurations du monde, tout en continuant à lui
attribuer un commencement, ce qui, du moins en appa-
rence, semblait en conformité avec la doctrine de Platon.
Atticos affirme à son tour que, d'après le fondateur de
l'Académie, le monde a eu un commencement mais
n'aura point de fin. A-t-il bien compris le mythe du
Timée ? Il avoue que, sur ce point, il est en désaccord avec
beaucoup de membres de son école. Platon avait bien
dit^ que le monde est né, vsyovev, mais entendait-il par
là un commencement temporel, comme semble l'indi-
quer le sens obvie du terme employé ? Ses disciples
immédiats ne le comprenaient point ainsi. Est-ce parce
qu'ils n'osaient plus, comme le dit Atticos ^, soutenir la
doctrine intégrale de l'Académie, contredite par la
logique irrésistible d'Aristote, proclamant l'éternité du
monde ? Toujours est-il qu'à leur avis Platon ne pensait
pas que le monde avait eu un commencement. D'après
I. Arn., II, p. i36, 4i3 sq.
a. Tim., 28 b.
3. P. E. 802 d.
t
I
XVIII
Xénocrate*, la formule de Platon n'est qu'un procédé
d'enseignement; d'après Grantor^, elle indique que
l'univers tient l'être d'une cause distincte de lui. Deux
siècles après, Plutarque^ entendra par là que le monde est
composé et organisé ; Albinos *, que le monde est dans un
devenir perpétuel, mais que, en tant que composé de parties
nombreuses et dissemblables, il doit son existence à une
cause autre que lui-même et plus ancienne que lui.
Tauros^ y voit simplement l'affirmation d'un rapport
causal entre l'univers et Dieu son principe ; Sévère *
reconnaît que, si Platon a déclaré que le monde est né,
c'est uniquement parce que le monde actuel succède
à un autre avec une disposition nouvelle. Malgré ces
interprétations, Atticos soutient que pour Platon le monde
a commencé d'exister. Il croit pourtant qu'avant l'uni-
vers actuel il y avait une matière et un temps désor-
donné^, car le mouvement est éternel, qu'il soit produit
par une âme déraisonnable ou une âme raisonnable : ce
qui n'est point l'opinion de Platon. N'a-t-il pas été amené
à cette conception sous l'influence de Posidonius et
n'est-ce point pour cela qu'il déclare avec tant d'assu-
rance que le monde a commencé d'exister dans le temps ?
Pour lui il n'y a pas d'autre interprétation naturelle de
l'affirmation de Platon ^ Atticos n'est pas seul à entendre
dans ce sens l'expression du Timée : c'est bien ainsi que
le comprenaient Aristote et Théopbraste ®.
1. Plut., De Proc. an. 3 ; Aristote, De Caelo, II, 299 b Sa.
2. Proclus, m Tim., I, 277.
3. De Proc. an., i-3.
4. Proclus, in Tim., 1,2x9; Frgt. 10.
5. Philopon, De Aetern. Mundi, VI, i45, i3 ; i48, 8 ; 520, 5 sq.
6. Proclus, in Tim., I, 227, i5.
7. /d., I, 391, Ssq., III, 37, 12 sq.
8. Proclus, in Tim.t I, 276, 3i et 277 ; Philopon, De Aeier. Mandi,
VI, 2X1, 16.
9. Cf. Tauros cité par Philopon, De Aeier. Mandi, VI, 1^3, i3sq. ;
^
XIX
/
D'ailleurs, à ses yeux, supprimer toute origine à
l'univers serait le rendre indépendant de Dieu, le
soustraire à l'action de la Providence, car si la divinité
n'a point créé toutes choses, elle n'a point à intervenir
dans le cours des événements ; et nous savons qu' Atticos,
tout autant qu'un stoïcien, tient à maintenir le rôle de la
Providence dans le monde.
Si le monde a commencé, il ne doit point pour cela
périr. Aristote a beau poser son fameux raisonnement :
tout ce qui est né doit avoir une fin, l'expérience seule
montre l'inanité d'une telle affirmation*. Pour le prouver,
Atticos se contente de reprendre les arguments usités
dans les écoles durant les trois siècles qui l'ont précédé.
Pour dissoudre le monde, il faudrait une cause plus
forte que celle qui l'a fait exister. Où trouver une cause
semblable? Ce n'est point dans le monde lui-même,
puisque tous les éléments qui le constituent ont été
soumis et restent soumis à l'action divine. Ce ne peut
être non plus en dehors du monde, puisqu'il n'existe
rien. Ces sortes de preuves ne sont point nouvelles^, car
nous les trouvons déjà chez les Platoniciens^ des deux
derniers siècles avant notre ère et elles seront utilisées
pendant des siècles encore*. Ce sont des thèmes clas-
siques dans les écoles, et Atticos en garde la tradition.
Où trouver la véritable cause de la permanence de
l'univers ? Un être qui ne doit point finir ne tient point
nécessairement de lui-même son immortalité. Atticos se
rappelle que, d'après Platon, les dieux inférieurs, c'est-à-
au même passage, Philopon donne les divei:ses opinions admises par
ses prédécesseurs.
1. P. E. 80X c.
2. De l'Origine et de l'Eternité du Monde, p. 265 sq.
3. Philop., De Aetern. Mundi, 5, 20.
4. Au début du vi« siècle, Philopon et JEnée de Gaza n'en utilise
ront point d'autres.
XX —
I
dire les astres, ne sont pas éternels par nature, puisqu'ils
ont été créés, mais ils doivent durer éternellement par
un effet de la bienveillance divine*. C'est la volonté de
Dieu qui, après les avoir produits, leur conserve l'existence.
Chose impossible, ont déclaré successivement tous les
Péripatéticiens. Erreur, réplique Atticos, sans quoi la
volonté divine n'aurait pas autant de puissance que la
volonté humaine. Comparaison n'est pas raison, c'est
vrai, mais notre auteur n'en va pas moins chercher des
preuves pour sa croyance en empruntant des exemples
aux productions de l'art ou de l'industrie des hommes.
Le bâtisseur de maisons, le constructeur de navires,
peuvent bâtir et construire quand ils le veulent. Et Dieu,
l'architecte suprême, n'aurait pas ce même pouvoir ? Mieux
que cela. L'architecte humain peut conserver indéfini-
ment son ouvrage en l'entretenant et en le réparant : et
Dieu ne pourrait en faire autant pour le monde P Enfin,
les productions humaines continuent d'exister même
après la disparition de leur auteur ; à plus forte raison
doit-il en être ainsi pour les créations de Dieu, puisque
celui-ci leur reste toujours présent.
L'argumentation est simpHste et quelque peu naïve :
on dirait qu'Atticos s'adresse à des auditeurs peu instruits
ou peu exigeants, et qu'il veut surtout frapper leur ima-
gination ; il a tout à fait la méthode d'un orateur popu-
laire, disons plus, d'un vulgarisateur qui essaie de mettre
un enseignement trop élevé à la portée des intelligences
les moins érudites. Il reprend l'affirmation de Platon :
le monde subsiste par un acte de la volonté divine et
c'est pourquoi il durera toujours. Ce Dieu garde encore
une parenté très étroite avec ceux de la mythologie, il a
une personnalité très nette et une volonté toute puis-
I. Tim.y 4i a-b.
/
XXI
santé ; voilà pourquoi son mode d'activité est semblable,
bien que transcendant, à celui des hommes. Et n'est-ce
point ainsi que le vulgaire se l'imagine facilement ? En
exaltant cette volonté, aussi puissante et rigoureuse que
l'£[(ji.apj;ivY;, Atticos satisfait les aspirations humaines et
reste en accord avec l'enseignement du Portique, qu'il
confond plus ou moins consciemment avec la doctrine de
Platon.
Vâme immortelle.
Sur la question de l'existence et de
l'immortalité de l'âme, Atticos répète
et suit assez fidèlement, du moins au premier abord,
l'enseignement donné par Platon. Celui-ci, héritier des
traditions populaires et des croyances mythologiques,
imbu assez profondément des doctrines pythagoriciennes
et des dogmes religieux de l'Egypte, croit d'emblée à
l'existence de l'âme ; cette opinion est, d'ailleurs, étroite-
ment unie à bien d'autres questions importantes de son
système. Notre auteur juge bon d'en donner une démon-
stration que n'avait point fournie le fondateur de l'Aca-
démie. Où l'a-t-il empruntée ? Reproduit-il des argumen-
tations classiques dans les discussions d'école? L'a-t-il
inventée lui-même? Nous n'en savons rien. Le raisonne-
ment qu'il expose est encore usité aujourd'hui. Après
avoir déclaré que l'âme est invisible, et que l'intuition
sensorielle ne peut nous la faire connaître, il constate que
l'homme accomplit certains actes intellectuels qui ne
peuvent l'être par la matière, tels que raisonner, penser,
délibérer, vouloir. Ces fonctions sont donc le propre
d'une substance qui n'a rien de corporel: l'âme*. L'ar-
gument sert à prouver que nous avons un principe spi-
rituel, distinct du corps, en tant que principe de pensée,
mais non point en tant que principe de vie.
I. P. E. Sogd-Sioc.
M\
V
^
v; ;
V I
i !
( .
XXII —
Cependant Atticos rappelle que Platon attribuait Tim-
mortalité à rame tout entière % sans distinguer le principe
de pensée du principe de vie, et répète après lui que
l'âme est tout entière immortelle. Il devrait même la
déclarer éternelle, puisqu'elle existe avant son incorpo-
ration, comme l'indique la théorie de la réminiscence.
Evidemment, ne pas admettre que l'âme est éternelle et
divine, c'est renverser toute la doctrine platonicienne de
la connaissance : notre philosophe s'en est bien rendu
compte et se contente d'énoncer les funestes conséquences
auxquelles aboutirait la négation d'une telle croyance.
Est-il bien vrai que Platon admettait l'immortalité de
l'âme tout entière ? Les arguments du Phédon tendent à
prouver surtout que Tâme ne doit point périr en tant que
principe de vie ; mais de l'ensemble du dialogue se dégage
l'impression qu'elle doit survivre avec les mêmes facultés
auxquelles elle était unie durant son passage dans le
corps humain. Platon est resté fidèle sur ^.e point à la
tradition des poètes et des mythographes, et comme eux
il termine son acte de foi à l'immortalité personnelle par
un récit imagé et légendaire ^.
Cependant Platon n'était-il pas arrivé à concevoir l'im-
mortalité du seul principe pensant? C'est assez probable.
Un fragment du dialogue d'Eudème^ nous apprend
qu'Aristote avait reproduit dans cet ouvrage les argu-
ments par lesquels le fondateur de l'Académie démon-
trerait que l'âme survit au corps, mais seulement en
tant qu'esprit. Platon n'a-t-il pas en effet proclamé que
cet esprit est divin, de race divine*, que sa fonction est de
1. Phhdre, a^Q b ; Id., 2^5 c 'J'u/^y) Tzoioa. àOavaxoç, 3^6 a àYSvyjTOv
T£ xat àôàvaxov tj/u//) av eVrj.
2. Phédon, Mythe final.
3. Frgt. 33, i48oa 34 sq.
4. Alcibiade, I, i33 c. Toi Oâicu ïoixev, Phédon, 8o a, Rép. X,
6ii e auYTEVTjç tû te dgita xal âÔavdT(|) xat zîf> àei ovii.
^f^
XXIII
connaître l'éternel * et l'être en soi ; et si l'on osait appli-
quer l'adage scolastique, savoir que l'opération suit l'être,
on conclurait que l'organe destiné à connaître l'éternel
est lui-même éternel. De plus, n'est-ce pas le Démiurge
lui-même qui a formé le principe pensant, tandis que les
facultés sensibles sont données par les dieux inférieurs au
moment de l'incorporation? N'est-ce pas cet esprit qui
aspire à retourner en haut^, qui s'applique à se purifier
des souillures contractées par son union avec le corps et
qui finira peut-être un jour par s'aflranchir de l'obliga-
tion de s'incorporer^? Et l'on ne voit pas, en effet, pour-
quoi les autres facultés désireraient se séparer de leur
enveloppe charnelle, sans laquelle elles n'ont pas de raison
d'être, tandis que l'esprit qui se suffit à lui-même, doit
tendre ardemment à reprendre le chemin du ciel d'où il
est tombé par sa faute. C'est bien pour lui seul que la
mort est une délivrance. La purification se fait par la
dialectique, laquelle est vraiment le chemin du salut, si
bien que Socrate peut dire que philosopher c'est appren-
dre à mourir*. Si la philosophie est pour nous le déve-
loppement de Tesprit et de l'intelligence par le contact
avec les réalités suprasensibles, la mort sera le couron-
nement de la vie intellectuelle, en assurant à l'esprit seul
une activité parfaite dans un monde divin. La doctrine de
Platon sur la nature et les fonctions de l'âme devait donc
aboutir logiquement à reconnaître l'immortalité du seul
principe pensant ; mais le philosophe n'est point explicite
sur ce point : il reste malgré tout poète et théologien, et
accorde à l'âme ou à l'esprit, on ne saurait bien le dire,
une immortalité personnelle qui rappelle les fables
1. Phédon, 76 d, 79 a sq. Tim. 90 c. çpov£Ïv àSavata xat 6eïa.
2. Rép.t 517 b TT)v £tç Tov vorjTOV tdzov T^ç 't'U/.^Ç avoSov.
3. /d., 517 b.
4. Phédon, 64 a, 67 e.
î 1
i <
U
L
i
XXIV
d'Homère et d'Hésiode, en même temps que les légendes
orphiques; il garde la croyance que Tâme entière est
immortelle, sans se soucier davantage d'accorder sa foi
avec son système philosophique.
Atticos ne l'a point senti et s'en tient à cette idée que,
pour Platon, l'âme est en nous le principe de vie et de
pensée, que l'esprit ne peut subsister sans l'âme, c'est-à-
dire le principe de pensée sans le principe de vie. Il
reconnaît, il est vrai, qu'Aristote est d'accord avec Platon
pour attribuer l'immortalité à l'esprit, mais il n'a point
l'air de croire que Platon attribuait l'immortalité au seul
esprit. Et lui-même n'en était-il pas venu à cette concep-
tion qu'il reproche si violemment au Stagirite? Les frag-
ments conservés par Eusèbe nous portent déjà à le croire.
Nous avons vu, en effet, que notre auteur a surtout prouvé
l'existence en nous d'une substance spirituelle distincte
du corps. Si nous pouvons nous fier aux témoignages de
Proclus et de Stobée, il n'aurait admis en réalité que l'im-
mortalité de l'intelligence. A propos de la composition de
l'âme du monde, dont il est fait mention dans le Timée,
il supposait que le Démiurge avait mélangé les éléments
de l'âme dans un double cratère*, sans doute pour expli-
quer sa double origine et sa nature à la fois raisonnable
et déraisonnable, l'élément déraisonnable précédant le
raisonnable et lui servant de substrat sans avoir été créé
par Dieu. La naissance de l'âme serait une simple pro-
duction de forme nouvelle ^ imposée par le Démiurge...
Il en serait de même pour l'âme humaine ^ Celle-ci
n'entrerait point tout entière dans le corps ; le vivant
posséderait de lui-même une âme déraisonnable, maté-
rielle et désordonnée, sans doute principe de vie, laquelle
1. Proclus, in Tim., III, 2^7, 12.
2. /rf.,I, 187 b; III, a34, 17 sq.
3. Ed. Phys.,l, 379; I, 375.
XXV
ne deviendrait ordonnée que par son union avec l'âme
raisonnable venue de l'extérieur ; et comme celle-ci
domine le tout, il en résulterait l'harmonie dans l'être
humain. Dès lors, faudrait-il attribuer l'immortalité à l'âme
entière ou seulement à l'intelligence ? Cette dernière hypo-
thèse serait seule logique, puisque l'esprit, ayant une ori-
gine différente de celle du corps vivant, pourrait reprendre
son existence séparée, au moment de la mort de l'homme.
Atticos est-il allé jusque-là ? et aurait-il subi l'influence
d'Aristote qu'il déteste .►^ Il est permis d'en douter, malgré
les affirmations de Proclus et de Stobée, car les passages
cités par Eusèbe contiennent une déclaration très nette
. que l'âme entière est immortelle et qu'elle est destinée à
une survivance personnelle.
Cependant nous pourrions nous demander à ce propos
si Atticos ne se serait pas contenté d'exposer dans ses
commentaires ce qu'il croit être l'opinion de Platon tout en
enseignant par ailleurs une doctrine personnelle différente
de celle de son maître. La question que nous venons
d'examiner nous porterait facilement à le supposer ; mais
nous n'avons pas de documents suffisants pour admettre
chez lui un tel dédoublement de pensée, surtout lorsqu'il
s'est proclamé le gardien fidèle de l'enseignement de
Platon. Tenons-nous en donc à son propre témoignage et
reconnaissons que pour lui, comme pour Platon, l'âme
entière est immortelle.
Les Idées.
L'âme, en tant que principe pensant,
a pour fonction la connaissance des
Idées. Si l'âme est antérieure au corps, si la science n'est
que réminiscence, les Idées sont des entités et existent
en tant qu'essences séparées des choses. Cette interpré-
tation de la doctrine de Platon a été contestée par cer-
tains critiques en Allemagne et en Angleterre, mais la
/
XXVI
XXVII
n
t
réalité spirituelle des Idées ou des formes a été démontrée
comme étant une opinion strictement platonicienne par
des savants autorisés comme Rivaud, Diès, Frutiger. Il
y a corrélation entre la nature des Idées et la nature de
l'âme, Texistence éternelle des âmes et la réalité immuable
des Idées. Atticos s'est rendu compte que cette notion
est véritablement la clef de voûte du système de Platon et
en affirme l'importance. Mais les Idées sont-elles distinctes
de ridée du Bien, véritable Dieu d'après Platon ? Notre
philosophe affirme qu'elles sont les pensées de Dieu, et
en fait ainsi l'objet de l'intellect divin. Est-ce bien là
l'opinion du chef de l'Académie? Il ne le semble pas.
Dans le Timée\ les Idées servent de modèles pour la
création de l'univers : elles constituent le vivant intelli-
gible, à l'image duquel sera formé le vivant sensible. Que
le Démiurge soit distinct seulement par abstraction du
modèle des choses, c'est possible, mais les Idées ne sont
point désignées comme les pensées de Dieu. D'après
Proclus ^, Atticos aurait seulement hésité pour savoir si
le Démiurge est inférieur ou supérieur à son modèle le
vivant intelligible, et il lui prête le raisonnement suivant :
« Il semble que s'il (le Démiurge) l'entourait (son modèle)
il ne serait pas parfait, car les vivants contingents sont
imparfaits, et pour cela les choses qui leur ressemblent de
près ne sont pas belles ; s'il ne l'entourait pas, l'être en
soi ne saisirait pas tous les intelligibles ». « Et dans son
embarras, ajoute Proclus, Atticos établit facilement que
le fait d'être démiurge était supérieur à celui d'avoir l'être
de soi». D'après ce témoignage, notre auteur aurait
donc seulement reconnu la supériorité de Dieu par rapport
au modèle de l'univers. Mais où donc a-t-il pris cette opi-
nion que les Idées sont les pensées de Dieu.î> Une telle
I. Tim., 28 a, 29 a-d.
a. In Tim., I, 43 1, a^ sq.
^ /
t
conception est déjà celle d'Albinos * ; celui-ci déclare, en
effet, que par rapport à Dieu, les Idées sont ses pensées,
par rapport à l'homme le premier intelligible, par rapport
à la matière la mesure, par rapport au monde les modèles
en soi des essences séparées. N'aurait-il pas subi égale-
ment l'influence de Philon qui avait distingué le 7.ocr{^.oç
V5YJTCÇ et le yiajAsç aitrÔTjTsç, les deux étant produits par
Dieu à des degrés différents : le créateur aurait pensé
son verbe comme paradigme de l'univers et l'aurait
ensuite réalisé dans les choses ? Toujours est-il que, sur ce
point encore, Atticos semble avoir dépassé la pensée de
Platon. Que celui-ci n'ait pas exposé nettement les rapports
qu'il y a entre le Démiurge et le vivant intelligible, c'est
possible, mais il n'a point déclaré que les Idées sont les pen-
sées de Dieu. L'erreur ne viendrait-elle point de ce que
notre auteur aurait identifié Dieu, le Démiurge et l'Idée du
Bien? C'est vraisemblable. Mais alors, que ce soit de lui-
même, ou sous l'influence d'auteurs qui avaient déjà
interprété en ce sens la doctrine du Timée, il aurait été
bien plus explicite que ne l'avait été Platon.
Toute philosophie comporte une
et \e bonheur. conception de la vie et le plus sou-
vent un plan d'organisation de l'exis-
tence humaine. Est-ce son unique but? Les anciens sys-
tèmes étaient avant tout spéculatifs et semblaient avoir
comme objet principal de résoudre les graves problèmes
de la connaissance, de la valeur de la science, de la
constitution du monde. Platon, il est vrai, s'était présenté
comme un réformateur social, moral, politique et reli-
gieux ; mais il restait la plupart du temps dans les hautes
spéculations purement théoriques, d'oii il tirait quelques
I. Frgt. 9.
il
XXVIII —
applications pratiques pour la conduite de la vie et Tad-
ministration de la cité. A partir du m* siècle av. J.-G.
la philosophie était devenue essentiellement pratique avec
Zenon, Epicure, Ghrysippe. Mais pour Platon et tous
les disciples de Socrate, les spéculations rationnelles ont
pour but de procurer la science, de guérir l'esprit de
l'erreur, et comme toute faute est d'abord ignorance, de
guérir par là même le cœur de ses passions. Notre plato-
nicien, en déclarant que la philosophie doit avoir unique-
ment pour but de procurer le bonheur aux hommes*, suit
la tradition stoïcienne, voire même l'opinion populaire
plutôt que l'enseignement de la primitive Académie.
Cependant, partant de ce principe, Atticos prétend
résumer toute la philosophie morale de Platon dans cette
formule " : « Le plus juste est le plus heureux ; la vertu
suffit par elle seule à assurer la félicité de l'homme ^ » La
formule se trouve, en effet, dans les ouvrages de Platon.
Celui-ci reconnaît que c'est dans l'âme même qu'il est
possible de trouver le bien, non point le bien en soi,
mais ce qui s'en rapproche le plus, c'est-à-dire l'ordre,
la mesure, l'harmonie, éléments qui constituent le bien*.
Or, la vertu est précisément une harmonie'^, une manière
d'être conforme à la raison^; elle en est la beauté, la
bonne santé', c'est la mesure*, la connaissance de la
justice^, la probité, l'honnêteté. « Dans l'âme, l'ordre et
l'harmonie s'appellent la discipline et la loi, qui font les
1. P. E. 79^ c.
2. Id., 794 d.
3. /îcp.. VIII, 5Ma ; id..IX,58ob.
4. PhiL, 61 a, 65 a.
5. PhiL, 64 e, Phédon, 98 c.
6. Phédon, 69 b.
7. Rép., IV, 444 d; Gorgias, 479 b, 5o4 c.
8. Phil, 64 e.
9. Rép., IV, 444 c.
»
>
XXIX
bons citoyens et les honnêtes gens ; c'est cela quî constitue
la justice et la sagesse». » La vertu ne s'enseigne point,
elle arrive par une influence divine à ceux en qui elle se
rencontre".
Par suite, nous ne devons point nous occuper des consé-
quences de nos actes, du moins de celles qui ne dépen-
dent point de nous, telles que la gloire, les honneurs, les
récompenses et les châtiments. « On peut être souffleté,
mutilé, volé, réduit en esclavage, c'est dommageable
pour l'auteur, beaucoup plus que pour la victime ^ »
L'homme qui a la possession pleine et entière du bien,
ininterrompue durant toute sa vie, n'a besoin d'aucune
autre chose, le bien lui suffit parfaitement, car il porte
en lui le vrai bonheur*.
L'homme vertueux possède donc en lui le Souverain
Bien. Cependant Platon admet que nous ne pouvons nous
passer du plaisir, et la science à elle seule ne saurait don-
ner le bonheur parfait : « Quelqu'un de nous voudrait-il
vivre ayant en partage toute la sagesse, l'intelligence, la
science qu'on puisse avoir, à condition qu'il ne ressentît
aucun plaisir, ni petit, ni grand, ni pareillement aucune
douleur, et qu'il n'éprouvât aucun sentiment de cette
nature''? » Non certes, car nous ne sommes pas des dieux,
et notre cœur a ses exigences. Aussi faut-il que le Sou-
verain Bien soit un heureux mélange de raison et de
plaisir, de plaisir et de science. Il n'y a point de bonheur
sans la vertu, mais il n'y a point de vertu sans bonheur,
car la vertu est ce qu'il y a de meilleur, et rend plus heu-
reux que le vice. Impossible qu'elle nous trompe: les
I. Gorg., 5o4 d.
3. Ménon, 70 a, 99 d.
3. Gorg., 468 c-d, 5o8 e ; Rép., X, 6ia e-6i3 a.
4. Rép., VI, 498e; X, 6iab-e.
5. PhiL, 21 d.
3
T, .-»'
■«.■i-vj*
i
— XXX —
dieux ne peuvent négliger* ceux qui s'efforcent de leur
ressembler ^ Encore est-il qu'ils doivent nous accorder
leur bienveillance et leur protection. Et, à y regarder de
près, notre bonheur ne dépend pas uniquement de nous.
Atticos le croit cependant. Mais lorsqu'il déclare que
son maître essaie d'élever les âmes vers les régions supé-
rieures du divin, de les persuader d'associer la vertu et
le bien, en méprisant tout le reste, que la morale a pour
but d'apprendre à se dégager de toute préoccupation
humaine, est-ce bien encore la pure doctrine de Platon?
Ne reproduit-il pas plutôt l'enseignement de Cléanthe,
pour qui la fin de l'homme, Tobjet de tout effort moral
est de retrouver en soi le divin, de s'associer à la tension,
à la raison séminale, à la Providence qui régit le monde,
en un mot de s'harmoniser avec le destin, Vti\j.y,p'iLvrr,. Il
insiste sur celte idée que la vertu à elle seule assure le
bonheur parfait ; mais n'est-ce point pour avoir été à
l'école de Ghrysippe tout autant, sinon plus, qu'à celle de
Platon ? Cette vertu austère qui a son but en elle-même,
est-elle bien différente de la tension d'une raison séminale
particuhère qui s'efforce de se mettre en harmonie avec
la raison universelle? C'est sans aucun doute chez les
Stoïciens qu'il a appris que l'homme doit rechercher
avant tout et uniquement la vertu, laquelle doit suffire, à
elle seule, à assurer le bonheur et la réalisation de la
justice. En un mot, Atticos expose la morale du Portique
tout autant et plus que celle de l'Académie.
Ainsi nous apparaît Atticos, disciple et commentateur
de Platon. Il reproduit au premier abord l'ensemble de
son enseignement, lui emprunte ses formules principales
et les énonce à son tour sans les expliquer ni les éclaircir.
De plus, il prend ses affirmations dans leur sens le plus
I. Phédon, 62d; Rip., X, 6i3d, 6i3e-6i4a.
a. Banquet, i8o b.
[il
XXXI
obvie, sans dégager les nuances d'une pensée souvent
subtile, qu'il faudrait chercher ailleurs que dans les
déclarations trop catégoriques. S'il se mêle de développer
la pensée de son maître, il a recours aux écoles voisines,
s'inspire de Plularque, des commentateurs qui l'ont
précédé, comme Albinos, ïauros, Sévère, de Philon et
surtout des Stoïciens. Telle est bien l'impression qui se
dégage des fragments de son œuvre, dans la mesure du
moins où la comparaison des textes nous permet des
rapprochements de doctrine.
Oserions-nous aller jusqu'à dire qu'Atticos a subi
l'influence du christianisme ? Sans doute il parle encore
des dieux, comme un tenant du paganisme, mais en
insistant sur le rôle de la divinité organisatrice et conser-
vatrice du monde, en proclamant contrairement à tant
de Platoniciens que l'univers a eu un commencement, bien
qu'il ne doive point finir, est-il seulement disciple de
Platon, de Chrysippe ou de Posidonius ? En affirmant
que les Idées, qui ont servi de modèles à la création, sont
les pensées de Dieu, n'annonce-t-il pas l'exemplarisme
divin d'un saint Augustin? De même, quand il soutient
avec vigueur la nécessité pour l'âme d'une immortalité
personnelle et totale, d'une Providence comme fonde-
ment et sauvegarde de la morale, ne laisse-t-il pas appa-
raître une conception de la vie toute différente de celle
des anciens philosophes ? L'hypothèse est impossible à
vérifier, car il n'est pas toujours facile de faire le départ
entre certaines notions platoniciennes et stoïciennes et
certains principes chrétiens, et il est difficile de démêler '
une telle influence au milieu de beaucoup d'autres.
Cependant, la chose n'est pas invraisemblable : nous
aurions là le motif pour lequel des auteurs chrétiens
comme Eusèbe, Philopon, yEnée de Gaza, Théodoret se
réclament d'Atticos ; n'auraient-ils pas reconnu en lui
*i
Il
II
il
I
. — XXXII —
l'un de leurs coreligionnaires ou du moins quelqu'un de
très favorable au christianisme, pour en avoir subi l'in-
fluence ? La chose serait d'autant plus intéressante à
savoir que nous aurions là un document de première
valeur, nous montrant qu'à ses origines l'enseignement
chrétien s'accommodait bien mieux avec le platonisme et
le stoïcisme qu'avec le système d'Arislote.
Ce qu'il y a de vrai, c'est qu'Atticos est bien le
commentateur, disons le professeur, qui, ayant sans doute
un cours à enseigner, une sorte de manuel imposé par
l'école, ne le développe point par des réflexions person-
nelles, mais l'éclairé par des ouvrages composés dans un
esprit tout autre, si bien qu'il finit par donner un ensei-
gnement assez différent de celui qu'il voulait ou croyait
faire ; tellement les affirmations qu'il met au compte de
Platon, et qui parfois sont discutables, sont mélangées
d'éléments d'origine diverse : Atticos est bien un modèle
de platonicien commentateur éclectique, vers la fin du
11* siècle après J.-G.
III
ATTICOS POLÉMISTE. ADVERSAIRE D'ARISTOTE
Atticos est aussi farouche adversaire d'Aristote que
partisan fanatique de Platon. Quelle est la cause d'une
telle hostilité, et ne serait-il pas permis de supposer qu'elle
est née de motifs tout autres que de raisons d'ordre
doctrinal ? Tauros, l'un de ses prédécesseurs, avait déjà
exposé les différences principales entre le système de
Platon et celui d'Aristote, mais sans attaquer celui-ci, du
moins qu'on le sache. Atticos ne se borne point à une
simple comparaison, mais se pose en ennemi déclaré du
Stagirite. Peut-être avait-il eu, en tant que chef d'école,
<
XXXTII
quelque démêlé avec les représentants d'une école rivale
de la sienne, car nous le voyons s'en prendre à certain
péripatéticien^, qui pourrait être un de ses contempo-
rains. Nous avons vu, en effet, que ces sortes de conflits
étaient à peu près inévitables entre les partisans de doc-
trines différentes dans l'Athènes disputeuse du n'' siècle.
Cependant nous ne connaissons point le nom de ce
péripatéticien et il est possible que ce ne soit qu'un
terme générique pour désigner Aristote lui-même avec
une certaine note d'ironie : d'ailleurs, qu'il s'agisse de
combattre un contemporain partisan d'Aristote ou sim-
plement Aristote en personne, la chose importe assez
peu, car l'attaque est dirigée contre l'école tout entière.
Sur certains points, Atticos se borne à signaler les dif-
férences entre l'enseignement de Platon et celui d'Aris-
tote : il constate ainsi que, pour le Stagirite, la lumière
n'est point produite par émission de matière ignée*, que
les astres ne décrivent qu'un seul mouvement autour de
la terre ^, que le lieu est une propriété des corps eux-
mêmes *, que les Idées n'ont aucune réaUté ^ ; notre
auteur ne s'arrête pas à discuter et n'esquisse pas même
un essai de réfutation. Il en est tout autrement quand il
s'agit des questions plus importantes en apparence, du
cinquième élément, de l'éternité du monde, de la Provi-
dence, de l'immortalité de l'âme et du Souverain Bien.
C'est dans la discussion de ces graves problèmes qu'At-
ticos se révèle à nous avec tous les caractères du polé-
miste, prêt à recourir aux procédés les plus divers pour
faire déprécier un adversaire.
1. P. E. 795 c, 8o4d.
2. Id., 8o6 c.
3. Id., 807 a.
4. Id., 808b.
5. Id., 8i6b.
^ « ■ I
w.:
l
Il
XXXIV —
Et que reproche -t-il donc à Aristote ? Tout naturelle-
ment de n'être pas du même avis que Platon ; il est telle-
ment fanatique de renseignement ou du moins de ce qu'il
croit être l'enseignement de Platon, qu'il ne conçoit pas
que l'on puisse avoir des opinions différentes des siennes.
Déjà en notant les différences de doctrine, il donne
évidemment tort au Stagirite et proclame qu'il est dans
l'erreur, sans essayer le moins du monde de le montrer*.
Imprégné des principes stoïciens, notre auteur exagère
même l'opposition entre les deux systèmes. Aristote
admet cinq éléments, mais est-il sur ce point très éloigné
de l'opinion de Platon ? Nous avons vu que ce n'est point
aussi évident qu'Atticos le prétend. Mais Chrysippe
n'admet que quatre corps primitifs ; voilà sans doute le
motif principal pour lequel le péripatéticien Ini semble se
tromper. Platon croyait-il vraiment que le monde a eu
un commencement et ne doit pas avoir de fm ? Atticos
oppose cette conception à celle d'Aristote pour critiquer
cette dernière. Il est vrai que le Stagirite avait le premier
violemment critiqué l'enseignement de Platon et démontré,
contrairement à la lettre du Timée, que l'univers est
éternel ; mais si les membres de l'Académie s'étaient à
peu près tous rangés à cette opinion, était-ce unique-
ment, comme le déclare notre auteur^, par peur d'Aris-
tote? D'autre part, où donc avait-on soutenu contre le
Stagirite que le monde, qui ne doit point périr, a cepen-
dant commencé d'exister, sinon dans les écoles stoïciennes
des trois siècles précédents et particulièrement dans celle
de Posidonius ^ ?
De même, y a-t-il opposition radicale entre Platon et
Aristote sur la question de l'immortalité de l'âme ? Nous
I. P. E. 806 csq.
3. ïd., 80a a.
3. De l'Origine et de l'Éternité du Monde, XII, p. 298.
t
XXXV
avons vu que, logiquement, Platon devait en venir à
admettre l'immortalité du seul principe pensant, et n'est-ce
point ce qu'Atticos reconnaît lui-même ? Sans entrer
dans les détails, nous pouvons dire qu' Aristote croyait à
la survivance, peut-être même à l'éternité de l'intellect.
Dès lors, en quoi s'éloigne-t-il tant de Platon ? Et l'on
peut se demander pourquoi Atticos lui cherche querelle
sur ce point. En somme, il ne veut reconnaître aucune
ressemblance entre les opinions des deux philosophes, et
sur les questions où ils semblent d'accord, comme
l'immortalité de l'esprit, il soutient que l'accord est
purement verbal, car les deux ne l'admettent point dans
le même sens*. A ses yeux, l'opposition est irréductible
et, selon sa comparaison^ empruntée à Homère, il n'y a
entre les deux aucune entente possible, pas plus qu'entre
les lions et les hommes, les loups et les agneaux. Lui
qui va accuser Aristote d'être un contradicteur systé-
matique et de parti pris, ne l'est-il point le premier dans
son acharnement à retrouver partout des oppositions ?
Le plus étrange, c'est de le voir après cela reprocher
aux partisans d'Aristote de ne point défendre et fortifier
l'enseignement de Platon l Une telle réflexion de sa part
nous semble vraiment de la naïveté puisqu'il reconnaît
qu' Aristote contredit perpétuellement Platon. Ce n'est
point l'habitude des représentants de doctrines aussi
opposées que l'est à ses yeux celle du Lycée par rapport
à celle de l'Académie, de défendre les idées de leurs
adversaires. Aveuglement de la part d'un platonicien qui
ne saurait comprendre que l'on puisse penser autrement
que lui-même et les membres de son école !
Dans un tel état d'esprit, Atticos n'est guère disposé à
1. P. E. 810C-811 a.
2. Id., 798 a.
3. Id., 795 c, 797 b, 799 a, 8o3b, 80^ d.
i)^
Sf^
XXXVI
discuter avec son adversaire ; il n'y a pour lui qu'un seul
argument auquel se ramènent à peu près tous les autres,
l'argument d'autorité. Le grand tort d'Aristote, la raison
capitale pour laquelle il est dans Terreur, c'est d'avoir
émis des opinions contraires a celles de Platon, ou du
moins de n'avoir pas professé la même doctrine que lui.
Il se trompe quand il affirme que la vertu ne suffit pas
au bonheur, parce que Platon déclare qu'elle suffit, quand
il reconnaît qu'il y a cinq éléments, parce que Platon
n'en admet que quatre. Aristote contredit Platon sur le
mouvement des astres, la théorie du lieu, la nature de la
lumière et les Idées, Aristote a tort : dès lors toute dis-
cussion serait bien inutile. C'est le magister dixit dans ce
qu'il a de plus intransigeant.
Qu'Atticos s'applique parfois à réfuter son adver-
saire, il met en œuvre tous les procédés du polémiste
vulgaire. Il suspecte d'abord la bonne foi du Stagirite.
Celui-ci contredit Platon, c'est du parti pris, car il n'avait
aucune raison de le faire : « Parmi les contradicteurs,
nombreux pourtant, qui ne sont pas d'accord avec Platon,
c'est lui qui est le plus acharné* ». « Il se pose en
contradicteur, persuadé qu'il faut culbuter toutes ses opi-
nions ^. » « Lui seul le premier se pose en contradic-
teur l » Il n'admet pas que l'âme sorte du corps, parce
que Platon l'admet, il force l'esprit à se séparer violem-
ment de l'âme, parce que Platon reconnaît que c'est
impossible *. Voilà bien le contradicteur systématique qui
contredit uniquement par principe et sans réflexion. Au
fond, il cherche à se distinguer, à se faire passer pour un
esprit original, et se donne ainsi des airs de supériorité''.
1. P. E. 794 c.
2. Id., 8o3 c.
3. Id., 809 c.
4. Id., 8n) d-8ii a.
5. Id., 8o5 b.
>::
< h È^
< ^,>
^ h>.
^ I*
XXXVII —
Et pourtant, dans la plupart des cas, il ne dit rien de
bien extraordinaire ! Il s'inspire souvent de Platon lui-
même, lui emprunte des affirmations, d'ailleurs mal
comprises, et présente comme une nouveauté, ce qui
n'est que du plagiat*. Aristote prétend qu'en plus des
quatre éléments reconnus par Platon il en existe un cin-
quième, d'une nature privilégiée, immuable, éternel,
vraiment divin ; une telle notion n'est qu'une grossière
transposition. Il a lu dans Platon qu'il existe une essence
intellectuelle en elle-même, incorporelle, incolore, intan-
gible, sans naissance ni corruption, sans changement ni
transformation ; puis que les corps célestes sont impas-
sibles et indestructibles ; il réunit ces deux notions qui
ne s'accordent point et le voilà inventeur d'une belle
trouvaille, alors qu'il n'est qu'un mauvais plagiaire, un
plagiaire dénué de bon sens, puisqu'il accole ensemble
deux conceptions absolument contradictoires. Aristote
n'en était point là, et peut-être n'avait-il eu qu'à suivre
simplement l'enseignement de Platon lui-même. Notre
philosophe n'a pas l'air de s'en douter. Ce qui est certain,
c'est qu' Aristote était obligé, par sa manière de concevoir
la constitution de l'univers, d'admettre l'existence d'un
élément totalement différent des quatre autres ; il lui
fallait, en effet, pour expliquer le mouvement du premier
ciel, qui pour lui est éternel, sans autre changement
possible que la révolution circulaire, admettre une matière
qui ne puisse s'altérer ni se transformer. L'éther, qui n'a
pas de contraire et n'est soumis qu'au mouvement local,
réalise parfaitement cette condition et explique par là-
même l'éternité du premier ciel. La confusion grossière,
qu'Atticos attribue à Aristote, ne serait-elle pas son propre
fait, car il n'y a rien dans le système péripatéticien qui
I. P. E. 8o5c-d.
1
Ai4
/
XXXVIII
iî
t
puisse autoriser un pareil reproche. Le polémiste aurait
donc usé d'un procédé déloyal pour déprécier son adver-
saire, et c'est lui qui serait vraiment de mauvaise foi :
une telle méthode, employée consciemment ou inconsciem-
ment, est bien de tous les temps.
Mais voici qu'Atticos semble discuter à fond la doc-
trine d'Aristote. Celui-ci a dit : « Tout ce qui est
né doit périr et tout ce qui ne doit point périr n'a pas
pas eu de commencement'. » Ce dilemme redoutable,
qui semble avoir effrayé les disciples de Platon, n'est
point de nature à faire peur à notre auteur. Aussi, le
voilà qui s'acharne à montrer que la position de son
adversaire n'est pas irréductible. Pour cela, il a recours
à des comparaisons ^ banales, vulgaires, tout au plus
comme il le dirait lui-même, à la portée des enfants et
des femmes. Aristole prétend que tout ce qui est né doit
périr ! Voyez donc autour de vous. Les objets faits de
main d'homme durent autant que le veut leur auteur et
continuent d'exister même apiès la disparition de leur
producteur. Gomment oser dire que la volonté divine n'a
pas autant de pouvoir que la volonté humaine .» Atticos
ne s'aperçoit pas que la question est plus compliquée
qu'il ne le croit, car l'éternité ou la non-éternité du
monde dépend de l'idée que l'on se fait de la divinité
Tandis que Platon attribuait à son Démiurge une per-
sonnalité douée d'une volonté libre, Aristote concevait
son premier moteur comme un être de raison, pure intel-
ligence, sans aucune volonté, pensée de pensée qui
domine toute chose, vers laquelle l'univers aspire, qui ne
le produit point et même l'ignore : c'est bien là le fond
du différend. Atticos ne s'en soucie guère, son auditoire
et lui-même n'ont probablement plus le goût ni le sens
i. Oe Coeto, I, 281 b 26, 282a 3i, etc.
2. P. E. 8o3 a-b.
XXXIX
♦I
o i ►
*'>
4)
/)
0.
de ces hautes spéculations métaphysiques et il se dérobe
par un argument qui frappe peut-être Timagination mais
ne prouve point. On ne saurait, en effet, comparer un
travail humain quelconque avec cette œuvre immense,
au-dessus de toute puissance humaine, qu'est l'univers,
avec son ciel, ses astres fixes, ses planètes et la terre qui
en occupe le centre. A moins d'admettre que ce qui est
vrai pour une infime partie peut être vrai également
pour le tout ; dès lors, ce serait simplement recourir à un
argument d'origine stoïcienne. Et de quel droit comparer
l'activité productrice de Dieu avec le pouvoir créateur de
l'homme? Platon s'en était bien gardé et même avait
marqué entre les deux une difierence profonde*. Du
moment qu'il s'agit d'attaquer son adversaire, Atticos
feint d'ignorer l'enseignement de celui dont il se croit
l'interprète.
C'est par un procédé semblable qu'il va essayer de
réfuter la notion du cinquième élément. L'éther est un
corps, et tout corps doit tomber sous les sens ; les
données sensibles, spécialement celles du toucher, qui
fournit les qualités premières de résistance et de pesan-
teur, sont le seul critérium de l'existence d'un corps ^.
Or, voici un prétendu corps qui n'est l'objet d'aucune
sensation, qui n'est ni léger ni pesant, ni dur ni mou,
ni clair ni dense, ni chaud ni froid ; il ne peut être saisi
par le tact, ce ne peut être un corps, et si l'on veut
soutenir que c'est un corps, il faut avouer que c'est un
corps incorporel ^ L'éther n'a donc aucune réalité et l'on
ne saurait en admettre l'existence. L'argument fait encore
appel au gros bon sens populaire ; il étonnera sans doute
le vulgaire et le convaincra, tout en montrant que
1. Soph., 265 c-e.
2. P. E. 8o^d-8o5a-b.
3. Id., 8o5 a.
%»^
^4
i
I
4M^
tu
(/
4
il.
XL
Tadversaire déraisonne : cela suffit aux yeux d'Atticos.
La notion de cinquième élément est contraire au sens
commun, c'est une véritable contradiction, une absur-
dité ; notre polémiste ne se contente pas de ce mode d'ar-
gument, il en connaît un autre usité chez les polémistes
de tous les temps, et qui consiste à tirer d'une théorie
les conséquences les plus ridicules ou tout au moins dan-
gereuses et funestes, par un ensemble de déductions
étranges: n'est-ce point même la méthode qu'il préfère?
Aristote avait placé le Souverain Bien dans la per-
fection^; il avait reconnu, en même temps, que l'homme
qui s'applique à réaliser cette perfection est heureux
d'une joie intérieure, car l'acte fait par vertu entraîne
comme conséquence le plaisir inséparable de l'action. La
vertu apporte donc le bonheur, un bonheur qui ne vient
point du hasard, qui n'est point conféré uniquement par
les dieux-, mais que l'homme se procure par ses efforts
personnels. Sans doute nous passons par bien des vicis-
situdes^, nous sommes successivement heureux et mal-
heureux. Qu'importe, « ce sont les actes de vertu qui
seuls décident souverainement du bonheur, seuls les
actes et la pratique de la vertu sont stables. Lliomme
qui a la vertu est vraiment heureux, car il pratique et
considère ce qui est conforme à la vertu... L'homme
vertueux, parce qu'il est honnête, ne sera jamais mal-
heureux... vînt-il à tomber en des malheurs semblables
à ceux de Priam » *. Le vrai bonheur ne dépend point
des circonstances extérieures et la vertu donne l'eùBaiixc-
vav, la ;j.a7.ap'.sTy;Ta, c'est-à-dire la félicité qui résulte du
bien vivre et du bien agir Sur ce point, Aristote semble
I. Eth. Nie, I, 1098 a 7 sq.
a. Id., I, 1099 b 12-18.
3. Id., I, iioo a 5.
4. Id., iioo a 8.
^
é
— Xlî —
rejoindre Platon, en proclamant l'indifférence de la vertu
par rapport aux avantages ou aux malheurs extérieurs,
et la réalisation complète du bonheur par la seule vertu.
Cependant, parvenu à cette hauteur, le Stagirite se
rappelle, comme Platon, que l'homme n'est point un pur
esprit, que le corps a ses exigences et ses besoins impla-
cables, que le cœur réclame aussi la satisfaction de ses
tendances ; aussi n'hésite-t-il pas à déclarer * « que, pour
jouir d'un bonheur parfait, l'homme doit avoir des amis,
des richesses, une certaine noblesse de naissance, la
beauté, et même une certaine stabilité dans le bonheur,
avec la santé du corps, et la nourriture suffisante. »
Faut-il de grandes ressources? Ce n'est pas nécessaire.
Solon disait avec raison : « Les gens heureux sont ceux
qui, médiocrement pourvus de biens extérieurs, savent
faire les plus nobles actions et vivre avec sagesse.!»^
Tant de conditions ne dépendent plus de la volonté ni
de la raison humaines, et c'est aux dieux d'accorder ces
avantages. N'est-ce pas sur eux également que Platon se
reposait pour obtenir ces biens? Et Aristote croit que les
dieux ne peuvent manquer de combler de leurs bienfaits
ceux qui pratiquent la vertu ^.
Platon et Aristote ont donc bien placé le Souverain
Bien dans la vertu; mais, pour le premier, celle-ci est
innée dans l'homme, elle est un don gratuit des dieux
et, par suite, elle tient ses prérogatives de Zeus lui-même ;
pour le second, elle est acquise par un effort constant de
la raison et de la volonté, lesquelles peuvent tout aussi
bien s'appliquer à acquérir la gloire, la santé, la beauté.
Atticos ne remarque point que les deux conceptions sont
assez voisines ; il ne retient rien de la morale d' Aristote,
I. Eth. Nie, I, 1099 a i5 sq.
a. Id.. X, 1179 a il sq.
3. Id., 1179a 23-32 et b aa.
i-
*>
^/
?• i
m
k:l^
— XLII —
Sinon qu^en définitive la vertu ne sufBt pas à nous pro-
curer le bonheur*. Voilà une affirmation dangereuse qui
aboutit à ruiner la morale elle-même. Déclarer aux jeunes
gens que la vertu ne peut procurer à elle seule le bon-
heur, que, pour y parvenir, elle doit être associée à la
richesse, à la beauté, à la naissance noble, n'est-ce point
les encourager par là même à chercher d'abord ces
biens accessoires? Si la vertu ne vaut pas mieux que la
richesse, la gloire, la naissance, la santé, ce qu'Aristote
n'a point dit, pourquoi ne pas essayer d'acquérir au plus
tôt ces biens qui satisfont plus rapidement notre sensi-
bilité.3 Dès lors c'est la ruine de la vertu. On aura beau
mettre celle-ci au-dessus des autres biens, du moment
qu'elle a besoin d'avantages secondaires pour procurer la
félicité, elle n'est plus la fin unique de la vie morale, qui
par là-même manque de principe et de fondement ; et il
n'y a plus qu'à faire du plaisir le but de l'activité
humaine.
Admettons même que la vertu soit associée un jour au
bonheur I Comme ce bonheur dépend de beaucoup d'au-
tres circonstances extérieures, il ne peut être que pas-
sager. « Plus facilement que les feuilles, il naît et dis-
paraît, sans même attendre le cycle de l'année. Ce n'est
point dans la même année, ni dans le même mois, mais
dans le même jour, dans la même heure qu'il naît et
disparaît » -. Pour un bonheur aussi éphémère, qui donc
voudrait faire des efforts continus et des sacrifices aussi
pénibles que ceux qu'exige la pratique de la vertu ? Le
I. Théodoret, Cur. Graec. AjJ., XII, Sa, p. 3i3, 3. « Aristote
avait coutume de dire que Ton n'est pas heureux sans la santé du
corps et l'abondance des biens extérieurs, sans lesquels la vertu ne
sert à rien. C'est ce qu'a montré clairement le platonicien Atticos
dans ses écrits contre Aristote. »
3. P. E. 796 d.
4,
i
XLllI
commun des hommes abandonnera la recherche de la
perfection pour le plaisir et tous ses agréments*.
Atticos a bien senti que la doctrine morale d'Aristote
était trop élevée pour le vulgaire et qu'elle ne pouvait
avoir prise sur les âmes ordinaires. Par conséquent, elle
ruine la morale tout entière et conduit finalement à l'im-
moralité, tout en ayant pour but d'organiser la vie
humaine : les conséquences de cette formule, « la vertu
ne suffit pas à procurer le bonheur par elle-même, » mon-
trent l'inanité de tout le système.
Il y a dans la philosophie d'Aristote deux autres
conceptions qui contribuent, aux yeux de notre auteur, à
ruiner toute morale. Le Stagirite rejette, en effet, son
Dieu en dehors du monde, probablement au delà de la
sphère ultime des étoiles fixes. Son premier moteur est
cause et principe de l'univers, mais il ne le connaît pas.
Evidemment il peut le connaître en lui-même, en tant que
cause finale de toutes choses, mais peut-il atteindre les
choses contingentes ? Absorbé dans la contemplation de
son essence, il ne semble point devoir s'abaisser vers le
monde des êtres imparfaits. Dieu n'intervient pas dans
l'organisation de l'univers. Les choses célestes, dit Atticos,
sont régies par le destin ^ ce qui n'est point d'Aristote,
mais plutôt l'opinion des Stoïciens; pour les êtres
sublunaires, c'est la nature, pour les choses humaines,
c'est la prudence et la réflexion. D'après Atticos, Aristote
n'admet point l'immortalité de l'âme, du moins au sens
où l'entendait Platon: erreur grave et, de plus, dangereuse.
Sans entrer dans les détails de cette importante question,
I. Com. an. à la Morale à Nie. In Arist. Graeca, XX, p. a48,
18. Aspasios parle des Platoniciens, parmi lesquels Atticos, qui ont
attaqué la morale d'Aristote et montré que, d'après lui, la justice est
sans utilité.
a. P. E. 8i4 b.
i
>1
V i
Il
ni
■ I
ni
1
XLIV
ce qui nous entraînerait trop loin de notre sujet, nous
savons que le Stagirite se sépare nettement de son maître
sur la manière de concevoir la nature de Pâme. Il la
regarde en effet, comme une substance, si Ton veut,
mais seulement en tant que forme substantielle; incor-
porelle, immatérielle, elle ne peut habiter dans un corps
quelconque*, elle est seulement Tactualisalion d'une puis-
sance de vie qui réside déjà dans un corps organisé, elle
est Tentéléchie première d'un corps où la vie est en puis-
sance-, Pacte et la forme essentielle de ce qui possède le
pouvoir d'être teP. Si on la distingue des corps, ce n'est
que par abstraction, car les formes n'ont pas d'existence
séparée, et en fait on ne peut les séparer de l'organisme.
L'âme comporte bien trois fonctions, végétative, sensitive,
intellectuelle, mais ces fonctions ne sont point des entités
séparées ni superposées, ce sont les trois degrés d'une
hiérarchie dans laquelle les éléments inférieurs peuvent
exister seuls, tandis que l'existence des éléments supé-
rieurs nécessite toujours l'existence des inférieurs \ En
tant que spirituelle, l'âme est de nature' et d'origine sur-
naturelles '\ car elle pense et conçoit, et ce qui tient de la
matière ne saurait ni abstraire ni généraliser; elle existe
avant le corps, elle n'est pas née, ni créée, elle vient du
dehors' comme une étrangère, elle pense sans organe,
n'a aucune influence sur le corps et ne peut en subir une
influence quelconque. Semblable au premier moteur qui
dirige l'univers tout en restant en dehors de lui, l'âme
spirituelle est transcendante au corps, elle meut sans être
1. De An., I, ^07 b 13.
3. Id., 4i2 a 27.
3. Id., 41/4 a a5.
4. Id., II, ^82 a 22.
5. Id., III, 43ob 25.
6. Id., ^29 a 24.
7. De Gen. an., II, 786 b 27.
^ I ^
Ai
i^
XLV —
mue; impassible, sans mélange, essentiellement en acte*,
elle ne peut logiquement être atteinte par la mort qui
dissout l'organisme. Elle survit donc à la destruction de
notre corps, et cela sans subir la moindre altération.
« Une fois séparé, l'intellect est seulement ce qu'il est, et
cela seul est éternel et immortel » ^ Mais alors Tesprit
garde-t-il sa personnalité individuelle? Aristote n'a jamais
donné de réponse bien nette à cette question. Il semble-
rait que l'âme réduite à un pur intellect devrait aller
s'abîmer dans l'universel d'où elle est sortie, et jouir sim-
plement d'une immortaUté inconsciente, comme certains
textes nous porteraient à le croire'. Aristote refusait-il
d'admettre toute espèce d'immortahté personnelle.^ Grave
problème qui a donné lieu à de longues et terribles dis-
cussions. Atticos le résout sans hésiter: Aristote n'admet
point la survivance de l'âme tout entière et, par suite, sup-
prime toute espèce d'immortalité personnelle. Et de
même que sa théorie sur la nature de l'âme amena
le péripatéticien Dicéarque à nier l'existence de tout
principe pensant distinct de la matière*, sa conception
sur le sort de l'âme après la mort conduit aux pires
1. De an., III 43o a 17.
2. Id., 43o a 20.
3. Aristote déclare, en effet (De an., I, 4o8 b aS sq.) : « Quant à
la pensée discursive, à l'amour, à la haine, ce ne sont point des
modes de l'inteUect, mais du sujet qui le possède ; c'est pourquoi,
lorsque le sujet est détruit, l'intellect n'a plus ni souvenir, ni
amitiés. Ce n'est pas à lui, en effet, qu'appartiennent ces états, mais
à l'ensemble qui a péri. • Et ce texte célèbre (De an., III, 43o a
23 sq.) : « (Après la mort ?) nous n'avons point souvenir de notre
existence antérieure, parce que ce qui subsiste ainsi est impassible,
tandis que l'intellect passible est périssable et que sans lui l'individu
ne pense rien. » Sur le sens de cette phrase cf. Rodier (Corn, au
De an., 43o a 23) qui reproduit les différentes interprétations données
et conclut qu'après la mort l'intellect perd le souvenir de l'identité
personnelle.
4. P. E. 810 a.
•7
w
W i
V
XLVl —
conséquences'. Les partisans d'Aristote ne croient point
à l'intervention de la Providence dans le monde, ni à la
vie future ; dès lors, quelle sauvegarde peut-il y avoir
pour la morale ? L'homme qui ne se soucie pas des dieux,
pas plus que ceux-ci ne s'occupent de lui, qui est persuadé
qu'après sa mort il tombe dans le néant, va bientôt s'aban-
donner à ses tendances mauvaises et devenir l'esclave de
ses passions-. Tout le monde sait bien qu'il est possible
d'échapper à la justice terrestre, la crainte des sanctions
humaines est impuissante à nous arrêter sur la pente du
mal, seule la crainte des sanctions divines en serait capable :
s'il n'y a plus lieu de les redouter, pourquoi s'appliquer
à pratiquer la vertu plutôt que de rechercher le plaisir, et
le plaisir le plus proche ?
Mais n'est-ce point mettre Aristote au même rang
qu'Epicure^? Celui-ci assignait comme demeure aux
dieux une sorte d'intermonde où ils vivaient heureux
sans se soucier des affaires humaines, en dehors de l'uni-
vers qui ne peut être leur œuvre : c'était leur donner au
moins une sorte de loge au théâtre d'où ils peuvent assis-
ter impuissants à un drame perpétuel. Au fond, Epicure
ne croyait point à l'existence des dieux, mais avait gardé
cependant les traditions populaires à leur sujet. Aristote
est aussi athée et même plus athée qu'Epicure*. Nous
savons pourtant qu'il était profondément religieux et
qu'il avait élaboré son système de l'éternité du ciel, des
astres et de l'univers, pour rendre ses croyances plus
conformes à la raison. Atticos reconnaît son attitude res-
pectueuse, mais pour la qualifier, ou à peu près, d'hypo-
crisie. Le Stagirite rejette la divinité en dehors de l'uni-
1. P. E. 799 a-b.
a. Id.
3. Id., 799 d sq.
4. Id.y 8oo b-c.
\W
XLVll —
vers après avoir déclaré qu'il n'existe rien au delà du
premier ciel : il est donc purement et simplement athée *.
Une fois de plus, notre auteur n'a pas osé s'attaquer de
front à des opinions solidement établies, il lui a paru plus
efficace pour les réfuter d'en tirer certaines conséquences,
peut-être logiques, mais qu'Aristole était bien loin d'ad-
mettre ^
La polémique ininterrompue ne tarde pas à dégénérer,
le ton s'élève, on en vient aux qualificatifs malsonnants
et même aux insultes. C'est le cas pour notre Atticos. Il
déclare qu'Aristote a une morale grossière, des opinions
mesquines et viles, des idées vulgaires et triviales, bonnes
tout au plus pour des jeunes gens niais et des femmes
sans esprit ^ Ce savant, qui se prétend minutieux obser-
vateur de la nature, s'est laissé tromper par ses sens* et
commet des erreurs grossières : c'est qu'il s'abandonne à
son imagination, à sa folle ambition, et à ses préjugés.
Comme s'il ne devait pas, en tant que greffier de la nature,
se contenter d'en décrire et d'en analyser les lois, sans
vouloir lui en imposer de sa propre autorité^. Oh l'ex-
cellent homme qui ne comprend peut-être pas tout ce
qu'il dit«, qui divise, subdivise", s'amuse comme l'on
dirait à couper un cheveu en quatre, et se perd dans un
vain bavardage!
é
I. P. E. 8oo d.
a. Ce raisonnement d'Atlicos a été repris par un polémiste chrétien
du VI- siècle, Théodoret (Curât, graec. Affect., VI, 58, p. i68, i5) ;
« Parce que la perversité des hommes sera augmentée du fait de ne
pas croire que la Providence maintient l'univers dans l'ordre, le
platonicien Atticos s'écrie : « La négation de la Providence conduit
tout droit à l'injustice. »
3. P. E. 795 d.
4. Id., 807 a-b.
5. Id., 8o4 c-d.
6. Id., 810 d.
7. Id., 797 c-d.
114
â
^4>
XLVIli —
Pour jeter le ridicule sur son adversaire, Atlicos
emploie à son endroit des comparaisons parfois bles-
santes. Âristote est par rapport à Platon comme le renard
qui du fond de la vallée regarde les petits aiglons perchés
sur la pointe d'un rocher* : il voudrait bien les atteindre,
et le Stagirite égaler son maître : que ce renard astucieux
attende que les ailes lui aient poussé et que les plumes
lui recouvrent le corps ! Passe encore pour le renard,
car, après tout, l'animal est sympathique, mais voici
qu'Aristote avec sa morale du Souverain Bien et son
mépris des dieux, ressemble à ce médecin -, qui, du vivant
de son malade, ne se soucie point de lui appliquer un
remède salutaire, puis, une fois la mort survenue, se
vante d avoir trouvé un moyen de rendre la santé au
défunt. N'est-ce point stupide? Qu'une question embar-
rassante se présente, le Stagirite, incapable de la résoudre,
s'arrange de manière à l'embrouiller comme à plaisir,
semblable ace mollusque de nos côtes, la seiche^, qui
pour se défendre d'un adversaire puissant et inévitable,
émet au-dessus d'elle un liquide noirâtre et se dérobe. La
comparaison est d'autant plus blessante, que l'image est
empruntée à Aristote lui-même. Et tout ceci n'a qu'un
but : faire rire d'un adversaire, car l'homme dont on rit
est pour longtemps discrédité. Et le Péripatéticien le
mérite bien, car, au fond, ce n'est qu'un vaniteux inintel-
ligent, un hypocrite, un fourbe, un athée, un mauvais
plagiaire, un faux savant : tels sont, en effet, les qualifi-
catifs qui résumeraient à peu près le jugement d'Atticos
sur son adversaire.
Et encore, s'il justifiait ses assertions, le lecteur pour-
rait en discuter la valeur! mais il ne n'en soucie pas le
I. P. E. 795 a-b.
a. Id., 799 c.
3. Id., 810 d.
XLIX —
moins du monde ; il se contente d'affirmer avec vigueur
sur un ton qui n'admet pas de réphque, et quand il
devrait raisonner, s'esquive souvent en lançant une insulte
ou une boutade.
Voilà bien le polémiste au sens le plus disgracieux du
mot. Ne jurant que par Platon, cet homme, qui a de sa
valeur une très haute opinion, ne s'aperçoit pas qu'il
tombe dans l'erreur et donne des interprétations fausses
de l'enseignement de son maître. Mais surtout, il a l'es-
prit étroit, ce qui le rend hargneux, injuste, persifleur,
intransigeant jusqu'à la violence; et il se taille un triom-
phe facile en essayant de tourner son adversaire en ridicule,
ou en lui décochant des épithètes malsonnantes et des
comparaisons blessantes. Chez Atticos, la polémique ne
s'élève guère au-dessus de la querelle, inspirée par une
véritable passion de dénigrement.
IV
L'ÉCRIVAIN
Atticos emploie le grec commun. A peine relève-t-on
dans les fragments de son œuvre quelques termes qui lui
sont propres, tels que ab'otxd, ai»To:j.Y3v{, «piXoTTAortovaç,
des mots d'origine récente, comme zxfjiacùeuç, iTueiaxpt-
v6[i.evoç, ou qui ont un air de vétusté, comme SiBa-j"
[/.aia et àpKTTOTeyvYjç. Il fait un usage fréquent du mot
at'peŒiç dans le sens de doctrine philosophique, ce qui
n'est plus le sens classique ; il répète à plaisir le mot
lb^\t,2, mais avec le sens d'opinion comme dans les
dialogues de Platon. C'est, d'ailleurs, à celui-ci qu'il
emprunte la plupart de ses tournures, ainsi qu'à Aristote
et aux Stoïciens. Mais, dans l'ensemble, sa langue n'a
plus la précision ni la vigueur de la belle prose classique.
li
J/
II
r;
'
I
H
Elle est familière, et plus proche de celle de Plutarque
que de celle du fondateur de l'Académie. C'est pour cela
qu'on y trouve une grande abondance de particules dont
un certain nombre sont à peu près inutiles.
Dans la mesure oii nous pouvons nous en rendre
compte, la composition n'est pas toujours des plus claires ;
l'auteur se répète, rabâche même, a l'air à chaque
moment de finir sa discussion, qui recommence et se pro-
longe en des longueurs. Telle est surtout l'impression
produite par le chapitre qui traite du bonheur et de la
vertu. Après avoir déclaré que la question du Souverain
Bien est capitale en philosophie, Atticos dit que, sur bien
des points, Platon et Aristote sont en désaccord, et spécia-
lement sur la question de la vertu ; puis il affirme que la
doctrine du péripatéticien est incapable de conduire les
jeunes gens à la pratique du bien, car elle met la vertu
au même rang que les richesses ; le bonheur qui dépend
de tant de circonstances extérieures peut varier rapide-
ment ; c'est une occasion de donner une classification des
biens. L'auteur revient aux différences entre Platon et
Aristote, attaque ce dernier et termine en déclarant
qu'entre les deux il n'y a pas d'entente possible. Tout cela
est long, traînant, embrouillé ; arrivé à la fin du chapitre,
le lecteur n'a guère pu retenir qu'une chose : Aristote est
dans l'erreur, et il a une morale grossière. Cinq longues
pages n'étaient pas nécessaires pour le dire sans le prouver.
La phrase est parfois lourde, peu claire et peu cor-
recte. Lorsque l'auteur disserte, analyse ou résume, il le
fait pesamment, sèchement, et non sans une certaine
monotonie. Ici et là, il interrompt son développement
pour faire des citations, empruntées à Pindare ou à
Homère, et plus ou moins bien appropriées au passage*.
I. Cf. 795 a, 796 a et d, 798 a et d, 806 a, etc.
LI
Est-ce pédantisme, à peu près inévitable chez un pro-
fesseur? Peut-être. Cependant Atticos fait songer davan-
tage à l'écolier, dont la mémoire est remplie de textes
d'auteurs classiques, et qui saisit le moindre prétexte
pour étaler ses connaissances. A moins que ce ne soit un
moyen de soulager l'attention de l'auditeur ou du lecteur :
Plutarque n'avait-il pas écrit au début du n* siècle un
livre sur la « manière de lire les poètes », où il présentait
assez agréablement des citations d'auteurs anciens? Il
n'en est pas moins vrai que ces citations nous font
aujourd'hui l'effet de remplissage, bon tout au plus pour
allonger le développement ou suppléer au manque
d'inspiration.
Deux ou trois fois, l'auteur se laisse emporter par sa
haine d' Aristote ; il prend alors un ton âpre, même dans
l'emploi de ses images et de ses métaphores. Au cours
de sa carrière de professeur et de chef d'école, Atticos dut
rencontrer souvent des auditeurs qui ne partageaient
point sa manière de voir, n'admettaient point les idées
de Platon ou osaient se déclarer partisans d' Aristote. Le
voici qui vient d'exposer une doctrine qui n'a pas recueilli
l'approbation unanime, et il nous semble l'entendre
prendre à partie son interlocuteur. « Et toi, Péripaté-
ticien, comment donneras- tu un enseignement aussi
élevé que le mien.^ Gomment guideras-tu vers le même
idéal les amis de Platon? Oii donc se trouve dans ta
doctrine un langage capable de nous montrer le chemin
du ciel? Gomment vas-tu instruire la jeunesse et la
pousser à la vertu? Ce n'est point certainement avec les
enseignements d'Aristote^ » Et, fort des arguments de
Platon, il s'écrie : « Je t'autorise même à mentir si, cela
te fait plaisir, pourvu que ce soit pour nous dire quelque
I. P. E. 795 c-d.
4>
fî^ai ■
"i i
\l')
r i
#1
M
ni
LIÎ
chose de solide. » « Mais non, je ne le crains point, car
avec ta formation, tu en es bien incapable. » Puis il se
fait ergoteur, recourt à l'ironie, prend en pitié son adver-
saire, l'accuse de mauvaise foi ; enfin, à bout d'arguments
fatigué peut-être de parler, et se rendant compte que
malgré son ardeur il n'a pas réussi à convaincre, il laisse
entendre à son interlocuteur qu'il ne sait point raisonner
ou même qu'il ne comprend rien.
Atticos est donc bien le commentateur qui résume son
auteur, le cite de temps en temps, développe rarement sa
pensée, en même temps le polémiste qui attaque vigou-
reusement son adversaire et l'insulte au besoin. Le polé-
miste, par son allure vivante et même dramatique, enlève
heureusement ce que le commentateur aurait de trop
monotone ou de trop didactique, et laisse finalement
1 impression d'un style parlé où les gaucheries et les répé-
titions paraissent presque naturelles.
TEXTE. MANUSCRITS. ÉDITIONS.
Les seuls textes que nous possédions d'Atticos nous
ont été conservés par Eusèbe dans son important ouvrage
de la Préparation Evangélique. Ils forment dans les édi-
tions modernes un chapitre du livre XI et sept du
livre XV. Le premier est probablement tiré d'un commen-
taire aux Catégories', car un platonicien du ii« siècle
commente parfois les ouvrages d'Aristote tout aussi bien
que ceux de Platon. Les derniers sont extraits à peu près
sûrement des commentaires dont parle Porphyre \ sans
doute d'un commentaire au Timée, sorte de résumé de
la doctrine de Platon, à moins que ce ne soit d'un traité
K
I
^
^
LUI
composé spécialement pour réfuter les points principaux
du système d'Aristote.
On sait avec quelle précision* Eusèbe présente dans
son livre les nombreuses citations qui donnent à son
ouvrage un intérêt tout particulier et sont de précieux
documents pour la connaissance d'un grand nombre
d'auteurs de l'antiquité : il indique les ouvrages auxquels
il emprunte ses extraits, renseigne sur les passages d'où
ils sont tirés et analyse les pages qui précèdent. C'est
bien ainsi qu'il procède pour les fragments d'Atticos : il
prend soin de les annoncer en mentionnant le nom de
l'auteur \ ou en rappelant qu'il l'a déjà nommé anté-
rieurement ^ Le plus souvent, il termine sa citation par
des formules comme celle-ci : u Ainsi parle Atticos » \
S'il omet un passage qui ne lui semble pas convenir à
son sujet, il en fait mention en ces termes : « Et après
d'autres choses, il ajoute^ )),ou bien : ce Et un peu plus
loin^ », selon la longueur de la coupure.
Nous sommes donc renseignés très exactement pour un
bon nombre de passages, tels ceux qui traitent du Sou-
verain Bien et du Bonheur, du cinquième élément, du
mouvement des astres. A la fin du chapitre ix% le
compilateur cite, à la suite du texte d'Atticos, des pas-
sages de Plotin et de Porphyre, puis, sans nous avertir,
revient à notre commentateur, et termine le chapitre xni«
par la formule habituelle : « Ainsi parle Atticos » et
ajoute cette déclaration : « Il nous eût été facile de donner
des citations plus étendues de cet auteur. » Ceci nous
1. Cf. Valkenaer, Eusebii CaesariensU opéra. Praef., p. xviii.
2. XI, 2 j XV, 4.
3. XV, 5, xoîî 8r)Xfo6évTo;.
4. Toiauxa ô 'Atxtxoç, XV, 5 et 8, in fine, xauTa ah oFÔs XV
8, xotauxa ô 'Axtixd;, XV, i3, in fine,
5. XV, 4.
6. XV, 5.
\
<^i
M
■
(
I
LÏV
montre qn'Eusèbe avait bien entre les mains les ouvrages
d'Atlicos et qu'il cite des textes authentiques. Le chapitre
précédent, parle style elles idées, donne aussi Timpres-
sion d'être du même auteur; aussi, nous le lui avons
attribué, conformément d'ailleurs à l'opinion unanime
des copistes.
Eusèbe composa son livre environ un siècle et demi
après notre auteur et nous pouvons donc admettre sans
hésitation l'authenticité de ses extraits. Elle nous est
confirmée par un auteur du vi« siècle, Jean Philopon,
qui, en 629, dans son ouvrage fort prolixe, De l'éternité
du Monde contre Proclus, fait appel à l'interprétation
d'Atticos pour affirmer que, d'après Platon, le monde a
commencé ; et faisant allusion sans doute à ses commen-
taires, il ajoute : a Nos maîtres en ont donné de longs
extraits dans leurs propres écrits, dont Eusèbe de
Gésarée* » ; c'est pourquoi il juge inopportun de les repro-
duire lui-même.
Quelques années auparavant, Proclus ^ dans son
commentaire au Timée. cite plusieurs fois les opinions
d'Atticos. Au VI* siècle, .^née de Gaza' en fait mention
en son Théophraste, et Simplicius^ en son commentaire
aux Catégories. Théodoret ' cite son nom par deux fois à
propos de la Providence et de la Vertu. Enfin, Stobée «
rappelle ses opinions sur la nature de l'âme. Gependant
tous ces auteurs se contentent de résumer son enseigne-
1. Ed. II. Rabe, VI, an, i5; 606, 17.
2. Ed. Dichl, I, 3o5, 6 ; III, 2/17, 12 ; III, 28^ ,7 ; I, 20, 21 ;
97, 3i ; 272, , ; 276, 3i ; 283, 27, etc.
3. Ed. Boissonnade, p. 53.
4. Loc. cit. De même dans le Commentaire anonyme de la Morale
à Nicomaque, in ArisL Graeca, XX, 248, 17 sq. ; Scol. in ArisL
Syrianus. m 892 b 3.
5. Car. graec. AjJecL, VI, 58, p. 118, i5 ; XIII, 52, p. 3f3.
6. Ed. Phy., ï, 375-379. ' ^
4 i
4 lià^
— LV
ment ou de faire appel à son autorité comme interprète
de Platon, mais aucun d'eux ne cite intégralement un
passage quelconque de son œuvre. Se réfèrent-ils eux
aussi, comme Philopon, aux extraits conservés par Eusèbe.î>
c'est possible. Gependant des païens comme Proclus et
Simpliclus ne devaient point connaître la Préparation
Evangéligue, ou, s'ils la connaissaient, ils ne pouvaient
guère y renvoyer leurs lecteurs ; d'autre part, les opi-
nions qu'ils rapportent comme étant d'Atticos ne
concordent pas toujours avec celles que nous font connaître
les passages d'Eusèbe : ce qui est plus évident encore
pour les affirmations de Stobée. Admettons, si l'on veut,
que tous ces auteurs avaient encore à leur disposition
d'autres ouvrages de notre auteur, c'est fort probable.
Toujours est-il qu'actuellement nous sommes réduits à
ne connaître d'Atticos que les passages contenus dans la
Préparation Evangéligue.
Le livre d'Eusèbe nous est parvenu dans un nombre
assez considérable de manuscrits, pour la plupart de date
assez récente. Les plus anciens, qui sont du xi« siècle, le
45 1 A de la Bibliothèque Nationale, et le 343 H de la
bibliothèque Saint-Marc à Venise, ne contiennent que
les cinq premiers livres : le Moyen âge semble avoir peu
connu ou même ignoré l'ouvrage \ Nous n'y trouvons
donc point les fragments d'Atticos. Le Parisinus B. 405
est du xni« siècle, mais d'une rédaction fort défectueuse,
avec des lacunes qui s'étendent parfois sur un chapitre
entier. Les trois autres exemplaires conservés à la Biblio-
thèque Nationale, G. 466, D. 467, E. 468 datent, le
premier du xiv« siècle, les deux autres du xv« siècle : ils
I. Molinior. Sources de l'histoire de France, I, p. 36. « La Praepa-
ratio Evangelica et la Demonstratio Evangelica d'Eusèbe sont des
ouvrages de polémique et d'apologie cpie le Moven âge n'a point
connus. » * ^
* 1
i
*<éi
Il
)\
/^i
— LVI —
sont beaucoup plus complets et plus exacts que le B. 465:
aussi, ont-ils été publiés plusieurs fois par les différents
éditeurs de la Préparation Evangélique. Nous pouvons en
dire autant du Manuscrit d'OxJord édité par Gaisford.
Les Florentins G. 34 1 et F. i343, du xiv* et du xv« siècle,
le Venetas T. 3/ii du xv% ont été également utilisés. Il
ne semble pas en avoir été de même pour le Bononiensis
0. i643, copié au xm* par Nicéphore et d'une rédaction
excellente. C'est à celui-ci que nous avons emprunté
notre texte en grande partie. La Bibliothèque Vaticane
contient également quatre exemplaires de date récente et
sans grand intérêt: le Vaticanus graecus i3o3 L. porte
sur les marges des annotations et analyses en latin,
d'ailleurs sans importance pour l'explication du texte ; il
doit provenir de la même source que VUrbinas graecus
6 M, car ils présentent tous les deux les mêmes variantes.
Les Ottohoniens 266 N. et 266 P. sont de la même
famille que le Parisinas 468 et le Venetas 34 1. Tous
datent du xv«-xvi« siècle et n'offrent guère d'intérêt.
Enfin, nous avons trouvé des manuscrits spéciaux,
contenant les extraits d'Atticos, preuve que l'on a pensé,
il y a déjà longtemps, à en faire un ouvrage à part. Ce
sont : le Parisinas, supp. Gr. 907, du xv* siècle, le
Parisinas 1730, qui contient seulement le chapitre xiu
sur les idées, au milieu d'autres compilations du
XV* siècle. Le f" ii,5 de VEscuriaL p. 200 v. à 207 r.
contient notre texte intercalé entre un discours de César
et quelques questions de Plutarque. La rédaction comparée
avec celle de l'édition Gaisford offre quelques variantes
relevées par E. Miller, p. 11 8- 126 de son catalogue des
manuscrits grecs de VEscuriaL Toutes ces copies sont
tirées des manuscrits grecs de la Préparation Evangé-
géllque et probablement du Parisinas 465 ou d'un exem-
plaire similaire, car elles reproduisent certaines omissions.
< I f
4 m^
— LVII —
particulièrement celle du chapitre vi du livre XV. Cepen-
dant elles ont été faites avec soin et présentent des
corrections importantes qui nous ont été fort utiles.
Nous n'avons pu consulter l'exemplaire de Naples
(xvi« siècle) ni celui de la bibliothèque du marquis de
Rosembo, dont la précieuse collection a été dispersée
pendant la guerre.
Les différentes éditions et traductions de la Prépara-
tion Evangéhque sont assez connues pour qu'il nous
suffise de les mentionner dans notre index bibliogra-
phique. Les textes d'Atticos ont été publiés par Mullach
dans ses tragmenta philosophorum graecoram, tome III,
avec traduction latine et quelques notes ; il n'en existe
point d'autre édition, du moins que nous le sachions.
Après les nombreuses éditions de l'ouvrage d'Eusèbe,
nous n'avons point la prétention de fournir des fragments
d'Atticos une édition foncièrement originale ; nous
n'avons pas eu besoin d'y introduire des variantes d'une
grande importance ou d'y faire des remaniements pro-
fonds. Les modifications portent la plupart du temps
sur des points de détail : en un seul endroit, un change-
ment de substantif transforme complètement le sens et
la portée du passage'.
Pour la traduction, nous nous sommes appliqué à
rendre le plus exactement possible le sens du texte grec,
en sacrifiant parfois l'élégance à la précision ; si quelques
phrases paraissent embrouillées ou confuses, qu'on veuille
bien en faire retomber la faute sur Atticos lui-même
autant que sur son traducteur. Certains passages nous
ont même paru impossibles à rendre, si bien qu'il a fallu
suppléer à un texte trop concis ou à une pensée trop
vague.
1. P. E. XV, 7, 8o5c.
^y
//
■f
(fi
LVIII
Nous espérons cependant que celte édition suffira pour
faire connaître un auteur, sans grande originalité, il faut
bien le reconnaître, mais qui jouit à son époque et dans
les siècles suivants d'une assez grande réputation. Bien
que chef d'école, ce ne fut qu'un commentateur, disons
si l'on veut, un professeur de Platonisme, à l'époque de
Marc-Aurèle. Fervent disciple de Platon, en un siècle où
Aristote dominait à peu près toute la pensée philoso-
phique, il a interprété la doctrine de son maître et
combattu avec chaleur, sinon avec beaucoup d'intelli-
gence, les enseignements péripatéticiens sur Téternité du
nionde et le Souverain Bien, affirmé sa foi dans l'existence
d'une Providence nécessaire pour gouverner le monde, et
défendu sa croyance à l'immortalité de l'âme et à la vie
future. A cette époque assez peu connue, où se produisit
une véritable renaissance de la littérature et de l'ancienne
philosophie grecques, Atticos nous fournit l'un des
exemples les plus remarquables d'un premier essai de
scolastique pour qui l'argument décisif en toute discus •
sion est déjà : magister dixit. Mais le maître pour lui
c'est le divin Platon, l'inspiré des dieux, le créateur de
la philosophie, le rénovateur de la piété et de la morale à
Athènes, celui qui le premier sut réconcilier la science et
la religion. Parler d'Atticos, c'est encore parler de Platon,
et cela seul, était un motif suffisant pour essayer de le
faire connaître.
1
MANUSCRITS
Praeparatio Evangelica.
B 465 Parisinus, xiii« siècle.
C 466 id. xiv« siècle.
I> 467 id. récent.
E 468 id. id.
F i343 Florentinus, xv^ siècle.
G i344 id. xiv« siècle.
I 34 1 Venetus, xv* siècle.
L i3o3 Vaticanus, xv^ siècle.
M 6 Urb. Graecus, xv« siècle.
N 265 Ottoboniensis, xvi« siècle.
3643 Bononiensis, xiii« siècle.
Atticos.
X 907 Sup. Parisinus, xvi'' siècle.
Y 1739 id. id. xv« siècle.
Z F" 1 1 ,5 Escurial, xvi« siècle.
Itîî
If
h
I
BIBLIOGRAPHIE
I. ÉDITIONS QUI ONT SERVI A L'ÉTABLISSEMENT DU TEXTE.
MuLLACH, Fragmenta philosophorum graecorum, Paris, 1887,
tome III, p. 182 et sq.
EusÈBE, Praeparatio Evangelica, éd. Robert Estienne, Paris,
i544 ; id., Paris, i58i, avec notes manuscrites de Huet;
éd. Yigier, avec traduction latine et index, 2 vol., Paris,
1628 ; éd. Heinischen, avec notes de Vigier, 2 vol., Paris,
1842-1843; éd. Gaisford, 4 vol., Oxford, i843; éd.
Migne, Pairologie grecque, tomes XX-XXI, Paris, i843 ;
éd. Dmdorf, Teubner, Leipzig, 1867- 1871 ; éd. Gifford,
4 vol., Oxford, 1906.
a TR..DUCTION DE LA PRÉPARATION ÉV ANGÉLIQUE.
Latine, par Georges de Trébizonde, Paris, i542.
Id. par Jean Dadrée, Paris, i58i.
Id. par Carreau et Guillon (coll. Migne), Paris, i83o.
Française, par Séguier de Saint- Brisson, Paris, 1842.
3. AUTEURS ANCIENS QUI ONT FAIT MENTION D'ATTICOS.
Porphyre, Vie de Plotin, éd. Mùller, Berlin, 1878.
SiMPLicius, In Caiegorias, Commentaria in Aristotelem Graeca,
éd. de Berl. VIH.
Commentaire anonyme à la morale à Nicomaque, éd. de l'Ac.
de Berlin, X\.
EusÈBE, Chroniques, t'd. Schône, 2 vol., Berlin, 1866-1875.
Proclus, In Platonis Timaeum commentaria, éd. E. Diehl,
3 vol., Leipzig, 1 890-1 901.
Philopon, De Aeternitate Mundi contra Proclam, éd. Rabe
Leipzig, 1904.
LXI —
Theodoret, Curalio graecarum affeciionum, éd. J. Raeder,
Leipzig, 1904.
Stobée, Eclogae physicae, éd. Wachsmuth, 2 voL, Berlin
1884.
Suidas, Lexicon, éd. Bernhardy, 2 voL, Halle, 1 835-1 855.
H. PRINCIPAUX AUTEURS CONSULTÉS.
Platon, éd. Didot, Teubner, Burnet, les volumes parus dans
la collection Budé, Ast. Lexicon platonicum, 4 vol., Leipzig,
i835-i838.
Aristote, éd. de l'Académie de Berlin. Avec index de Bonitz.
Stoîcorum veterum fragmenta, éd. J. ab Arnim, 3 vol. avec
index, Leipzig, 1903 et sq.
Speusippe, Fragmenta, éd. Lang, Bonn, 191 1.
Xénocrate, Fragmenta, éd. Heinze, Leipzig, 1892.
Philon, De Aeternitate Mundi, éd. Fr. Cumont, Berlin, 1891.
Plutarque, Moralia, éd. Bernardakis, Leipzig, 1886- 1896.
Albinos, éd. Diels, Berliner Klassiker texte, Heft 2, XXVIL
Hermès Trismégiste, éd. Ménard, Paris, i858.
Id. éd. J. Kroll. Munster, 1914.
5. AUTEURS MODERNES».
Apelt 0., Zu Plutarch und Plato, lena, 1905.
Baeumker Kl., Zum Platoniker Tauros, Jahrb. f. kl. Philol
(1887), 388 sq.
Bénard, L'Esthétique d'Aristote, Paris, 1889.
Bergson, Quid Aristoteles de loco senserit, Paris, 1889.
Berthelot, Evoluiionnisme et Platonisme, Paris, 1908.
Carrau L., Etudes sur les preuves du Phédon de Platon, en
faveur de l'immortalité de l'âme humaine, séances de l'Ac.
des Sciences morales, 128 (1887), 5o-i20.
Cazac H.-P., Polémique d'Aristote contre la théorie platoni-
cienne des Idées extrait du Bulletin de la Société acadé-
mique des Hautes-Pyrénées, Tarbes, 1889.
Elfes, Aristotelis doctrina de mente humana ex commenta-
riorum graecorum sententiis eruta, Bonn, 1887.
I . Nous ajoutons seulement quelques noms à la bibliographie plus
complète donnée à la fin de notre ouvrage sur Le problème de
V Origine et de V Éternité du Monde.
k I
V» V
;
. 7 ■
LXII
Favre (M'"^ J.), La morale d'Aristoie, Paris, 1889.
Faye E. de, La Christologie des Pères apologètes grecs et la
philosophie religieuse de Pluiarque, Paris, 1889.
Fouillée A., Esthétique, morale et religion platoniciennes,
3® éd., Paris, 1900.
Freudenthal J., Hellenische Studien, Heft I et II. Alexander
Polyhistor, Eusehius als exceptor, Breslau, 1875.
Frjsch, De compositione libri platarchei qui inscribitur : Tcepl
"IcriSiç xat 'OfftpiBoç, Leipzig, 1907.
GiESEN K., De Plutarchi contra Stoïcos disputationibus, Philos.
Monatsh., 1889.
Gillet, Du fondement intellectuel de la morale d'Aristote,
Fribourg, 1905.
GooDwiN W.. Plato^s and Aristotle's doctrines of the immortality
ofthe soûl, The Platonist, 3 (1887), 606-610.
Gréard, De la morale de Plutarque. 6« éd., Paris, 1902.
Hartmann J.-J., De Plutarcho scriptore et philosopho, Lyon,
1906.
Kaufmann N., Philosophie naturelle d*Aristote, Élude sur la
cause finale et son importance, traduit de l'allemand par
A.-E. Deiber, Paris, 1899.
Krause h., Studia neoplatonica, Leipzig, 1904.
Lackeit Conr., Aion, Zeit und Ewigkeit in Sprache und Reli-
gion der Griechen, Koenigsberg, 1916.
Latzarus, Idées religieuses de Plutarque, Paris, 1921.
Leisegang, Die Begriffe der Zeit und Emgkeit im spàteren
Platonismus, Munster, 1913.
Lévesque, Les mythes et les légendes de VInde et de la Perse
dans Aristote, Paris, 1880.
Martin Th.-H., Theonis Smyrnei liber de astronomia, Paris,
1849.
Matter, Sur Vécole d'Alexandrie, Paris, i843-i845.
Meinere Aug., Kritische Blàtter (Atticus bei Eusehius, P. E. '
XV).
Nicolas, La réaction païenne et le rationalisme dans la seconde
moitié du premier siècle de l'ère chrétienne, Paris, i858.
NiGGETiET Fr., De Cornelio Labeone, Munster, 1908.
Nourrisson J. -F., De la liberté et du hasard. Essai sur
Alexandre d'Aphrodisée, suivi du traité du destin et du
pouvoir, traduit en français, Paris, 1870.
Ollé-Lavrxjke, De Aristoteleaeeihicesfundamento, Paris, 1880.
\ m^
— lxiii
Pauly-Wissova-Kroll, Realenzyclopaedie der Altertumswis^
senschaft.
Pelagaud, CeUe et la première escarmouche entre la philosophie
antique et le christianisme naissant, Lyon, 1878.
ReinhardtK., De Graecorum theologia capita duo. Berlin
1910.
RoHDE Erw., Psyché, trad. Reymond, Paris, 1928.
Sachs E., Die fûnf platonischen Kôrper, Berlin, 1017
ScHAEFERs A De Porphyrii in Platonis Timaeo commentario,
Bonn, 1868. *
Simon J., Histoire de l'Ecole d'Alexandrie, Paris, 1 846-1 85 1
SouRY J., Théories naturalistes du monde et de la vie dans
l antiquité, Paris, 1881.
StocklA., Die Ideenlehre und Schôpfungstheorie bei Plato
Aristoteles und dem heiligen Thomas, Der Katholik. U
Jahrg. 2 (i884), i-3o, ii3-i34.
SwiTALSKi, Der Chalcidius Kommentar zu Platos Timaeus
Munster, 1904. '
Tylor Primitive culture. Researches in to the development of
mythology, philosophy, religion, language, 2 vol., 5« éd
Londres, 191 3. ' •»
Waddington, De la psychologie d'Aristote, Paris, 1848
Whittaker, The neoplatonists. A study in the history of Hel-
lenismus, Cambridge, 1901.
'/.
a
.t
l'i
I
Vigier
508 d
509
Eusèbe. P. E. XI (5o8cl-5ioa).
I [1. Eîç Tpta SisXdvTo; lAspiri tou riXattovo? tôv ;ravTa t^ç ©iXoao-
9taç Xdyov, £fç çuctxdv, rjOtxo'v, Xoytxdv, six* au jrûtXiv xdv çuatxov ^te-
XojAsvou, eI'ç te Tr]v twv at'aerjTcov Geo^pt'av xaî x^v xwv àawfjiaxtov
xaxavdrjatv. Cette division se trouve aussi chez les Hébreux.
2. ripwxov 8s xwv 'E6pattov €rtcxo;:T;aai, 07faw 8è xà âpioxovxa
nXaxwvc ârô xôîv xà aùxou Tzpsaeeudvxwv, wv 'Axxixôç Siaçavr); àvTjp
ttov^ nXaxwvtxtov «piXoadçojv wSÉ jrr) xà Soxouvxa x^i àv8pt StéÇetatv,
èv oiç t'axaxat 7:pdç xoù? otà xwv 'AptaxoxÉXou; xà FlXocxtovo; Gîctayvou-
(AEVOUÇ.]
b II 1 Tptxfj ToCvuv ôiaLpounévT]ç xfjç IvteXoOç <|)iXoao-
<f>faç, eïç TE TÔV ]^8lkôv RaXcû^ievov t6ttov Kal tôv (f>uaiKÔv
Kttl Iti tôv XoyLKÔv, Kal toO ^lèv TTpci>Tou KaTaaKEudt2;ovToç
/jlicâv iKaaTov KaXôv Kal àyaSév, Kal toùç oïkouç bXouç eIç
TÔ SpioTov lTiavop8oOvToç, fjSri ôè Kal Sf^^ov aii^noLvioL 5
C TToXlTEta Tfî SLa(|)EpOt3aT] Kal VÔIIOIÇ TOÎÇ écKpiÔEaTàTOLÇ
KOatloOvTOÇ, ToO ÔEUTépOU 8è TTpôÇ Tl^jV TTEpl TÔV BEtoV
yvôaiv 8i/)KovToç, aÔTÔv te tôv TipcûTov Kal tôv aÎTCwv
Kal TÔV atXXov, »aa ek toi3t«v ytvETai, 5 h^ TiEpl <})tiaECôç
IcTOpCaV ô nXàTOV àvônaKEV 2 eIç Se T^JV TTEpl TOÛTOV lO
àticjjoTépcûv ÔidiKpLatv TE Kal EÔpEQiv, ToO Tp(Tou TTapaXa-
BoiiÉvou, »Ti nèv nXdtTCûv TtpÔToç Kal n^XiGTa auvayECpaç
eIç £v, TtdcvTa Ta Tfîç <|)LXoao(f)£aç ^kp^, tÉcûç laKESaaiiéva
Kal ôlEppi^léva ÔOTTEp Ta ToO nEv8£(0Ç ^éXt], KaSdcTTEp EÎTté
d TLÇ, aôiidc Ti Kal 2;Çov ôXÔKXtipov àTCÉ<|>Tive ti^v <f)tXoao(|>£av, i5
ôf^Xa TiavTl XEyôiiEva. 3 Oôte yàp ol TTEpl ©aXfjv Kal
'Ava^HiévTiv Kal 'Ava^ayôpav, Kal ôaoL KaTà toOto ysyô-
vaat ToyiToiç àyvooOvTat TTEpl ti6vTiv tî>)v ÔTrèp Tf]ç (î)t3aEQ<;
8 xa? afxt'wv B || g èx xo^xou y^cxai I || lo wvd^xaxsv B omet jusqu'à
oxt {Aàv nXaxwv II i8 iyvoouvxai B ...cm. jus Zïivwv 8e xat.
I . La division tripartite de la philosophie est surtout l'œuvre des
Stoïciens, qui furent les grands logiciens de la philosophie ancienne :
< m^
s|>
f
LES DIVISIONS DE LA PHILOSOPHIE SELON PLATON
L;ensemble de la philosophie se divise donc en trois
parties S savoir: l'éthique, la physique, et la logique La
vertueux, d ordonner complètement nos maisons dans l'ordre
le meilleur, ains, que d'organiser le peuple entier par un
conduit à la connaissance des choses divines, des causes nre
iistoire de la nature. Les moyens de parvenir à l'internré-
tation et à la découverte de. deux premières fait iSde
la troisième partie. Platon le premier, et supérieurem nt !
ramené à 1 unité toutes les parties de la philosophrZu'à
ui dispersées, et jetées çà et là, comme lis meml 'iX
hee ^ de manière, on l'a dit, à faire apparaître la philosophe
comme un corps et un vivant parfait : ce qui est év^d nt^ p^^^^^^^
tout le monde. . . Ce ne fut point, en effet, l'œuvre des iL'ès
Z cel 17'"^' "' ''' ""^^^^^-^ "^ '^ ^-- ^^^s
"1^'' "^'"''''^ ^•" ^'^ «-* q-'il« s'occupèrent uniquement
a. Penlhee, petit-fils de Cadmos et roi H^ Tkk
l'introduction du culte de DionTsos dans son ' ""^'^'^ *
Agave, égarée par le dieu, u^uZlslnp^^^ZZl '"'^'r'
Bacchantes, d'Euripide. '^ ' ^® *"J®* ^«s
3. Thaïes et Anaximandre furent ^n t^ir^t j« ui .
cien.. Anaxagore s'occupa ausrde C fol 'tit S! r^'" ^""''^
son grand mérite est d'avoir I» • °'^""'"°" <"« ' univers, mai»
intelUgence dan, l'orga Jsau'on d 77' "T ''•'"«"«°«°° ^'-e
leçons^danssaJeunercrDlVo;':::..'""'' "^"' '""' '"
ii|;i
j
')
'J
/';
k
Tôv SvTCûv OKÉvpLV SiaxpiipavTEÇ* oô ^ifjv oôSè riiTTaKèç Kttl
n£p(av5poç Kal Z6Xcov Kal AuKoOpyoç Kal ol TrapaTiX^aioi 20
ToÛTOiç XavSdvoual Tivaç ti?|v aÔTÔv ({>LXoao(]>(av sic TtoXi-
TE£av KaTaeévTeç. Zi^vwv 8è Kal -nav t6 'EXeutik^v toOto
SiSaaKttXEtov Kal aôxô yvci^pi^iov ânl xfj xé^vr) xôv Xôyov
510 iiàXtoxa OTTouSàaav. 4 Toùxolç Se Ittiyevôjaevoç flXàxtov,
àvi?|p Ik <J>ùaEcoç àpXLXEXi?|c; Kal noXù oTa ôiEVEyKclûv, Kaxà- 25
TiEiiTixoç 6ç àXT]8cù<; Ik Seûv, ïv* ôX6kXtipo<; Ô<î>8fi f\ IC
aôxoO <f)iXoao<|)£a, napf^Ké xe oôSèv Kal ^Kaaxa f^Kp(6cûaE,
jifjXE IXXeCttov TTpàç x6 àvayKaîov ^ii^xe TTp6ç x6 ôc)(pr|axov
e^eve)(9eC<;. 'EtteI xotvuv rtàvxov l<{>a^EV (lEXEtvai xÇ
nXaxwvLKÔ Kal <j)uaioXoyoOvxL Kal TTEpl f\8o5v Xéyovxi Kal 3o
SLaXEyo^iévcp, <|)épE KaB' iKaaxov lTTiaKEv)j<iû^E8a. [TaOxa
jièv h 'AxxLKÔç.]
a a xal ;:av 16 xoioijxov SiÔaoxaXeïov B || 26 noXù ôtsveyxwv oîa
DEFO II 3o xat çuatoXoyouvT'. om. DFGK.
de 1 étude de la nature ; ce ne fut point non plus de l'œuvre
de Pittacos, n. de Périandre, ni de Solon, ni de Lycurgue»
n. de leurs successeurs, car nul n'ignore qu'ils consacrLni
leur philosophie à la politique. Zenon et toute l'école éléate ^
est surtout connu pour s'être appliqué spécialement à l'étude
de 1 art oratoire. Leur successeur, Platon, homme d'un génie
parfait et de beaucoup supérieur, on pourrait dire en vérité
qu 11 fut envoyé des dieux pour faire briller la philosophie
dans toute sa perfection, n'omit rien, mit chaque chose à
point sans rien retrancher d'essentiel, sans rien ajouter
d mutile Puis donc, comme nous l'avons dit, qu'il appartient
au disciple de Platon de connaître toute chose en dissertant
sur la nature, en traitant des mœurs et en donnant les règles
de la dialectique, abordons l'examen de chacune des parties.
Mylilene et Solon le législateur d'Athènes étaient du nombre des
«ept sages auquel on joignit aussi plus Urd le nom de PériTnd«
a. L école eleate n'enseigna point la rhétorique, mais traita son»
^ '
if
« i i
■f
M
'i
»
/,
fli
i'
4
Eusèbe. P. E. XV (79^ c-798 b).
III [Mwaéwç xat twv Tcap* 'E6patot$ ;:poçr)Twv téXoç etvai xou
jAaxapiwç î;t|v ttjv tou twv oXwv Ôeou yvwat'v is xat çtXtav 8t* eùaeSgtaç
auvTeXou{ilvr)v GnoOsjxévtov, eùaiSeiàv ts sTvai àXTjÔ^ 5t8aÇavTwv Ty)v
794 8tà ::a(jy)ç àpeTTjç tw ôeô 6Ùap£(jTr,(jtv (tauTTjv yàp elvai xtov aya^oiv
ahi(xy, ïnl |xdvw yoip x^i ôetS ta Tïavxa xeiaôat xat rcap' auTou xà
TCavxa xoiç 6so(ptXéat yopyiyeitjeat) xou lIXaxtovoç xà auvtoSà xouxotç
ôpiCojAÊVou xat xéXoç eù8at(xovtaç xt)v àpexrjv aTcoçpatvojASvou, xyjv éxepav
ôSeuaaç ô 'AptaxoxiXiQç oùx aXXwç eùàatfjiovà xtva çrjatv eaeaÔat ^ xat
8tà x^ç xou (joSfxaxoç e'j;ra0£taç xat xyjç xôîv èxxôç ::€ptouaiaç, wv aveu
(XT)8è xy)v àpexTjv w^eXeiv. IIpôç ov o;:ri>ç èvEaxTjaav StetJ/suajxsvyjv aùxou
b xrjy u;:oXri'|tv à;:6X£Y)(^ovxeî o( IlXaxojvoç Yvwpt{xoi ;:ap6axt {xaBeiv 8tà
xouxwv.]
794 c ^^ * "'"fl<î Y*P <yvtiTTàaT)ç <})iAoao<|)ta<;, Koivfj Yvcî)^!?^
TÔv <|)iXooo<|)T)aAvTG)v, Tf|v àv9pcùntvTiv EÔSaijjiovtav ôm-
oxvounévT^ç, Tpixfj Se SiaipoujiévTiç ««'^à xfjv tôv SXov
TTOlT]TLKf)V ÔiavÉtiT^GlV, TOCoOtOV àTTOÔÉCÙV Iv TOtJxOLÇ TOO
SlSAaKELV Tl TÔV nXàTCOVOÇ ô nEpiTTaTT^TlK6ç Ô<ï)6l«|CTETai, 5
ôaxE, ttXei6vcùv Svtcov oï Sia<|)£povTai PIXAtcûvi, jidtXicTa
IvavTioûtiEvoç aÔTÔc; <J>avEÎTai. 2 T6 npôx^v yc àTT6
ToO KOLVoO Kal jiEytaTou Kal KupioTÀTOu Tf|v TTp6ç nX<4-
Tova TTapaXXayi^v âTToi/|aaTo jif) Tr|p/|aa<; t6 jiéxpov Tflç
d EÔSa^iovlaç, ^iT^ôè Tf|v àpETfjv aôxdtpKT] -npiç toOto auyxo- 10
p/|aaç, àXX' àîioXiaSàv xfjç Suvé^Ecx; xfjç Kaxà t^v
àpETi^v, Kal i^yriaàjiEvoç aÔTfj iipoah^lv tôv Ik xf^ç T^XH^î»
tva jiETà TotiTcov IXr| Tfjv EÔSaniovtav eI 8' Itt* aôxf^ç
XTi<|)6Etr|, 6c; àS\!»vaTov Kal oôk I<|)ikt6v Tif)v EÔÔaniovtav
^lEtllpàjlEVOÇ. j5
3 T6 jièv oSv àyEvvèç Kal SiT^^apTruiÉvov Tf)c; yvcbjiT^ç
3 9tXoaoçyi{xàx(ov El || 3 xûv om. 1 1| 4 xoaouxov à;ro8£ov El : om. Iv El
Il 5 8t8aax£iv xtç xc5v a>ç Ilfiptraxrix... EIN jj 7 Kai Tzpwxov
BGDEFGIKOMiNZ : aùxôç çatv^xat BGDMNO || i3 ^izk xoùxfov
om. IN : Ef 8' èç' £«uxr)ç BI || i4 T^ç ey8at{xoviaç BGDEFGIKMNO
16 ouv om. B II 17 xe om. Z.
< I â^
II
DE LA VERTU ET DU BONHEUR
La philosophie tout entière, de l'avis commun des philo-
sophes, a pour but de procurer le bonheur aux hommes, et
se divise en trois parties par une distinction naturelle des
choses. Or, en ces matières, le Péripatéticien est à première
vue tellement loin d'enseigner quelque chose des idées de
Platon, que, parmi les contradicteurs, nombreux pourtant,
qui ne sont pas d'accord avec Platon, c'est lui qui se mon-
trera l'adversaire le plus acharné.
La première fois, c'est sur la question la plus générale, la
plus étendue, la plus capitale, qu'il a opéré son revirement
contre Platon : il ne garde point la condition du bonheur,
et il ne convient pas que la vertu soit suffisante à cet effet,
mais il rabaisse le pouvoir que confère la vertu, il croit que
celle-ci a besoin des avantages de la fortune, pour pouvoir
avec eux accéder au bonheur ; qu'elle soit réduite à elle-
même, il lui reproche son impuissance et son incapacité à
conduire au bonheur.
Ce qu'il y a de vil et d'erroné dans sa manière de voir
^ 10. Platon, Dc/.^ 4i3 c : auxàpxYiç npoç, £Ù8at{xovtav; 4i3 a : Suvautç
aùxapxyjç 7:p6ç xô £u Çfjv. L'expression est aussi dans Aristote, Éik,
Nie., X, 1097 b 8 : xo x^eiov àyaGov aî»xapx£ç, mais elle est surtout
stoïcienne, v. g.; Zenon, Arn., 1, 46, 33 : aùxa'pxriç ^ ipexr) izoàç
£Ù8ai(iov^avj I, 46, 37: d ^ àpEXT) auxapxrjç npàç eùSatjxoviàv ;
I, 86, 38 : £u8at{Aovta âaxtv rj x^ç «j'u^^ kpezt].
1 3 et 32. Aristote a énoncé plusieurs fois cette idée. Cf. Eth. Nie,
I, 1096 a I, 1099 a 3i, iioi a 6, i5, 22 ; VII, ii53 b 17 ; x'
1178 a 23, H78b33.
i4. Èçixxôv employé dans un sens actif semble exiger Paccusatif
comme l'indiquent X et Z.
\T
1
I
, V
f
' ^ 1
,/
795
a5
3o
<v T0ÛT9 TE kS„ xoîç SXXotç oô ToO TiapivToç aciKvOvoc,
K«tpoO- iKcîvo «è oV«t np68nXov, «xt toO c.ottoO k«1 xflç
=u8a.(,ovt«ç oÔK ïacov ïvtov oô8â -côv «ôtûv .„à nxi-
Tov„ ,„i ,„à •Ap.cToxéXnv, 4XAà TOO ^èv (Joûvtoç ,o
ÉKàoTOTE ical K^pÙTTovToç 8t. eôS«ci.ové<rt«Toç fi 8tK«i6-
T«Toç, xoO 8è Hi^ ént-rpérxovToç É.,.a8«t ,f^ àpcxA xAv
eo8«c,ovt«v, av t.^ K«l Yévoç .ôxux^ar, k«1 kAXXoç; àXU
Kal )^pva6v
8c -cal xpuaiv ëx^v nàXefiàvS' ïe«, «)6te Koùp^,
4v,4yKn -caTi Tf,v 8.«l>opàv xoO xéXouç k«1 x#,v ènl toOto
«rooaav <paoao<ptc<v 8.i<fopo« .tv«.. 4 M.Ç yip fi8û
lic.8.^;ovT«, fJT.<: fi^e^v ^é.fuKe« l„£ X. Tôv i.iKpav ..l
T«ns.vav, oÔK gcx.v IXe.îv inl .* i.sU;„ .«l Iv S+..
icetjiEva. "
*P?<; ïv" Ictt' iKeîwoç «i|jr)X6<; nàyoç
tpHXÛ»; Te Kttl nocXly-KOToç
*v tÇ K<49TjTai IXa(f)ptia)v H'^XI»'-
b 5 -Enl toOtov xiv û+^Xiv nirov t6 8piH6 k.I navoOpyov
«..vo e^ptov dvEXeeîv àSOvaxov ïv« 8à sic TaÔT8v Je, 35
TO.Ç &X0O r.vv^,«a.„ àX<àn,^. fi T^xn .cvl 8eî xpna«-
oUhUv «otoîç teapévTov, f( ,,,^.cca«v «ôt^v, S ,,, né^,^,,
Xaiv(;T]pà KUKXôaai TiTEpà,
K«l 06TOÇ àp9EÎa«v éK rfjç 4v(nT«ae«. npiç ,6v û+^Xiv
î3-35 àUà xai j^puTOv ?x<ov EIN : ;:o'X6ao-v8' «xcv E • ai J„ IN 11 .R
l»T.v â«rvo; oT'^L" DXLMO IM? "r^ """' '^^''^ ^ " 3' -'
4o
4 I 1^
< 1^
\t^
— A -
sur ce point, comme sur bien d'autres, ce n'est point ici le
moment de le montrer ; mais voici ce qui me semble de
toute évidence : ni le but de la philosophie, ni la nature du
bonheur ne sont identiquement les mêmes selon Platon et
selon Aristote. L'un crie à chaque occasion et proclame que
le plus juste est le plus heureux : l'autre n'admet pas que le
bonheur suive la vertu, sans les avantages de la naissance,
de la beauté et même de la richesse
Il s'en allait à la guerre chargé d'or comme une jeune fille.
De la divergence de but, il résulte nécessairement une diver-
gence dans la philosophie qui y conduit. En suivant une
route faite pour mener à quelque chose de mesquin et de
vil, il n'est pas possible d'arriver à ce qui est meilleur et
plus élevé.
Voyez-vous celte roche élevée ?
C'est là que, féroce et sauvage,
il repose agile pour la bataille.
Sur cette pointe élevée, la bête rusée et pleine d'artifice est
bien incapable de parvenir ; pour que le renard se ren-
contre avec les petits de l'aigle, il faut qu'un sort funeste
les frappe et les fasse tomber après la mort de leurs parents,
ou bien que lui-même, s'étant fait pousser ce que la nature
ne lui a point donné, « un cercle de plumes légères », se soit
ainsi soulevé de terre pour voler jusqu'au sommet du rocher.
Tant que chacun reste à la place qui lui est propre, il ne
19-21. Rép., I, 354 a : ô Sixatoç apa eùBatfxwv ; id : o yt eu Cwv paxapidç
ce xaî eù8a{(ia>v; IX, 58o b : Hxi.. tov à'pKJxdv te xa? StxatdTatov
eiîSa'.jxovidxatov Ixptve ; VIII, 544 a : ef ô à'pioroç tù^ai^ovéaiaxoç ;
Lois, XII, 961 d : ipeTT) rcavxl r.apéyei ÇoSw atoTriptav. L'expression
est aussi stoïcienne, Arn., III, i4, 36: ^ ttjç J/uy% kptxh eùSataovia.
25. Homère, Iliade, II, 87a. a. . 4 r
3 1-33. Pindare, Néméennes, IV, i55-i56, on lit :
(xaXaxà {xèv (ppovéuiv IdXotç
Tpayùç 8è jcaXtYxoTotç 6©e8poç.
4o. Gomme ci-dessus, les mots semblent empruntés à Pindare, mais
le vers doit être d'Atticos lui-même.
' I
1
11,
— 5 —
C 6 [Kal née- «TEpa InaévEi]
nx,.„, ,,^ ,^„ ^,^^ ^^^^^^ ^^^ ^^^ H
^P-fl .0.1 .Ç .O.XÇ, .av 8é SXXcov .n.v..v àv.ireov,2
Tovaç • 7 noO ,7'''"'^ "" «"^* ^"^«î fXonXd- 5o
H ,■ \ \ ^^"^ «tpécE».; TocroOTov 6u.oç Xévov
TO Tflv AXoaSov <|.pév^t.o. iCT.^a«aeo.i .«l .^v ^tc
r rt"" '"'''^'"'"' ^^ <f1- nXW 8 Tlç 1 55
T.Ç Kd tSc^xp, ,„l dnatSevxoç k«1 ,e.pà..ov k.I ,„v^ 65
.ao9«. CFG : xov.v .. ".wLo^F II "fi "ir-t"'" i*^"' ^^^'^ ^ 'f^-
53' [T,'*Il °"/'t"'' '^'' '""""J^' <^« 1" /f</».«.?«e livre Vil
53. Les Aloades, Otus e. Ephiahes, géants o:h4,:fiin>I}oeu,
— 5 -
zii Lr'"' '^ "'''^'"■' '•'"•^ '^' *^^"^"^ ^* '- "---
[Et un peu plus loin il ajoute :]
Les choses étant ainsi, Platon s'efforce d'élever les èmes des
eunes gens vers es régions supérieures du divin, de façon à
les fa.re assoc.er la vertu et le bien et à les persuader de m^
pnser tout le reste. Et toi, dis-nous. Péripatéticien, cor^^n"
donneras-tu ces enseignements? Comment guideras-tu ve^
e même but les amis de Platon ? Où est dans ta doctrineu"
ngage elevé, capable de faire acquérir l'audace des Aloades
et de chercher le chemin du ciel? Ceux-ci croyaient pouvoir
se le frayer en entassant montagne sur montagne, tandis
que cela ne se peut faire que par le retranchement des pré-
apS:t Ïr""' '^"'"'"^ ''««"-« Pl«to"- Q-1 seco'urs
apportes-tu.a la jeunesse pour une pareille entreprise? D'où
Urer un discours quelconque comme auxiliaire de la vertu ?
Sq^tiSl^''"^'^"^^ '-'»--——?
Je t'autorise même à mentir si tu veux, pourvu que ce soit
pour d.re quelque chose de solide. Mais tu ne s'aurai en
citer aucun, et aucun chef de cette école ne saurait t'v auto
Zltion"* '?'/' ''-'''' d'Aristote se rapportant ri"
question, n, les discours à Eudème et à Nicomaque ni ceux
m t. u es « Grandes ^lorales », n'exposent sur la' vertu""
des Idées mesquines, basses, triviales, tout juste ce que pour-
raU^en^d^n homme du peuple ou sans éducation^ un
NatarelU vî Tj ? exlraordmaire (Pline, Hhloire
lyamiette, Vi, i6, 25, raconte qu'on retrouva le sauelpllp H'n. !
serpents. Cf. Pau^^t^'a^Vutt^Toir""^ «* a"ach.s par des
55. Phidre. 249 d : L'homme vertueux est semblable aux iniUés:
eïi5Ti(iEv05 TtDv àvOpw;:;vwv «JtouSaojiaTwv.
Criton. 46 c : àsaf.osais ypij.aa'Twv.
\
1^'
1
.'li'
')':
f
796
— 6 —
T6 iièv Yàp SiASti^ia, â>ç eItteîv, Kal t6 aKfJTiTpov tô (5aai-
Xiic6v, 8 Tiapà ToO Al6ç Ixei XaÔoOaa àva<f>atpETov ^ àpcTf),
oô TTaXivdtypETov, 8tti kev oîÎtoc; xf] KE<}>aXf] InivEtiaTi
toOto aÔT]?|v à<|)aipEÎa8ai ToXiiôaiv. 10 Oô yàp èrn-
TpéTTouaiv aÔTf|v ttoieîv EÔôat^iovac;, ôiiolav 5è aÔTf)v 70
KaStaTSaL ttXoûtcj) Kal S6^r| Kal yÉVEi Kal ôyiElot Kal
KécXXEi, Kal 8aa &XXa Koivà tî^ç KaKtaç. 'Oç yàp toOtov
ÔTioOv TTap6v xcoplç àpETfjc; oÔk aûxapKEç EÔSat^ova t6v
KEKTTitiÉvov &TTocj)fjvai, Kal fj àpEti] Kaxà Taôxà xû)pl<;
TOÛTOV oôx iKavi?) TToif^oai t6v ixovxa auT^v EÔSattiova. 76
3 11 riôç oSv oô Ka8f|pETai Kal KaTa6É6XtiTai t6 xfjç
àpETf^ç àÇtojia; va£. 'AXXà ttoXù tôv &XX<av àya8ôv
ÔTTEpéxEiv Tf|v àpETf)v XéyouGL. Tt ô^ ToOxo ; Kal T^V
ûylEiav ToO TiXoÔTou- àXXd 16 yE x«pl<; àXXt^Xov ixf) àpKEÎv
TTp6ç EÔÔainovlav, TTSat koivôv. 12 'OnÔTav oSv tlç Ik 80
TOÔTQV TÔV SoyildcTCÛV Kal TaÔTT^Ç Tf^Ç atpÉaEOûÇ, 8i8<i^Ti
Tèv Iv aÔTf] Tjî ipuxfj t6 ttôv àv8p(i)7Tivov àya86v 2;r]ToOvTa,
EÔÔatiiovdc (^r]aiv IttI Tpox6v oôk àvaBatvEiv, oôôè à xaîç
npiajiiKaîç Tôxatç ouvex^^evoç Sôvaix' &v EÔSa^iôvov Kal
^laKaptcùv EÎvai. 13 Tàv Ôè tiPjv àpETi^jv Ixovxa toioôtoiç 85
Tial TTEpmEaEÎV oôk àîTElK^Ç.
ToÔTOlÇ S' ^TTETai t6 tlf|TE àKoXou8EÎV EK TTaVT^Ç T^V
EÔSac^iovlav toîç Tf|v àpETfjv 1X0"^^ til^T, El yévoLTO,
TTapa^lÉVELV àeI,
<»>ôXXa Ta tiév t' &VE110Ç xa^iciSiç X^^^ «IXXa Se 8' îiXT) 90
Tr^XE86oaa <(>ôei
5ç àvSpôV yEVEf) f) Jlèv <f)ÔEL, f) S' àîToX^yEi.
67 ivaç^pexat DE || 68 Invsiaet GDEIFLM |[ 70 jxt'av 8è aÙTrivà
XZ l! 71 xaxtcjTolai Z : xat^ yÉvet xat SoÇrj OGFGLM : Oysta MNLOI •
ayevet'a Z || 76 xa6atpe-rai XZ || 77 àXXà t6 jioXî, DI || ' 78 tt Bl
GGM : TÔ 8è F II 79 ip/av BGDIO || 81 5t5aÇetç F : ÔtSofÇete
nS?Sv^^^ " ^^ *^*^°'' '^ ""^ '^^"^^-^ rriToSvta XZ II 83 EÙSaitxovt'a
GFGOXZ : çaaiv El : àva5atv£t CFG || 8t^ €Ù8at{xa>v BGDXZ II
85 fiaxaptov G : |xaxaptoç BGD || 88 xoiç è'-^ouai t^v àpetrlv XZ •
TTjv apexTjv xoiç e'xouat GFGO.
^A
— 6 —
jeune homme, une femme. Cependant le diadème, si j'ose
dire, et le sceptre royal que la vertu tient Hp 7.
cadeau inaliénable, "^^ ^'"' '^"^^^
C'est irrévocable, tout ce qu'il accorde d'un signe de tête.
Voilà qu'ils ont l'audace de le lui enlever î Ils ne lui accor-
tent aT 1 '"^ ^'^'^ '' ''f '' '^''^ '^ ^^ ' ^'^ ^-el
a santé iT T'.^"' ' "''""' '' ^'^^^^> ^^ '^-^«nce,
™J ^! "'T' ^" \"^^" ^« ^- -^ntages présents, sans
^ vertu, ne suffit a rendre heureux celui qui le possède, de
m me la vertu, sans tout cela, n'est pas suffisante'pour ;««!
dre heureux son possesseur. N'est-ce pas détruire et ren-
verser la valeur de la vertu P Certes. Cependant, ils déclarent
mettre la vertu bien au-dessus de tous les autres biens
Mais les unes sans les autres ne suffisent point pour le bon-
heur, ceci leur est commun à toutes les deux. Chaque fois
que d après ces opmions et cette école philosophique, on
vient donner une leçon à celui qui cherche dans son Le
tout ce qu'il y a de bonheur pour l'humanité, on lui dédale
que 1 homme heureux ne monte point sur la roue, que celui
qui subirait les malheurs de Priam ne saurait êt;e'mis au
nombre des heureux d'un bonheur parfait. Or, il n'est point
Il s'ensuit que le bonheur peut très bien ne pas être en
partage a ceux qui possèdent la vertu, et si cela venait à se
produire, ce n'est pas pour durer toujours.
Le vent répand les feuiUes à terre, mais bientôt la forêt
en fait pousser de nouvelles en abondance •
amsi en est-il des générations humaines, l'une naît, l'autre meurt.
68. Iliade, I, 626-527.
70. Eth. Nie, I, 1099 a i5 sq.
H. Eth, Nie., I, 1,01 a i5-i6, iioo a 8.
00. Voir p. 4, lignes 21-22.
90-91-92-94. Iliade, VI, 147 sq.
i<t
•màtÊ
^
'i/ff
I' >
Y )
1
d 14 "Eti aoi t6 TrapàSEiy^ia jiiKpèv Kal &toXjiov, S tioit^tA*
a lapoç 5' iTTiytvETai &pr] »
TToXùç ô HETa^ù XP<5voc; $ ^if) ylvETai. El SéXeiç &Kpi6ô<; 96
t6 iTxtKT^pov Kal aa8p6v Tf^ç àvQpcuTiiv^c; yevEac; àTiEiKàaai,
TTapdcSoiXAE T^v 'ApiaTOTÉXouç EÔSai^ioviav. 'PSov tôv
4>t3XXov, aî5TT]'Kal <|>ÙETai Kal àrtoXElTiEi oôk àva^iévouaa
TTEpiTEXXô^lEVOV t6v EViaUT<5v, OÔS' ttÔTOETEt, 0Ô8' ttÔTO-
HTiv(, àXX' aÔTf^ç i^tiépaç, aÔTfjç ôpaç Kal ylvExai Kal 100
797 àTr6XXuTai. 15 HoXXà Se àTToXXùvTa, Kal TiàvTa ek i:î\q
'^^Xn^- Kal yàp al toO aQ^aToc; KfjpEÇ, ^luptai 8è aSTat,
Kal TTEvta Kal Àxnita, Kal baa ToiaOxa, Kal Ttp6c; oôôèv
aÔTapKEÎ Ta Tî\q <pCkr)ç (ipETf)ç Ttpèc; [ioi^8Eiav oôx Uayà,
Tr)v jièv yàp KaKoSai^iovtav EÏpyEiv, Tf|v Se EÔSai^iovlav io5
Siaa<£>tEiv àa8Ev/|<;. 16 Toûtoiç oSv tiç £VTpa(|)Elc;, Kal
ToÛToiç àpEaK6\jie\toç toîç X6yoiç, xtva Tp^nov f) aôxbc;
ouvàCTExai Toîq nXdcToavoç, fj êtXXouç irpôç aÔTà ETiippàaEi
TioTé; oô yàp loriv Sttqç &v tlç Ik to\jtcov ôp^icbjxEvoç
b 7TapaSé£,aiTo xà 'HpàKXEia Kal SEÎa EKEÎva Séy^iaxa, àq no
iaxMpàv XL Kal «nàyKaXov XPflt^a A <SipEx/], Kal, oôxe jioxè
EvSÉouaa TipSç EÔSai^iovlav, oÔte TToxè aôxf^c; à<{>aipou^évT^,
àXXà Kfiv TTEvta, k&v voctoç, k&v àSo^ta, k&v (iàaavoi, kÔv
TTixxa Kal axaup6ç, kSv xà Ik xfjç xpaycpStac;, &jia xtàvxa
èTTLppufj, EXL ô SlKaioç EÛSatticûv Kal jiaKàpioç. 17 'Etti- ii5
KTipuKEÙEi yoOv aôxô xÇ iiEyaXo<})cûvoxàx9 Kf|puKi, KaGàîTEp
à8Xr|xf|v xivà vtKT)<f>6pov, x6v SiKaiéxaxov, bxi o(5x6(; laxtv
95 ypâvoi xat {xr, BGDEFGIO : ptetaÇuç B : ÔiXrj; G || 99 auTOExéç
GFLZ : 0Ù8 ' aÙTO èoTÊ DE : aÙTOixrJvâ X : aùxT)? trjç -^jij... X || io5 Ipysiv
om. DZ II 106 suxpaçeîç E || 109 07:a>v à'v BGDFIO': àXXwç F |f iio
TcapaSsÇaTo DFI : r.oipzU^oiTo G || 112 où'tcotê GDZEIO || ii3-ii4
àSoÇta xàv TCtxta XZDE || 116 uîïÔ xr^prixi XTipyxtet BGDFGO.
II 3. Low, IV, 709 a : Tux.at... xat aujAçopal TcavToiat 7:tîCTou<jai j
709 b : Tuya; 8' elvat ay eSov a;:avTa Tàv6pto7:tva 7rpaY{jLata, par oppo-
sition aux biens des dieux ; Rép., X, 6i3 a : èotv t' èv r.evia yi^vrixat Idcv
T*iv voaotç Ti xtvt àXXw xwv Boxouvxtov xaxwv ; Prot., 353 ': oxt fiSovr;)
vo'jouç x£ TCOieT xaî 7:evta? xal àXXa xotauxa 7:oXXà ;:apaox6ua;£t.
— 7 —
uLideT *' ''"P^""""' P^^*^' ^«^ ^ien pâle et bien
« Avant que ne revienne la saison du printemps, »
un long intervalle de temps s'écoule dans lequel il n'y a
nen S, tu veux représenter exactement la caducité et la
mortal.te de a race humaine, tu n'as qu'à la comparer au
bonheur d Anstote. Plus facilement que les feuilles! il naU
et disparaît sans même attendre le cycle de l'année : ce n'est
point dans la même année, ni dans le même mois, mais dans
le même jour, dans la même heure, qu'il naît et disparaît.
Noinbreuses sont les choses qui périssent, particulièrement
tou ce qui vient de la fortune : il y a les maux du corps et il
sont innombrables, il y a la pauvreté et le déshonn;ur et
nombre de choses semblables, contre lesquelles la vertu qui
s y jomt apporte des avantages qui ne suffisent pas, et un
secours impuissant : elle est trop faible, en effet, d'une part
pour repousser 1 adversité, de l'autre pour conserver la féli-
cite Gomment un homme nourri dans ces idées et satisfait
de tels discours, pourra-t-il se mettre d'accord avec les prin-
cipes de Platon ou fortifier les sentiments des autres à leur
égard P 11 n y a pas moyen, en effet, en partant de tels prin-
cipes, d accepter ces dogmes herculéens et même divins de
Platon, savoir : la vertu est chose ferme et de toute beauté
jamais i ne lui manque rien pour donner le bonheur!
amais elie n en est dépouillée, et quand même la pauvreté
la maladie la torture, la poix brûlante et la potence, les
supplices décrits dans les tragédies viendraient, tous ensemble,
s abat re sur lui, le juste aurait encore le bonheur et la féli'
cite. 11 lui fait donc annoncer à lui le héraut à la voix puis-
sante, comme s' il proclamait un athlète vainqueur à la lutte,
cf 'Lf;s^Xn\'°'^^''^V' *'''"' ^*''"^°^ ^^'^^ ^« ''-' <i Veuve -
comt; te d^lToix'"' '' ''"^"^^^ ''' ''' P^^*- ^^^'---
Ii5. Rép.. IX, 58o b : ô 'Apt'axcuvoç ulèç xov «ctaxdv xe xal Scxatd
117. Hép., X, 621 d : (uarsp oi vtxri<pdpot reptayEtpoVevot...
6
'-y*-^
i
t
' î
i •:•
— 8 —
C côSaiiiovéoTaToç, h 1^ aÔTf^ç xfjç 5i.KaioativT]ç t6v Kapirôv
AiaipoO Totvuv, El (îoûXei, Kal ttoIkiAXe xpixfî Kal 120
XExpaxfl Kal TToXXaxf^ xà àyaSà SiaaxEXXénEvoç- oôÔèv
yàp xaOxa Ttpèç x6 -npoKEltiEvov. Oô 8f| 7x06' fj^ifiç 5i' aôxéiv
TTpoadc^Etç x^ nXàxcDvi. 18 T{ yàp eÎ tôv àyaôûv, cbç
<î)iF|<;, xà iièv xt^ita, KaGATiEp ol 8eo(, xà 8è ETtaivExà, <£)ç at
dpExaC, xà 5è 8uvàiiEiç, càç Kal lox^ç, xà Se <2>(|>ÉXnia, 6ç ia5
al GEpaTCEÎaL ; xt 8' eI xaOxa IXàxxovi 8taipéaEL 8iaaxEXX6-
liEvoç XéYOLç; Tôv àyaSûv xà ^lèv EÎvat xéX^, xà 8è oô
d téXt xéXti nèv 8voiià^;ov Sv xàptv xà &XXa, oô xéXti ^^ "^à
Tôv &XXov IvEKa XajiBavdtiEva. 19 T£ S', eI iiàGoi xiç
8x1 xà iièv &7tXôc; àyaOà, xà 8è oô TTSaiv f) 8x1 xà ^lèv i3o
ipuXfl«; àyaSà, xà 8è a^jiaxoç, xà Se Ikx6ç- f) -rràXtv 8x1
xôv àyaSôv, xà ^èv SuvàiiEiç, xà 8è SiaOEaEiç Kal f^Eiç,
&XXa Se EvépYEiat, xà Se xéXt], xà Se CXai, xà Se Spyava;
icôv xàç SéKa Kax^yoptac; napà aoO nàBr] xlç SEKax^l
StavéïiEiv xàya86v, x( xaOxa -nphq xi?)v HXàxovoç yv<i>^iT]V i35
xà StSàyiiaxa; "Ecoç oS yàp au ^lèv eïxe ôiicovôjiax;, eïxe
bnoç (ioôXEi, KaXôv àya8à xà xf^ç 6Lpzi?^ç; &XX' Sxxa -npSç
xf|v EÔSat^ovlav ôç àvàyKaiç TTapaXaiiBàvEiç, x6 UavSv
118 oj-coç ô £Ù8at|xov£çy.. DPXZ : âÇ ou 8txaioauvr)ç DEI : cm. XZ II
lao oiatpet BEIZ : roixiXe X || 122 où 8^6' ^fxaç Z : oùSs || 126 S
8£ El : (î)çlXri;xa BGDO i| 126x1 8s tauxa I|| 127 X^yecçD || 129 svexevlH
i3i-i32 oyt xà {i£v xôîv àyaOtuv El || i33 xà 8' ajxà opyava El ||
i34 Tàç 8£xa 81 xax... D : xaxà xàç Ssxa om. 1 : ~ap' ou (laOr) El :
T.<x^d aou (Aàeoi EFGZ || i36 xà So^maxa XZ: "Ewç \hp ou au' El
137 àXXà xà DFGIZ II i38 Xa{jL6dtv£iî DFG.
I20. Platon lui-môme a divisé les biens: i*» divins et humains,
Lois, I, 63i b ; 2^ a) biens de l'âme ; 6) biens du corps ; c) la fortune
et la richesse, Lois, III, 697b. De même dans Gorgias, Ix^i c:
uytaiveiv, xaXôv yEviaOai xaî 7:Xoux£rv ; 3o la santé, la beauté, la force,
la richesse, Lois, I, 63i b j II, 661 a. Aristote distingue : xàyaeà
Tp7^^- âxxdç, repî atoaa, Tcspf ^u^riv, fi"//». Nie, I, 1008 b 12;
TayaSà xà {x£v xaô' auxa, exepa 8e 8ià xauxa, xà [lév laxi x^Xt), xà 8*
oûxar), Eth. Nie., I, 1096 b i3. La division en trois ou quatre
espèces est donc admise par Platon aussi bien que par Aristote.
< ib^
— 8 ^
ramèneras à Platon A «„«; 1 ^ l. ^®" *" »* «ou»
con.me tu l'affirmes Z ' '" *""**' " P"™ '« '"•«"«.
dieux, les au rtTouJe;,era,rT ''""'"" '""""« '-
-oyens d'agir comm Ï, 1 ï:» Ï r'^Y"''''''' ^^
comme les soins ? A „„„• T °'^"^' ^ autres utiles
en venir à Tr^ pLn' t" ""'.'"""" P'"' ''^^^ P°«
autres ne sont pas deTfiiTp "' 'l ""' ^°"' ^«^ fi-' '«s
qui les autres S stel^': ^^Vl^f "' «^ --- vue de
qu'en vue des autres  m k '"""^ 'I'""' "« ^«Ç°it
absolus, que te f le, Ton't Ï ,7°" ''T **"^ '''^"^ -"'
biens de iLe, les aul:: dulrpt*;^:'^^;!^ ^ T ""' '"
encore aue i^U hi«r,c * j ^ ' "*^®^ extérieurs ; ou
tions et'des habïud , t^L r r'r' *^'' '""^' ■»- «^-P»-
-x-là des mat t,'S ee;7:;'"'"'""-^•'*«'«"^•
n>ême vous m'apprendrLiÏ ', '""'^-^^nt^? Quand
«elon les dix catéSs T T" '" '''^"^ «° ^'^ ««Pè<=e»
pour entrer danXpUe'I 'r/^T^ ^"^^'^"^'"^"»'
homonymie, soit commeTule tuS a lu n ^ T' "" ^^^
tout ce qui tient à la vertu Z, ^ fP""'' P"' '''«''
ments comme étant néce^s!L, , K '\"''''" '*'''"'^«» ^'^
1 "ccessaires au bonhpur in ,i ' «ni
:::::^^-^uquei eue suffit - piat";;rheXtt:; •
i3a-i33 T' f\ " ^
1
— 9 —
798 Tfjç àpET^ç à<poLipo<}\jiE\foç' nXdtTûav S' Ik TiEpiouotaç nepl
TÔv SXXcùv ^T]TEÎ t6 IkttXeov elç EÔSaniovtav àir' aôxî^ç i^o
Tflç ÀpETfjç E)(Cûv, oôSèv &v ôjiîv eït] Kttxà toOto Koivév.
*'AXXtov ooi ÔEÎ X6Yûav, &\Xcûv toÎç toO nXàxcdvoc;
21 *Clq Y<^P o^K ^<^'^i' Xéouai Kal àvSpdiaiv ïipKia TiiaTÂ
oôSè Xt^KOi TE Kal âpvEÇ byià^povoL 6u^6v ëx^^^*-^
oÔTCDc; oÔK laxi flXdixcavi Kal 'AptaxoxÉXEi (]>iXia TTEpl xoO i45
b Kopu<|>aioxdixou Kal Kupicoxdxoxj xf^ç EÛSai^ovlaç Sôyjiaxoç.
Aia^TTEpèç Y<^P» £Î t^^ KaKà (|>povÉouaiv &XX/|Xolç, t6l yE
ÛTTEvavxta TTEpl xôv EÎç xoOxo Sia(|>Ep6vxcov c{>atvovxai
XéyovxEÇ,
i4o TÔ TT) Êx;cXeov O : tzXéov XZ || i^i s/ov GO : av f^jjLîv GO : t6
xotvo'v GG II il!i2 aXXwv où 8st XoYwv aXXtov toiç IIX. EIO : tou om.
GDEFIZ II i45 oux l-ci D || 1^7 et [xr) xai xaxa FGIO : çpovrlouaiv G.
— 9 —
que comme un surcroît, car il place la condition suffisante
au bonheur dans la seule vertu - il ne saurait y avoir rien
de conimun entre vous sur ce point ; il te faut employer un
autre langage, différent de celui de Platon :
« de même qu'il n'y a point entre les hommes et les lions de trai-
tés auxquels on puisse se fier, »
Ainsi, entre Platon et Aristote, il n'y a jamais accord sur
a question capUale et fondamentale du bonheur. D'un bout
à 1 autre, en effet, s'ils ne sont pas animés de sentiment,
host, les 1 un contre 1 autre, il n'en est pas moins vrai qu'ils
lii-iil,. Iliade. XXII, a6j-263.
I'
il!
Il
i I
II
799
P. E. XV (798 C-801 a).
C y [IlaXtv Mwaewç xai xâiv rap' 'ESpaloiç 7cpo(p7)Twv, où {jLyjv iXXât
xai nXatwvoç Iv toùtoiç aujxçoivwç, xov ;;6pt' x^ç toiv oXwv ' rtpovotaç
Xo'yov EÙxptvwç StaTeeetfxivwv, ô 'AptaxoT^XTiç {xiypt «Xr^vriç «y-^^t^aç
t6 ôeTov TàXoiTcà xoy xoajxou fxépT) Kgpiypi^gt x^ç tou Oeou StocxT^aetoç
l<p' olç xat ârsXe'yysxat 7:pô? xou SyjXwÔivxoç, w8i tct) 8t£Çiovxo;.]
2 "OvToc; S' Itl jiEYtaxou kolI KupioTdtTou TÔv eIç EÔÔai-
d iiovtav ouvteXoùvtov toO iTEpl Tf)<; Tipovotaç TTEtonaToç, 8
ôf| Kttl ^làXiaxa t6v àv8p<;bTiivov (îtov àpBol, eX \e ji^ jiéXAo-
TTÔTEpOV SIkOC TEÎ)(0Ç tîlpLOV, 5
fj aKoXiatç àTTàxaLç &va6atvEi
lTTt)(8ovtov yévoç àvSpôv,
•O iièv nXAxcûv eIç 8e6v Kal Ik 8eoO ndtvxa àvàirxEi. <l>Tial
yàp aôx6v àpxV te «cal ^kaa Kal xeXeuxi^v xôv 8vxov
fXovxa EÔ8Eta TTEpatvEiv rrEpiTiopEu^nEvov. Kal aS ttAXiv io
<pr]aiv aôx6v àya86v ETvat, àYa8Ç 8è nT^Séva (|>86vov lyyt-
YVEa8ai TiEpl tiTiSEv6<;- xoûxou 5è £kx6ç 5vxa, Tràvxa 8xi
liàXtoxa àYa8à ttoieîv, eIç xà^iv &Yovxa ek xf^ç àxa^taç.
riàvxov ôè etti^ieXoùhevov ical -ndcvxa Kaxà 8\3va^iv
KOOJloOvXa, 7TEpL<f>pOVXLKÉvai Kal XÔV àv8pG)TTOV. i5
3 [Kal jiExà Opaxéa*]
Kal ô jièv nXàxov oôxoç. 'O ôè xi^v Ôaniovtav çûaiv
I ;ip6ç eù5at{xov.. D : ovxoç 8e {jLey.. G:6xt jcouZ || 3 jBtov ôpôoi... B
passe à jxsxà Ppax.éa || 5 îrdxepov St) xax' r/voç uf ov DEIXZ || 8 ô 8è
nXaxwv El II 9 xeXeuxriv ocTcdtvxeov 2/ ovxa DOZ : â;iavxa BEI || 1 1
aùxov om. XZ II 12 Tcapà |jLr,86vdç GFGXZ : t:ouxov 8' è;:i xà ovxa GF
Il i3 àYaOèvEI || 17 xrjv eùSaijxoviav GDXZ || i8 xauxYiv BGDEFIO:
èXTCOtOUfX... DI.
5-7. Pindare, frgt. 2i3, cité par Platon, Rip., 365 b.
8. Lois, 715 e-7i6a.
13. Timée, 29 e.
i3. Timée, 3o a.
i3-i4. Low, X, 905 : oxi àvOpoSrcov InifjLgXouvxai (Ôeot) ; Phhdre,
III
SUR LA PROVIDENCE
Le plus important et le plus puissant des moyens pour
arriver au bonheur est la croyance à la Providence, croyance
qui dirige principalement la vie humaine dans la voie droite,
à supposer toutefois que nous ne devions pas ignorer
Si la race des hommes mortels s'élève vers les hauteurs en ligne
droite ou par des sentiers détournés et trompeurs.
Ainsi, Platon ramène tout à Dieu et fait tout dépendre de
Dieu. Il déclare, en effet, que Dieu occupe le commen-
cement, le milieu et la fin de tous les êtres, et par suite
décrit une ligne droite en en faisant le tour. Il dit, d'autre
part, que Dieu est bon et que l'être bon n'a aucune envie sur
aucun objet, qu'étant étranger à ce sentiment, il rend toutes
choses bonnes dans la mesure du possible, en les amenant du
désordre à l'ordre : et en prenant soin de tout, en ordon-
nant toutes choses selon sa puissance, il veille aussi sur
l'humanité.
[Et un peu plus loin :]
Telle est l'opinion de Platon ! Et l'autre, en mettant la
a46e: Siaxoa^xôSv uavxa xa\ l7ci{j.£Xo^{X£voç ; Phédon, 62 d: Osov
thoLl TÔV £7;i[JL6X0U|J.eV0V 7)(JLWV. ,
17-26. Gicéron faisait à peu près le même reproche à Aristote
(De Nat. Deor., i, 3o sq., 1, 85 sq.) : « Quanquam video nonnullis
videri Epicunim in offensionem Atheniensium, verbis reliquisse
deos, re sustuHsse. Itaque in iUis selectis ejus brevibusque sententiis
quos appellatis Kupfaç 8dÇaç haec, ut opinor, prima sententia est :
quod beatum et immortale est, id nec habet nec exhibet cuiquam
negotium.In bac ita exposita sententia sunt qui existiment, quod lUe
inscitia plane loquendi fecerit, fecisse consulto. De homine mmime
vafro maie existimant. Dubium est enim, utrum aliquid esse beatum
et immortale ; an, si quod sit beatum id est taie. »
h
^
I
If
é f
\v
II
Ifji
IkttoScSv TioLoti^evoc;, Kal xfjv yc eloaOStç IXirlSa Tf)c;
+^X^^ àTIOTÉ^VOÛV, TfjV TE EV tÇ Ttap6vTl 7Tp6ç tSv
KpEiTTÔvcdv EÔXàÔELav à<J>aipot5^evoc;, xtva Tipèc; nXàxova 20
Ixe»- Koivwvlav ; fj ttôç Sv I<|)' & (ioùXETai nX<JiTCûv -rrapa-
KaXéaaL Kal TTtaToaaiTo Ta Elprj^éva; 4 ttSv yàp
TouvavTiov ouvEpY^ç &v o0t6c; yc «xl <JUvayovLCTTf|ç tôv
l9eX6vTCùv àSiKEÎv <|)avEtr|. flfiç yàp tiç &v6pcùTTOc; ôv Kal
b àv8pcûTttvai<; ôpé^Eat KaTaa)(6^iEvoc;, &v KaTa<J>povf|ar| tÔv 25
8eôv Kal jir|5èv vo^ilaT] Ttp6<; aÛT6v &te nappa jièv aÔTÔv
àTTcoKia^iÉvoç Iv TÔ ^f^v, àTTo8avàv Se oôSèv eti Ôv,
fTonioç àv IXBoi Tipèç t6 xapt^caSai Taîç ETtL8ujitaL<;. 5
ntaTLV yàp XaÔEÎv TiEpl toO XaBEiv àSiKoOvTa oôk àSû-
vaTov, Sv yE àv8pci>TT0u<; Sér| Xav8dLVEiv' oô \ji^v àvayKaiov 3o
Ik TtavTàç Xa8EÎv ^^rjTEÎv, 8ttou yé tiç tôv 'nE<J>opaK6Tcov
icpaTELV SuvaTÔç Igtiv. "OaTE éToi^6v ti XP^t^« Tipèç àSi-
Ktav f^ Tf|<; TTpovotaç àTxdyvcoaiç.
6 'EkeÎvoç \xèv yàp Kal Ttàvu )^pr]aT6q loriv tioTiq Tfjv
C f)5ovf)v i^jiLv TTpoTEtvac; àç àya86v, Kal Tf)v ek 8eôv aSEtav 35
Tiapaax<SiiEvo<;, eti ^iî^xavi^v npbç t6 ^^ àSiKEÎv nopt^^Eiv
otETat, S^oi6v TL TToi£àv laTpÇ Tf|v jièv Itl ^Ûvtoç toO
Kà^vovToç fioi^8ELav TTapévTi, ^lETà 8àvaTov Se tiXekelv
Tivàç jiTixavàc; TiEipcû^évo TXpSc; acDTi^plav toO te8veôtoc;.
7 napaTTXrjatcùç Sa toûtcj) Kal S fl Ep nTaTr|TLK6<;. Ou yàp 4o
0Î5TOÇ f) TTEpl Tf)V fJSovfjV OTTOuSf) ê)Ç T^ TTpSç t6 8eÎ0V Sti
k/|Seito àTTiorta Tf)v àSiKtav tnippàv^ai.
d Tt oQv, (f>/|aai tiç &v, ev TaÔTÛ TàTTEiç 'ApiaTOTâXT^v
Kal 'ETTLKOUpOV *, TtàvU Jlèv oSv, ttC; yE Ttpèç t6 TTpOKEi^EVOV.
8 Tt yàp SLa<|>épEL TtpSç f\\i8ic; ÎJ toO Kéaiiou to Selov 45
21 rapaxeXeuaT) El || aa ravra yocp BGDEOXZ|| a3 oGxwçD: yeom.
B II 24 av çavst'r, B : taiç àv6p(o;rivatç DE || 25 xaTeayrijjLévo; DEM :
xaTaçpovrJaetc GZ || a6 vo{JLta£t£ Z : otTe om. El: |jLèv aùxôç Z || 3i
Cttitsiv àvaYxaîov XZ || 33 ;:povota? àçatpeaiç XZ : aoi y.p^jAa Z || 87
ÇôSvTO B : Ttvàç ^£v BEI II 4o xaî om. Z || 4i ajcouBr) o)ç'r);i£pi GEIO ||
42 xr[$oiTO EIO II 43 Iv Taù-cw Oriaet; E: xauTa et; BGDIO |l 44 w; ts
DEFIOZ II 45 xaî xou G : ^ xo ôsîov xot3 xda;jLOu D.
— Il —
divinité en dehors de la nature, en retranchant, par là
même, l'espérance des âmes, en détruisant pour le présent
les bonnes dispositions vers le meilleur, est-il sur un point
quelconque en accord avec Platon ? Comment porterait-il à
ce que veut Platon, et confirmerait-il ses déclarations ? Bien
au contraire, il passerait plutôt pour un complice et un
compagnon d'armes de ceux qui lui veulent nuire. Qui-
conque, en effet, est homme, est par là même en proie aux
appétits humains ; qu'il en vienne à mépriser les dieux, à
croire qu'ils ne sont rien pour lui, parce qu'il habite loin
d'eux durant l'existence, et qu'après sa mort il tombe dans
le néant, il serait tout prêt de s'abandonner à ses passions.
Se persuader que l'on passera inaperçu en faisant le mal,
n'est pas impossible, s'il est nécessaire toutefois d'échapper
aux regards des hommes ; cependant il est bien inutile de
chercher à se cacher lorsque l'un de ceux qui ont pris sur le
fait est le plus fort. Aussi, la négation de la Providence est
un motif tout prêt à entraîner au mal.
Et cet excellent homme, qui nous a présenté le plaisir
comme un bien et qui nous a donné l'indépendance à
l'égard des dieux, s'imagine encore fournir un moyen pour
éviter le mal : il agit à peu près comme le médecin qui, du
vivant de son malade, néglige de le secourir, mais une fois
la mort passée, essaie d'inventer des procédés pour sauver le
défunt. C'est absolument la manière du Péripatéticien, car
la recherche du plaisir ne fortifie pas autant le vice que le
scepticisme à l'égard de la bienveillance des dieux.
Et quoi, dira-t-on, vous mettez au même rang Aristote et
Epicure? Parfaitement, au moins en cette matière. Quelle
différence y a-t-il pour nous de loger la divinité en dehors
25. DéJ., 4i3b: opeÇtç î^oyoç.
3i. Rép., 365 d-e.
33. Platon emploie le terme Tcpovota dans le Timée, mais dans le
sens d'acte de prévoir.
34-35. Eth. Nie, X, 1177a 23 ; VU, ii52 b 6 : fjBovrjv Ssiv 7:apa-
{lEfiiy^ôat x^ 6Û8at{xov^a.
•A
«(•MlipMi
i
:.1
— 12
— 13 —
î t
*l
I
r
il!!
l^oïKlaaoSai Kal (iT^Se^ilav fj^tv np6c; atib Koivoviav
àttoXltteÎv, îJ ev KÔa^c^ toùç 6eo{)ç Ka6Eip£,avTa tûv ItiI
Y^lç irpay^iàTCûv ànoaTfjaai' Kax' ïaov yàp nap' &^(f>oTépoiç
t6 Ik 8EÔV Â^sXèq eIç toùç ÂvSpcibTTouç, ical lai] toîç
&8LicoOaLv ]^ Â'n6 xâv Seôv &S£ia. T6 Se ^keIvov ^Ev6vTCdv 5o
Kax' oôpav6v Kal t'I^ôç ti xp^t^'^^v àTioXai^Ei (idiXiaTa ^lèv
Koiv6v Kal &X6yc>>v Kal &ip\Li)(Qv, f{8i] hè xaÙTT] y^ *^^^
KttT* 'ETrUoupov SvT^atç toÎç ÂySpcSbiroiq àttô Beôv ylvExai.
800 9 Tàç yoOv (^£XT(ovaç ÀTioppolac; aÔTÔv <J)aai toÎç
(lExaaxoOai ^EydcXcùv &ya6ôv TiapaiTtac; yivEaBai. 'AXX' oOte 55
toOtov otÏT* èKELVOv ôtKaiov EV npovolaç àptS^iEiaSai Xéy^.
ETriEp yàp Kal Kax' 'ETitKoupov t6 xf^ç Trpovolac; ot)^Exai,
Kalxoi xôv 8eôv Kax' aôx6v Trâaav KT]5Ejiovtav ÔTièp xfjç
aoxT^piac; xâv oIkeIcùv &ya6âv Ela({>£po^évCk>v, otixcoc; &v
ol)(oi.xo Kal Kax' 'ApiaxoxéXT]v x6 xf^ç TTpovotaç, eI Kal xà 6o
Kax' oôpav6v Iv xà£,EL xtvl Kal KÔa^icù SioiKEtxai. 10
np6voiav yàp ^rjxoOiiEv f\\iXv Sia<|)£pouaav fjç ot> ^éxEaxi
tÇ (JLi^TE Sal^ovac; ^/)te fjpoaç ^i^te bXoç èniSia^évEiv
$()vaa6ai xàç ipu^àç auyKEXcûpT)K6xi.
b 11 'EkeÎvo Se iioi KpLxfj Kal alaxuvxr|X6x£pov S 'EttI- 65
Koupoq SoKEt TTETToiTiKÉvai* ÔCTTTEp yàp àTToyvoùç Si^vaaBai
xoOç Seoùç ànoa^kaSai xf^ç àvQpàiKùv KrjSE^ovlac;, eIç
xaôxS £X66vxaç aôxoLÇ, KaSàiTEp eIç àXXoSaTtf|v ànâiKiaE
Kal I^CD TTou xoO K6a^ou KaStSpuaE, x6 ÀTràySpcoTiov aôxôv
xfj àTioaxàaEi Kal xfj Tcp6ç &'navx' àKOivQvla Trapaixoù- no
C lAEVOÇ. *0 Se TTEpLXXSç ]?)^IÎV oCxOÇ xf^Ç (|>l6aECd(; EÔpEXf)Ç Kal
xôv BeIov irpay^àxcdv èmyv(i>^Qv &Kpi6/)<;, ôtx' aôxf|v xi?|v
46 Tzpoç auTto D II 47 àvanoXixeïv F || 48 xat xt ouv yàp àjxçox... BEIO
Il 5o r) om. DEI : àôixi'a I : tô Se xtvoujxévtov ttjv xat' oùpavôv xai
El II 5 1 rj{iàç Tivwv y(^pTjaTà>v ix;:oXa6eîv B: Ttvûv à;:oÀau£tv X : xà {Aev
xoivûv D II 5a ^ 8e xaûir) El || 53 YtyvETai XZ || 55 yiyveaeat XZ :
veviaeat BI |i 58 ty); om. El || 59 xal ojtwç Sv BD || 60 xi om. CFG ||
62 oîç où(jLET..GFG||66à7roydvouçI||67Tr]ç,Tc5vàv0.... F || 68 èXOov-
xaç auxouç I : aTuoSxtaav D || 70 ajcavxa xotvtovi'a DEGZ : àxoivto-
VTjata I.
du monde et par là même de ne pas lui laisser la moindre
relation avec nous, ou bien de la renfermer dans le monde et
de l'écarter des affaires terrestres ? Dans les deux cas, l'insou-
ciance des dieux est la même envers les hommes, et égale
aussi chez ceux qui font le mal, l'absence de crainte des
dieux. Que, tandis qu'ils restent dans le ciel, nous en retirions
quelque profit, c'est principalement ce qui nous est commun
avec les êtres sans raison et sans vie, et c'est précisément de
cette manière que, d'après Epicure, les dieux viennent au
secours des hommec. On dit que les meilleures émanations
de ceux-ci sont causes de grands biens pour ceux qui y
prennent part. Mais ni ceci ni cela, bien que juste, n'est à
mettre au compte de la Providence. Dans le système d'Epi-
cure, l'action de la Providence disparaît, et pourtant, d'après
lui, les dieux portent tout leur soin sur la conservation de
leurs biens personnels ; ainsi s'évanouirait dans le système
d'Aristote l'action delà Providence, bien qu'elle gouverne les
corps célestes dans un certain ordre et avec harmonie. Nous
cherchons, en effet, une Providence supérieure à nous, à la-
quelle n'a point part celui qui se laisse aller à dire que ni les
génies, ni les héros, ni d'un mot les âmes, ne peuvent sur-
vivre.
A mon avis, Epicure semble sur ce point s'être
comporté d'une manière plus respectueuse : comme il déses-
pérait de parvenir à empêcher les dieux de veiller sur les
hommes, tant qu'ils se rencontreraient avec eux, il les relégua
pour ainsi dire sur une terre étrangère, et fixa leur demeure
quelque part en dehors du monde ; en les éloignant et en
les mettant dans l'impossibilité de communiquer avec qui
que ce soit, il leur enlevait toute hostilité envers les
hommes.
Et voici que notre habile observateur de la nature, ce
connaisseur minutieux des choses divines, place sous les
regards des dieux les actes humains, privés de tout soin, de
toute préoccupation, réglés par une vague nature et non
58. Rép., V, 463 d : aiSoyç x£ ;:ept xaî xrjÔEjxoviaç.
'il
— i3 —
Sipiv Tôv 8eûv Ta àvepcûTTiva TTpdcytia'ïa ôtto8e(c;, EÏaaEV
àTTi^éXTiTa Kal à<t>p6vTi<rra, <|>ùaEi Kal oô 8eoO XoyiaiiÇ
SioiKO^HEva. "OBev elK6TOc; Sv Kal aôxoq oôS' IkeIvo t6 76
lYicXTitiaèKct>ÛYOL, 8 KaT^'EniKoûpou Tivèç ^lavTE^JOvxai, &c;
âpa iif| KttTà Yv«linv, ^^à Sià TÔ Tipbc; àvBpttTTCùv ÔÉoç
Toîç Beoîc; KaTévELiiEV Iv tÇ TcavTl x<i>pav ôoTTEp âv 8E<kTpcû
8éav. 13 TEK^i^ptov Se TToioOvTai xf^q Yv<^tin^ "^^^
àvSp6<;, »Tu aÔTÔv àc|)EîX£ t^v Txpbç ifjiiSc; èvépYEiav, è^ ?)(; 80
d li^vT^q t6 EÎvai toùç Beoùç I^ieXXe Tf]v ôiKalav -ntaTuv
IH,ELV. T6 Y^P a^*^^ toOto ical 'ApioroTÉXTiq tioiei. 'Atto-
aTi]aoLÇ Y^p Kal •napa8o{)ç 5+ei \ii6vr\ Tf)v "n^^^^v TipaY^aTE^
KplvEiv àaSEVEÎ Ta Ik ToaoOSE ôiacTf^iiaToç t^x' ^v alSoî
SoKotTi XÉYEtv èvTaOBa EÎvai Qeo<)ç, Oô y^p à-noXmày lE,o 85
Tt ToO Kàa^ox), àXX' oô8è toîç IttI y^<; TTpoaaYaY<i>v toùç
8eo6c;, àvàYKTiv ^oxev fj navTcirnaaLV &8eo<; EÎvat ô^ioXoyeîv,
f\ Tf)v ToO 80KEÎV àxtoXiTTELV Beoùç S6E,av àvcLoàiCEiv,
èvTaOBà TTOU TOÙÇ BeoÙÇ àTTOlKtaaÇ. 'O Se T^^V TÔV KpElT-
Tévcûv àKpiÔEiav napaiTTiaànEvoç tt) àiii^ta, eolkev 90
EÔaxT^ii^vttc; àîTtaTEÎv Totç Beoîc;.
801 [TauTa ô 'Att'.xÔ; r.pàç 'AptaTotsAriv ypeoxorcouvTa xôv nepî
7:oovo{aç Xo>v. 'O aùxô; Ïti xaî xauxa xoiç etprijAivoi; 7:poaT':6r,Tt,
4oç xôv aùtov à7:o-:£tvo>evo$ ^r\ pouXdiisvov ^ewriTov elvot tÔv xôa{j.ov.]
73 OîioTiesiç B 11 7^ çuasi xtvl xa? DEIXZ : où Oeiw I || 76 o0£v
àp* oùx CFG : èxei TÔ s'YxÀr.jia DF || 76 èxç^YSi DEI : xat* 'Er,i-
xoupov BDEIXZ |1 78 èv ::àpovtt Z || 80 TavBpdç || 8a àroarriaa;
(Yào) om. BGDEFGIOXZ || 83 npdy^axi DEI || 84 idesvrj DX :
ta èxtd; BGE r Ixtô; oùôl CFG : èxxd; B : S t6 yhp aCooT Soxotr. Xsy^'.v
E 11 85 Tauxa slvai GEFCIOXZ : ar.oXoir.t,^ B H 87 soyjv {xriTcavt..
BGXZ : à'66to; BXZ |1 88 aTcoXetxreiv BGXZ 1| 89 Oeoùç où Tcoirjaa; B 11 90-
91 ar.'.axeXy rapai-:Yiai[ji€voç "crj à{j.iÇia toî; ôeoîç Z.
' «^
— i3 —
point par la raison divine. Par conséquent, il est vraisem-
blable qu'il n'éviterait point non plus cette accusation que
l'on porte contre Epicure, savoir : que ce n'est point par
conviction, mais par crainte des hommes, qu'il assigna aux
dieux une région dans l'univers comme une place au
théâtre. Comme témoignage que c'est bien là l'opinion de
l'auteur, on montre qu'il a enlevé aux dieux toute action sur
nous, seule preuve qui devait lui fournir une croyance ferme
à leur existence. Aristote fait absolument la même chose. Il
les met à l'écart et s'en rapporte à la seule vue pour
contrôler sa foi, et comme celle-là est bien faible pour des
objets si éloignés, il se pourrait bien que, par une crainte
respectueuse, il déclare que les dieux sont là. Car il n'a rien
laissé en dehors du monde, et ne fait point intervenir les
dieux dans les choses terrestres ; par suite, il se voit réduit
à la nécessité ou de s'avouer complètement athée, ou de gar-
der sa réputation de passer pour négliger les dieux après les
avoir relégués dans un lieu quelconque. Aussi, après leur
avoir enlevé le soin de ce qu'il y a de meilleur, en suppri-
mant tout rapport avec eux, il a tout l'air, malgré sa mine
décente, d'être incrédule sur l'existence des dienx.
82. Aristote n'identifie point le premier moteur avec l'âme du
monde et rejette son Dieu, premier moteur, au delà de la dernière
sphère céleste. Cf. Le problème de l'Origine et de l'Éternité du monde,
chap IX, p. 195 sq.
83. napaÔoù; 0'}st, cf. De Caelo, I, ch. i-ii.
H
'■«îW'swBJWsr:;
■'•■I
p. E. XV(8oib-8o4a).
801b [IldXtv Mojaswç Y^^^^"^^^ ^'^*' *^*^^ xdajAOv ôpiaa[iévou, zoitittîv te
xai 8ir]{jLioupYÔv xoiç oXoi; xôv 0£Ôv £JctaTr|aavxoç , xou t£ IIXàTfovoç
Ta taa Mtoaei atXoaoçouvTo;, ttjv âvavxtav xàv toutw ô 'ApiaTOT^Xrjç
ôBeuaaç h.Tzikiffji'zai zpô; tou SyiXwôsvtoç auyypaçéwç, àÔe 7:p6ç p^{Aa
YpaçovToç.]
C 2 ripÔTOV Ôf) TtEpl Y^VÉGEOÇ KÔQ^IOU GKOTIÔV, Kttl t6
Tfjç TTpovotaç t6 ^i^Ya toOto Kal TioXua><|)EXèç S6Y^a nàvTa .
^r|TEÎv àvayicatov f^y^^l'^^^oÇ» ^^^ AoyiadciiEvoc; ÎSti tû ^ifj
YEvo^évG) oiÏTE Tiv6c; TToiT^ToO oÛte Tivèç kt^Se^i^voç TTp6c;
t6 Y^vÉaSai KaXôq XP^^^' ^^* V^ àTXoaTEpi^ar| t6v k6oiiov 5
Tf^ç TTpovotaç, &()>elXe t6 àY^WT*^®^ aôxoO. 3 flapai-
Toù^EGa Se vOv ^f\ e^ttoScSv fj^îv toùç àirb xf^ç aôxfjç
êaTlaç EÎvai, oTç àpécKEi Kal Kaxà PlXATova t6v K6a^ov
&Y^vvT^Tov EÎvat, ôtKaioi Y<ip eIqiv fj^iîv auYYV*^^^^^ vé^Eiv,
eI TtEpl TÔV SOKOÛVTCOV PIXAtCOVI TTIOTEI&O^IEV oTç aÔT^Ç lO
d "EXXt^v Ôv, TTp6c; "EXXr^vaç i^iliSç, aa<})EÎ te Kal xpavÇ tÇ
axé^iaTi, StElXEKxai. 4 « napaXa6d>v y^P» ct)Tiolv, ô 8e6<;
ttQv ÎJctov îjv ôpaT6v, oô^ f)aux^«v ^^ov^ ttXt]^^eXûç 8è Kal
àxAKTOç Kivoù^iEvov eIç tA^lv fJYaYEV Ik Tf^ç ÀTa^taç,
f)YTlC76i^£voq toOto ekeIvou TxdvTQÇ &(iEivov. » "Etl ôè Kal i5
^âXXov ÎSti ^if| Si' alvLYjiATcov, ^it^ô' IttI toO aa(|>oOç XP^W
Tf)v Y^VEffLV TTapESé^axo, St^Xoi Si' Sv ô TTaTfjp aôxÇ tôv
nAvTCÙV SlEtXEKTaiTtEpl TOÙTOU JlEXà TfjV TÔv bXcûv Sr^^ioup-
Y^«v. 5 « 'ETTEiSf) Y<^p» «t^n^^» Y^Y^^n^^^ (^^Y^*- ^^ T[p6c;
Toibç Seoûç), &6dcvaToi ^lèv oôk âorè oôS' âXuxoi TÔTràjnrav, ao
Tout ce chapitre manque dans BXZ.
2 TtoXuoçeXsç D II 5 î'va àTcoaTEpTjcnr) El || 6 tô yev^Tdv El || 8 oiç
hL^vÀQZi D : xaî cm. F || 9 vijietv eljie D || 10 aÙToç 'EXXrfvojv Tcpôç
"EXXyiv fi[xaç DFG II II ripô; "EXXrivaç fjfxaç àçtXETO xaWpavw EIO :
oaipsi (te) cm. CDG j| la raparXïJaiov y*P I^ Il '4 ^lY^^ BGDEO
Il i5 TîavTsXwç à'ixetvov GDFG || 17 Y^wriaiv D : ô zaxrjp auTwv tûv
TcdtvTtov D II 18 Tcept TOU {i.6v ôcTcàvTCDV oXtuv DGFG II 19 £7:et Y*p ^r\(si
CD : Ysy^vYÎaôat GDFG.
IV
LE MONDE A COMMENCÉ
D'abord, comme il examinait la question de l'origine du
monde et croyait nécessaire de s'appliquer à trouver partout
ce dogme important et très proHtable de la Providence, il se
rendit compte que ce qui n'était point né n'avait besoin
pour une existence parfaite ni d'un producteur ni d'un pro-
tecteur : aussi, pour ne point priver le monde de la Provi-
dence, il lui enleva son caractère d'incréé. Nous prions
aujourd'hui de ne point nous contredire, ceux qui sont de la
même famille que nous et qui admettent que, selon Platon,
le monde était incréé : il est juste qu'ils nous pardonnent, si,
pour les opinions de Platon, nous croyons à ce que lui-même,
en Grec qu'il était, nous a exposé à nous qui sommes des
Grecs dans un langage clair et éloquent! « Dieu, dit-il,
ayant pris tout ce qui était visible, sans repos, agité d'un
mouvement confus et sans ordre, l'amena du désordre à
l'ordre, persuadé que ceci était supérieur à cela ». Et mieux
encore, comme preuve qu'il n'admet pas la génération d'une
manière symbolique, ni pour raison de clarté, il expose en
quels termes, le père de toutes choses s'exprime à ce sujet
après la production de l'univers : « Puisque vous êtes nés,
dit-il, en s'adressant aux dieux, vous n'êtes pas immortels ni
du tout indestructibles ; cependant vous ne serez pas
8. Gf. Introduction, p. xviii sq.
12-1^. Timée, 3o a.
l5. Gf. Introduction, p. xvii sq.
19-21. Tim., 4i b.
jm
^ *
It
*
3o
35
— i5 —
802 oCti jièv 8f| \\)Qi]aEaQz 'zf\q è\k?iç (iouXi^acoç tux^vteç. »
6 'AXX' bTTEp Ict>Tiv, -npôq ^lèv toùç IvSov f^^lv ô'no<î>eEYYO-
^lévouç, &TE ct)aouç IJvtok;, <î)lXo(; te ical iieS' fjouxtaç
•npaéaiv eXéyxolc; 5LaKpi8EÎiiEV &v. "Eolke yàp «cal toùtouç
•AptaTOTéXTiç iiETaSELvai, xf) ^lèv KaTTiYoptot toO SéYfciaToq 25
àvTioxetv àSuvTiT^avTaç, t6 8è àXôvai 86^av ôç ^^eOSoç
oô (iouXTi8ÉvTac; àva8EÎvoL nXdTovi. 7 Kaxà 8è xfjv
fj^iETépav àKof|v, à£,ioOvTOc; flXATCùvoç t6v K6atiov y^Y*»-
vévat KàXXioTov IpYOV ôtt6 toO KoXXtcTou tôv 8Tiiiiov}pYÔv,
b Kttl TÏEpiSâvTOC; TÔ ToO TTaVTèç TXOlTlTfl h<}VCi\llV bl fjq Kttl
oÔK 8vTa Tip6TEpov ETiotTiaE t6v KÔa^iov, KalTioL/|aaq ElaaEl
|iouX6iiEv6ç YE <^ûov 8ia<t>uXà£,Ei, Kal TatiTr^ 8f) y^vv^toO
Kal àq>8<ipTou Kax' auxôv ôttokeiiiévou xoO Kéa^iou, xtç
fj^iîv xôv nEpinaxrjXiKCûv xaOxa liEBaîoi ;
8 Ael 8è TTapatiu8i^aaa8ai x6v auvaYCûviaxfjv xo\3xov,
ÎSxi oô TiàvToç EÏ XL YÉyovEV, aôx6 àvdiYKTi <|>8apf^vaL, -nàXiv
8' oô8' Et XL ^if) <î>8apfiaExai xoOxo àvaYKaîov àYÉvvTixov
EÎvai. OCfxE Y^P l^^«v alxtav xÇ à(t)8dcpxç) xi^v Ik xoO
àYEvvfjxou ouYX^PTT^^oV' ®^'^^ "^^ y^vo^iévc*) xfjv eIç 8Xe8pov
C nExaÔoXfiv à6of)8Tixov KaxaXEiTixÉov . 9 n68£v oQv Ik
xôv 'ApLoxoxÉXouç Xdcôoi^iEv &v (io/|8ELav eIc; xaOxa; àvBpbq
oô XTivAXXwç oô8è Ka8' aûxèv TCEpalvovxoç x6v TXEpl xoùxwv
X6yov, àXX' eE, Ôp8oO -npôc; nXAxova Ivauxiou^évou, Kal x6
XE YEvà^iEvov eIç àvàYKTiv xoO àTToXéa8aL -nEpilaxàvxoç, x6
XE jif) à-noXXùiiEvov ek ii6vou xoO ^if) Yev£a8ai Xéyovxoç
KpaxûvEa8ai x6 ai<|)8apxov, oô \i^v oô8è 8ùvaiiiv âttoXeI-
novxoç aôxoO TiEpl x6v 8e6v, fj xP^^l^evoc; àY«0^v ^^ "^^
21 ouTt Sri D: tJ.riv oyj G || 22 çOeyroH-evouç CE H 24 8iaxpi6einH.£v
G : 8iaxptej>ii.ev El H 25 \ih om. F || 82 xs awov El : xe xaî GFG :
TauxT) oè El': Yevr)Xou G || 35 auvaYwvtaxYjv xouxov çGapriva'. D || 36
àvariri xoiSxo BGD : xouxo av çOaprivai FG|| 87 aYevrixouGIZ || 89 xou
Yivoaivou El : où'xe Y^voti-ivu) D || 4o xaxaXr,;:xéov GDEFIG || ^ i Xa6oj{x6v
BElb Xà€oH.£v GFG 1| /ia xax' aOxov GDFG : xepaivovxoç D || 45
àroXXoijxsvov I II 46 où jJLÎiv (î)ç E II 47 av xt roietaOat D.
40
45
— i5 —
détruits, par un effet de ma volonté. r> Mais comme je le
disais, avec ceux de la maison qui ne parlent que timidement
à VOIX basse, en tant qu'amis, nous pourrions trancher le
débat amicalement et avec calme par des arguments très
«aciles. Il semble bien qu'Aristote les ait fait changer d'avis
parce qu'ils ne pouvaient pas résister à Paffirmation de son
dogme et qu'ils ne voulaient pas attribuer à Platon une opi-
nion condamnée comme fausse. A notre sens, Platon juge
que le monde a été produit, œuvre la plus belle par le
meilleur des démiurges ; il accorde au père de l'univers une
puissance capable de produire le monde, qui n'existait pas
auparavant, et après l'avoir fait, par un acte de sa volonté,
Dieu le garde éternellement intact : c'est ainsi qu'il établit
que le monde est né et impérissable ! Quel est celui des
Feripateticiens qui nous garantirait cela?
Il faut faire remarquer au défenseur de ces idées que, du
fait que quelque chose est né, il ne s'ensuit pas nécessai-
rement qu il périsse. D'autre part, si quelque chose ne doit
pas pcrir, il n'est pas nécessairement incréé. Il ne faut pas
admettre que la seule cause pour un indestructible lui vient
du fait de n'être pas né, et pour ce qui est né il ne reste
plus que d en venir inéluctablement à la destruction. Où
chercher des arguments sur ce point dans l'œuvre d'Ari-
stote ? C'est un homme qui ne traite point ce sujet simple-
ment en passant ni par une conviction intime, mais qui se
pose directement en adversaire de Platon, qui réduit ce qui
est né à périr nécessairement, qui déclare que ce qui ne
pcrit point tient son indestructibilité du seul fait de
n être point né ; il ne concède point même à Dieu ce pou-
voir qui lui servirait à faire quelque chose qui n'existait pas
29. Tim 68 e : ô xou xaXXc'cxou x£ xal àptaxou Sr.atoucYoç.
35-40 Anstote pose ainsi le dilemme : to' xs àys'v.x'o SçOapxov
xa. xo a^Oapxov ar^v.xov, De Caelo. I, 282 a 3,. De même d1 Cado
1, 2«2 b I sq : xat yap avayxr), d çOapxôv Ycvrjxôv ^ ykp âWvrjxov rj
.7:exetxo... xo yap ysvtjxov xal xô <p6apx6v ixoXouôouatv àXXrfXot;.
55
6o
— i6 —
Tioifjaai 8 yàp od-no TipéTepov y^vove, toOto, <^r]aiv, oôic &v
d YÉvoiTo. 10 ToaoOTov 8è ànoSeî toO 8ià toût<ûv îioTiBEÎv
tÇ nXdiTOvoç XéY<t) ôoTE fjÔTi Tivàç Kal TÔv Tcepl nX<k- 5o
TCûvoç ecmou8aK6Tov <î)o6f|aac;, otç eÎtiev, àiTÉaTTiaE toC
86YliaToc;, of> 8uvTi8ÉvTaç auvi8EÎv 8ti KaTà ^lèv aÔTÔv
<|>tioiv Tôv Tipay^iotTCùv ?)v &veu 8eoO fiouX/jaEoc; Kal 8uvA-
jiECûc; l7XLVof]aai o«te t6 yev6iievov &<t)eapTov oôte t6 ^if)
<î>8apTia6tiEvov Y£vvtit8v Sv. 11 "Oxav 8è Tf)v àptaTT^v
Tiç alxlav l-niaxfjaTi xfjv Ik BeoO, 8Et iol<)ij]v fiy(E\i6va tôv
•nàvTttv Xa66vTa \ir\hev aÛTf|v toûv ètXXcov alxlav àTT04>alvELV
XElpova. TeXolov y^P 8i6ti ^lèv y^Y^v^ tl 8ià toOto
803 (t)8apf]vai, eI 8è 8 Beôç (iouXExai, ^t^ <J>8apfivaL, Kal 8i6ti
^lÉv Ti àY^vvr|T6v ecti Ixelv lax^v toO \x^ c|>8apfivai, t^v
8è Ttapà ToO 8eoO (iov>Xr|aLv ev8eîv Trpèc; tô &<|)8apTov
TTipf^aal Ti Tôv Y^vo^iEVOv. 12 Kal 8 ^lèv oIko86iio<;
lKav8ç oÔK oCaav oiKlav KaTaaKEudiaBai, lKav6ç 8é xiç
Kal àvSpidcvxa ^f) Svxa •np6TEpov Svxa -notflaai, Kal vaOv
b SXXoç èB, ^\r\q àpYoO TEKTr|vàtiEvoç napÉCTXE toîç 8eoiié- 65
voiç, Kal TQV &XXcov TEXviTÔv EKaoToç, hooi Y^ '^^<i
TioLTiTiKàç ^ETlaoi TEXvaq, Stiva^iiv TatiTT^V ^X^DOIV, &Ç Tl
Tôv oÔK SvTCûv &Y^Lv eIç oùolav , 8 8è Tiaii6aaiXE{)c; Kal
àpiaTOTéxvTiç, oô8' 8aov àvBpcD-ntvou texvItou 8\)vàiiECùc;
^ieBé^ei, fi^oipoç 8' fjutv nàar^ç laTat Y^véoEoç, oCk, èàv 70
YE Kal KaTà lipax^ 8Elaç alxlaç £TTiXoYiaii6v oTot te S^ev
XaBEiv.
13 'AXXà TToif^aai jièv iKavèc; Kal (JouXîiefjvai Ta KaXà
(àyaBèq ^àp, ày^^Ç ^^ oô8eIç <J>86voc; TtEpl oô8ev8ç)
TT)pf|aai. 8è Kal 8ia<î)uX(kÇ,ai Ta YEvé^iEva oô 8uvaT8<; ; Kaj^ 75
c \x^yf Kal ol XoLTTol TEXvÎTai 7Tp6q S^Kf)» iKavot. 'O ^(o^v
48 vào oGxw F : 0Ù8' àv DEI || 5o waxe Ssî El : Tzepl IlXà-ctova B ||
53 r?aYaix(ov ^iv à'v ti à'veu El || 55 ov ô DEI |1 69 Ôidii DEG || 60
çOapfjvai X II 61 7:apà ôeou E : izipi xou D H 63 îxavwç D : xaxacxeuàaaaOat
E |( 64 Kpdxepov ovxa om. I l| 65 xoi; Yevojxsvotç El 1| 68 ayeiv oùaïav
CFG : 7capa6a(jtXeuç BGFG H 71 xa\ {j.exà Ppa/^u D : xaî om. E.
^
t ^M'S.
— i6 —
encore : cela, dit-il, ne saurait être. Il est si loin de confir-
mer les affirmations de Platon, qu'après avoir effrayé ceui
qui s étaient attachés à Platon, par ses paroles il les a détour-
nés de cette doctrine : ils ne pouvaient plus admettre, en
effet, comme possible, en s'en rapportant à la nature et en
depil de la volonté et de la puissance divine, de concevoir ce
qui est né comme n'étant pas indestructible et ce qui ne doit
pas périr, comme n'étant pas né. Lorsque quelqu'un a pré-
posé la meilleure cause. Dieu, il ne doit point, s'il l'a prise
comme chef de l'univers, la présenter comme une cause
inférieure am autres C'est ridicule, en effet, que du fait
qu une chose est née, elle doive par là même périr, quand
même Dieu veut qu'elle ne périsse pas, et du fait qu'une
chose est incréée, elle a la propriété de ne point périr et la
volonté divine est incapable de rendre impérissable une
chose qui est née. Et l'architecte est capable d'édilier une
maison qui n'existait pas, un tel est capable de faire une
statue qui n'existait pas, tel autre peut avec une matière
brute construire un navire et le livrer à ceux qui le désirent'
et ainsi de suite pour chacun des autres artisans : tous ceux
qui exercent des arts producteurs ont le pouvoir de donner
existence à une chose qui n'existait pas; et le roi suprême,
le meilleur des artisans n'a pas autant de pouvoir qu'un
artisan humain et, pour nous, ne participera à aucune géné-
ration . Non, si du moins nous sommes capables de nous
taire une petite idée de la causalité divine.
Mais il était capable de faire et de vouloir le bien • « il
était bon et l'être bon n'a aucune envie. » Et il ne serait pas
capable de protéger et de conserver ce qui est produit ' Mais
les autres artisans peuvent faire l'une et l'autre ' Le
constructeur de maison et le constructeur de navires ne se
contentent pas de faire des navires et des maisons neuves,
52. Cf. Introduction^ p. xvii sq.
^^^60-67. Tous ces exemples ont été repris par Philopon. De Aetem..
74. Timée, 29 e.
■ t
— 17 —
oÎKoS^noc; Kal ô vauTiT^Y^c;, oô ii6vov icatvàc; KaTaOKEuA-
2;avTai votOc; Kal oUtac;, àXKà kolI Tatç ûti6 xP<ivou 8ia<t>eei-
po^iévaiç iKttvol (ioT^eEiv, êTcpa t«v TTe-novTiiiévcov àvTi-
KaeicrrAvTEç aôxaîc;. l "HaTE ical tÇ SeÇ TràvTCx; t6 8o
YE ToaoOTov auYXG>pn'ï^éov. 'O ^(àp tiç bXov TToif)aai
Suvaxéc;, toOto ttôç &v Ik ^lÉpouç à8\3vaToç eït^ •noiEtv ;
Kal Y^véaBai Totvuv ti 5eîv Kaiv6v, EcTTEp ^léXÀEi tiç
bXcûc; TTOLTiT^ç, Kal t6 KaX6v IpYOv TTpi>c; &TTav 8iao6-
^;Ea8aL- t6 y«P eS Y^^é^iEvov eBéXeiv X\3elv KaKoO. 15 85
d tAziCcùv 8è aXXoç eIç ocoTTiptav xôv YEvotiévcov Be.o\ibq oôk
laxiTrlçToO 8eoO fiouXf|aecùç. *H àvepco-nlvTic; ^èv <mou8f^ç
Kal (iouX/|aECû<; iiETaXaÔévxa TioXXdc, Kal ïQvy] Kal TtdXEiç
Kal IpYa, iiÉvEL xp<ivov à\ii]XOLVOv baov Y^vé^iEva ^itiket'
SvToç ToO eEXVavToç, Ta 8è Tf^ç ToO 8eoO ^xETaox<ivTa 90
Yv^iiT^ç Kal 8t' aÔT^v Kal ôtt' aÔToO Y^véïiEva, TaOxa 8è
&\jiOL TTapévToc; toO TTOifjaavToç olxna^'^**'' ^^^ ^^ -napa-
^EVEÎ ; 16 Tlvoç aiTlaç (itaaa^iÉvTiç ti?)v toO BeoO
YV(i)iiT]v ; n6TEpov Tf|ç e£, aÔTÛv tôv yevoixévcùv àvàYKnÇ ',
àXX' aÔTT] YE 'ï? -npoGÉaBai t6 Koatir|8fiva«- 't^v ek toO 8eoO 9^
Tipooco^ioXéYTiaEv oTTav. 'AXX' eE,cu8£v Tivoç alTtaç àvTa-
804 y((ùVii:,o\ikvr]c; tÇ 8eô. 'AXX' oCt' IgtIv oôte Iv oTç &<^Qr]
Kpax^aaç Kal Koatif|a«^ ° ^^^«î ^'^^ ^^^^"^ ^^ '^°^'^°'*^ *^'^^''
èXaTToOv Tivoç, EÏ Y^ l^^ TiavTàTiaai Xaveàvo^iEV fj^ac;
aÔTo^ç TiEpl Tf]q ^lEYtaTTiq Kal BeiotAttiç 8uvAtiE«c; 8iaXE- 100
Y6hevoi. 17 'AXXà Y^p eIç t6v nEpl xfjç àX^BEtaç X6yov
loUaiiEv ûnô -npoBuiilac; EK<t>ÉpEa8aL. Af^Xov ^lèv Kal 8
TipouBÉ^EBa, QÇ ouK âv eXev 8iS(4aKaXoi TiEpl K6a\io\)
YEVEGECùç ol [xr]hè. Tfjv àpxV r^v^^'-v àTToXiT[6vTE<; aÔT$.
77 où txovov xcvàç CD II 83 £l';:ep [xiXXoi BIO : eVye {xiD.oi E H 86
ULS'Xov D 11 86-87 OSA iati tiç Toîi Oeou D || 88 [j.£TaXa6dvTeç El ||
ni tauxa 8}| El : xauTa 8È àpa CFG || gS tÔ TzpoaécrOat El : r.^ooioQat
xat xoa|xri6fivai CFG : èx xou aùxoiS CFG || loi ntpi àXr.Get'aç D || 102
lo'.xa jxyjv FG.
'7 —
i
A
mais ils peuvent les protéger contre les injures du temps, en
remplaçant les parties endommagées. Il faut donc accorder
à Dieu absolument le même pouvoir, car quiconque est
capable de faire un tout, serait-il incapable d'en faire une
partie ? Il faut que quelque chose de nouveau soit produit
pour que quelqu'un soit producteur, et une œuvre belle se
conserve tout le temps : car vouloir détruire ce qui est bien
est un acte de méchanceté. Or, pour la conservation des
choses produites, il n'y a pas de meilleure sauvegarde que
la volonté divine. Bien des objets qui sont l'effet de l'acti-
vité et de la volonté humaine, les nations, les villes, les
monuments, durent un temps indéfini, en tant que pro-
duits, alors que leur auteur n'existe plus, et ce qui parti-
cipe à 1-intelligence de Dieu, ce qui est produit grâce à lui
et par lui, disparaîtra et ne subsistera pas ? Quelle cause
ferait donc violence aux desseins de Dieu ? Est-ce une néces-
sité qui découle des choses elles-mêmes ? Mais celle-ci par le
fait qu'elle s'est laissé organiser, a reconnu son infériorité
vis-a-vis de Dieu ! Serait-ce une cause extérieure qui s'op-
pose à Dieu ? Mais il n'y en a pas, et dans tout ce que Dieu
a visiblement dominé et organisé, il croit qu'il n'y a plus
rien auquel il soit inférieur. A moins toutefois de nous trom-
per totalement dans nos notions sur la puissance la plus
grande et la plus divine. Mais notre zèle nous entraîne,
semble-t-il à parler de la vérité ; il est évident, comme nous
1 avons etabh antérieurement, que ceux-là ne pourraient don-
ner aucun enseignement sur la production du monde, qui
ne lui accordent pas une naissance à l'origine.
86. Timie, 4i c.
Cf. De l Origme et de VEternité du Monde, p. 373 sq.
-» m I I II m II » » ■
P. E. XV (80U-806 b).
804 b [Kat {irjv xal Trcpi ^ç xôiv aw[i.àxa>v rJ^r.':T^; oùataç, rjv etcniYriaaxo
'AptaTOTsXyi;, Tayxa rapaOexéov.]
VII 1 riepl ^o^v TÔv icaXoujiévov aroixEtov tôv
C TTpciûTCDV aC0Jl<5cTOV OUvéaTTlKE, nXAxCDV ^lèv ÉTTé^EVOÇ xf^
TTEpl aôxà IvapyEtot, KaSdiTTEp Kal ol Tip6 auxoO, Téaaapà
TE I<f)r|aEv EÎvaL TaO-ra ô^ioXoYo^jiEva, nOp Kal yf^v Kal
àépa Kal ôScop, Kal Ik xotixcùv ouy^P'-vo^iÉvcov Kal xpeno- 5
^lévov xà Xomà yevvaaBat. 'ApiaxoxéXT^c; 8é, 6q Ioikev,
èXntaaç TiEpixxàxEpoç <|)avEÎa6ai xô <f>povEÎv eï xi aû^ia
Ik TTEpLXxoO TTpooBEtTi, TTpoaKaxTiplS^iTiac xoîq <()aivotiévoL<;
xéxxapai aojiaai xfjv txé^tixtiv oôatav, -ndcvu ^lèv Xa^iirpôç
Kal <))iXo8(i)poç xf] <|)t&<jei xpTl<J<itiEvo<;, ^ii?| auviSàv 8è ÎSxi 10
d oô vo^ioeEXEÎv BeI cJ>uaLoXoyoOvxa, xà Se xf^ç <^<}ae<dq aôxf^c;
âE,iaxopEÎv. 2 Elç xotvuv xf)v àîréSEiE^iv xoO xÉxxapaç
EÎvai xàç TTpcibxaç xôv acdtiAxov cJ>i&aELÇ, î)ç 5i?| XP^^* ''^^^^
nXaxoviKOtç, oô ^6vov oôk &v ouvxeXoÎ xi ô nEpiiraxT)-
XIK6Ç, àXXà oxeSôv Kal \ji6voç Ivavxioîx' &v. AEy6vx(*)v i5
yoOv ifJiiôv 8x1 -nSv aô^ia î\ 9Epji6v f) vjjuxpov, f) £,T)p6v f)
ûyp6v, f\ tiaXaK6v f\ qkXt^pôv, f\ koO<})ov f\ |iap\3, f) àpaièv
f| TTUKv6v, Kal EÔpiaK6vxo)v bxi OÔK &v IxEpov eIt] xi x6
^ie8é^ov xotixcov xiv6ç napà xà xÉxxapa* eI jièv yàp 8Ep^6v
I. Ce texte est donné par tous les mss. La plupart des éditeurs
ont ainsi corrigé : axoiyei'wv IÇ wv Trptoxwv atôtxaxa ouve'axrixc, ce qui
est plus clair || 3 âvspYeta BGDEI || 4 tcuo (y.at) om. BGX : xéxxapa
sTvai hf\az XZ |1 6 kXrdaixi w; eoixsv I : wç eotxe Se E || 8 T:ptjaxax.
om. X II 9 xfjv oùai'av 7c^[x;cxyjv I || 11 vo;xoOexeîv /_pri B || la taxopelv
X : xrjv om. F jj i3 xà; çjceiç XZ : oT; 8r) GDG || i4 auvxsXeî B :
auvxsXo^Yl E : jxdvov FXZ || 16 ouv B || 18-19 oxt oùx sxepdv xt sI't] xô
pcO^Çov BGFG.
I. Aristote a traité la question du cinquième élément dans les
chap. III, IV, V, du livre 1 du De Caelo. Il l'appelle éther, oùpavoy
LE CINQUIÈME ÉLÉMENT
Au sujet de ce qu'on appelle éléments, principes dont les
corps sont formés, Platon cédant à l'évidence sur ce point,
tout comme ses devanciers, affirme qu'il y en avait quatre
admis communément : le feu, la terre, l'air et l'eau, et que
tout le reste se formait de leurs combinaisons et de leurs
transformations. Or voici qu'Aristote, dans l'espoir, semble-
t-il, de passer pour un esprit supérieur, en ajoutant un
corps extraordinaire, augmente d'une cinquième essence le
nombre des quatre corps visibles : ce fut de sa part beau-
coup de munificence et de générosité envers la nature ! Or, il
ne se rendait pas compte que ce n'est pas au naturaliste d'édic-
ter des lois, mais seulement d'analyser avec soin les phéno-
mènes de la nature. A la démonstration usitée chez les Pla-
toniciens du fait qu'il y a quatre éléments primitifs des
corps, le Péripatéticien ne saurait contribuer en quelque
chose, bien loin de là, il apporterait presque, et lui seul la
contradiction. Nous disons donc, nous autres, que tout corps
est chaud ou froid, sec ou humide, mou ou dur, léger ou
lourd, clair ou dense : nous trouvons qu'il ne saurait y en
avoir qui partici pe à ces qualités en dehors des quatre élé-
xat à'axp.3v oCai'av aîÔs'pa xaXoufisv, 893 a 5. Premier corps, x6 ;cpâîxov
aojjxa, ;^.. 287 a 3, 391 b 32. Le corps éternel, xô àfStov xô (ïv<o
acofxa. De An.. Il, 4i8 b 9-13. Le corps divin, xô ôerov crà>j.a, xà Gaa
aa,{..axa, aàS.aa ôscoxepov xcov xaXoufxivtov axot^^EtW, xà ç.pôasva
Ôet« ao^^axa xaxa xov oJpavôv, De Caelo, II, 286 a 11, 202 b Sa
391 b ,6. Meta., X, 1074 a 3o. C'est un corps dans lequel résidenî
les dieux, et comme ceux-ci sont immortels, leur demeure Test
aussi, xco aGavaxw xô àOavaxov auvT)pxr){jLivov, De Caelo, I, 270 b o
4. Timee, 48 b. . ' ^'
— 19 —
f| TrOp f) àf|p, eI 5è ipuxp4v, (SSop ^ yf], Kal el ^lèv ^T]p6v, 20
805 TiOp f) yf^- el Se ûyp6v OÔcop fj ài]p' Kal el ^lèv ^aXaK6v à^p
f\ TtOp- el 8è aKXT]p6v SSop f\ yfj- Kal koO<|>ov jièv Kal
àpaiév, TrOp Kal à/|p- fiapù 5è Kal ttukv6v, fib(ùp Kal yf|.
Kal Ik tôv &XXqv 6è drtaaQv tôv àTrXcov ôuvdc^ecùv Kaxa-
vooûvTCùv cùç oÔK &v ctr) napà TaOxà tl aô^a cTepov 25
oOtoç ÀydicraxaL ^6voç, (|>($caKa>v Si^vaaBai acd^a eîvai
TOi&Tov a^iOLpov aô^ia, ^ii^xe |iap\3, ^i^Te ko04>ov, lii^lTe
jiaXaKÔv, ^if)Te QKXr^pôv, ^i/jTe ûyp6v, àXXà lirjTe £,r|p6v,
^ovovou^l Xéycûv aô^a oô ooà^io. T6 ^lèv yàp Svojia Kaxa-
XéXoiTiev aôxÇ, xàc; Se Suvà^eiç, Si' Sv aô^a Txé<|>uK6 3o
b ylvea9aL -ndcaac; à(|>]f)pT)Kev. 3 "H toIvuv fjliaç &Tiep
aÔTèç Xéyei ttcISov à<|)aip/)acTaL xfjq nXdcxcovoq yv6jir|ç, f)
tA nXdcTCùvoç 3e6aio{)^evo(; tôv aôxÇ Sokoùvtcov ànocrTf|-
CETai* ôaxe oôSajif] xpi^anioç Tipèç xà toO FIXàTovoç.
4 "Etl ^lèv ô nXdcTcav TtdivTa xà aQjiaxa, &xe cttI ^it&ç 35
ô^oiaq ôXriç 6ea>po\3^eva, ^oOXexai xpéTieaSat Kal ^lexa-
BdcXXeiv elç &XXr|Xa* S Se ItiI ^èv xôv SXXcdv oôalav àTraBfj
Kal &(|>8apxov Kal axpcTTXov ttAvxgx; à^tot, tva Si^ \x^
eÔKaxa(f>p6vr|x6v xlvoç npàyjiaxoq yevvr|xf|c; eîvat SoKfj,
C Ti6pixx6v ^èv Kal tSiov TravxàTraat Xéycdv oôSév, xà Se ôtt6 4o
nXàxcûvoc; Itt* &XXcûv ecûpa^éva KaXôç ^iexa(|>cpcov ènl xà
\xf\ Tipoa/|Kovxa, KaSdiTrep xtvèc; xôv Oaxepov yevo^cvcov
&vSpiavxoTTOi£dv. 5 'EKetvol xe yàp àno^i^T^aà^evoi
xoOSe xoO àvSpiàvxoç Ke<J>aX/)v, SXXou Se xô axépvov,
Ixépou Se xf|v ^<lbvrjv, elç xaôxSv auvBévxeq èvtoxe \Jii\ 45
TTpoai^Kovxa Tcpày^iaxa àXXi^Xoiç, l-neLcav aûxoùç ûç xi
a3 oTov r.up BGDEI || a5 qjx «v eIV, ti Tzapà DEOZ I| a8 àllk
{i.r|T£ Çinpôv om. I II 3o 8t' wv tcsçuxs X || Sa à^arprlcsiat Soxouvttuv ,
BGFG : IlXa'xwvoç 5oÇt)ç XZ || 35 "Ext 6 [ih ô nXaxtov OZ || 36
xaî om. GDFG || 38 Tcavifov àÇîot I : tvaSs B ]| 39 ècpeupr^xf,; BXZ :
yevriTrjç G || 4o 6;:ô om. Z || 4a "^t^'v uoTipwv D || 44 "coù 8'= tou àvSpôç
D II 46 coî Tl om. El : àXXo'.ç enstaav XZ.
w*^
^ ÎQ —
menls : s'il est chaud, c'est du feu ou de l'air ; s'il est
humide, il est eau ou air ; s'il est mou, il est air ou feu.^ s'il
est dur, eau ou terre, s'il est léger et clair, il est feu et air ;
s'il est lourd, il est eau et terre. A la vue de toutes les autres
propriétés simples, nous concevons qu'il ne saurait y avoir
aucun autre corps que ceux-ci. Et lui, tout seul, se dresse
en contradicteur et déclare qu'il peut y avoir un corps
dépourvu de ces qualités qui ne soit ni lourd ni léger, ni
mou, ni dur, ni humide ni sec, autant dire un corps qui
soit un non-corps : il lui en laisse, en effet, le nom, mais lui
enlève toutes les qualités qui font la nature d'un corps.
Alors, ou bien il réussira à nous persuader par ses paroles et
nous détachera de l'opinion de Platon, ou bien il nous affer-
mira dans les idées de Platon et nous détournera de ses
propres opinions, si bien qu'il n'arrivera à rien contre
Platon.
Platon prétend aussi que tous les corps, qu'il considère
comme formés d'une matière homogène, se changent et se
transforment les uns dans les autres : et lui, en plus des
autres, admet une essence impassible et totalement im-
muable : il ne veut sans doute point passer pour le père
d'une invention méprisable. Et pourtant il ne dit absolu-
ment rien d'extraordinaire ni d'original, et se contente de
transposer, sur un objet auquel elles ne conviennent pas, les
observations exactes de Platon en d'autres sujets. C'est tout
à fait la manière de certains sculpteurs modernes : ceux-ci,
en effet, ont reproduit la tête de telle statue, le buste d'une
autre, le bas du corps d'une troisième, ils réunissent tant
bien que mal ensemble des éléments qui ne s'harmonisent
point les uns avec les autres, puis se persuadent eux-mêmes
qu'ils ont fait quelque chose de personnel ; en réalité, l'en-
43. Les éditeurs d'Eusèbc remplacent le terme àvSctdivTOç par
avSpdç et le texte d'Atticos rappelle ainsi celui du début de VEpUre
aux Pisons. Humano capiti cervicem pictor equinam, jungere si
velit etc. Mais le manuscrit donne àvoptavxo?, ce qui fait d'Aristote
un pagiaire et un vulgaire copiste sans originalité; c'est bien
semble-t-il, la pensée d'Atticos.
■ M- .-in»>m i! H i »w ii f.- | " "i w'<w *w< -i " I »
►MWniiiiW'J'M*'*
4
— ao —
ti£ttoit)k6t£ç tÔiov Kal SvTCDc; t6 ^èv îiXov, 8 8/| Ttç Ôv
d àou^niéTpcûç Ix^*-^ alTiàaaiTo, IgtIv aôxôv, xà S' Iv aôxÇ
ouvT)piatiéva icat xi KaX6v Ixovxa oôk «ôxôv. 6 'Cloaùicùç
Ôè Kal *ApiaxoxÉXr|(; âkoi&ov flXàxovoç bxi laxt xiç odala 5o
Ka8' aûx^v vot)x/|, àa(i)^ax6c; xe Kal àxp(«>^axo(; Kal
àva<|>f|ç, oOxE yivojiÉVT] oCfxe (|)8EipoiiévT^, o{Jxe xpETTojiévT^,
O0XE ^lExaôaXXojiévT], àeI 5è Kaxà xà aôxà Kal 6aaùxoç
IXow<ya, TKÎiXiv S' aî5 TiEpl xôv Kax' oôpav6v âkoi&cov, àç
Svxa 8EÎa Kal &<|)8apxa Kal àTTa8fj laxi a<i>jiaxa, auvé8r|KE 55
Kal auvEKéXXr^QEv 1^ à^i<j)oîv Tipécy^iaxa \if\ auvcJLSovxa*
TTap' ov jièv yàp x6 EÎvai aô^ia, -nap' Sv 5è x6 àTTa8Èç
EÎvai Xaôcbv, oô^a à'na8è<; IxEKx/jvaxo. 7 'EttI jièv oOv
xôv ÀvôpiAvxov, eI Kal ^if) KaX6v x6 Ik xôv Siac|)Ep6vxcûv,
oCfxi yE àSùvaxov yEvéa8ai. AiSàaKEi yoOv xà xoiaOxa Kal 6o
"Ojiripoç a S(i^axa ydtp, (^r]ai
806 Kal K£(|)aX]p)v ïkeXoç Ail XEpTiiKEpaOvç)
"ApEL Ôè CàvT]Vy axépvov Ôè floaEiSàcdvi. »
T6 8à a5>\jL0L àTia8èç oôk &v ttoxe yévoLxo. na8r|xf] yàp
Kal xpETTxfj cuvSeSe^evov <p<}aEi dvàyKT]v I^ei au(iTTa8Etv <^ 65
ouvé^EUKxai. El Ôé xi &'na8èç eït), xoOxo &c{>£i(i£vov Kal
£Xeil)8epov à7i6 xoO xtàaxovxoç EÎvai ÔeI* ôqxe X**^P^Ç ^^
eXx] xfjç OXt^ç, îjc; KExopia^iÉvov àacbjiaxov àvayKalcùÇ
ôjioXoyoîx' Sv.
48 xà 8' Iî:' aùtôi D || 49 «Juvrjpaatxéva GF || 5i vor^TT) xaô' auTTjv
GDFGF jj 53 waautwç BiSaaxet youv B || 54-55 wç av xà ôcîa I || 62
TxsXXo; B II 63 à'pTt Ss ^oSvtjv I || 65 I/ei (juaTraôï^aciv I passe à xai
IXsiiO-.
V
— 20 —
semble, dont on pourrait critiquer le manque d'harmonie, est
bien leur œuvre, mais ce qui n'est point d'eux, ce sont les
pièces ainsi rassemblées et ce qu'il y a de bien en elles. Voilà
bien la manière d'Aristote : il entend dire à Platon qu'il
existe une essence intelligible en elle-même, incorporelle,
incolore, intangible, sans naissance ni corruption, sans chan-
gement ni transformation, demeurant éternellement et iden-
tiquement la même : et, d'autre part, il entend dire des corps
célestes qu'ils sont indestructibles, impassibles : alors il
réunit et accole ensemble ces deux objets qui ne s'accordent
point. D'un côté, il prend la notion de corps, de l'autre, celle
d'être impassible, et invente un corps impassible. Dans le cas
des statues, le composé d'éléments hétérogènes n'est pas beau,
je le veux bien, mais au moins son existence n'est pas im-
possible.N' est-ce pas l'enseignement d'Homère à ce sujet? Il
dit en effet :
« Par les yeux, par la figure, il ressemble à Zeus qui se plaît à
lancer la foudre,
à Ares par la taille, à Poséidon par le buste. »
Mais le corps impassible ne saurait exister uni à une nature
passible et variable, il subirait nécessairement les impres-
sions de l'élément auquel il est uni. Pour qu'il y ait quelque
chose d'impassible, il lui faudrait être tout à fait séparé et
délivré de ce qui est passible : si bien qu'il serait en dehors
de la matière et ce qui en est séparé serait, de l'avis una-
nime, nécessairement incorporel.
^ 5o-53. Phhdre, a47 c : ^ yip à/paSjxatdç te xa\ oi<r/riiidz:<7xoç xaî
avaçTjçouai'aovTûiî^u/^^ç oucra xu6£pvr[T7) [xo'vw Osax^ v^i ; Soph., a46b:
V0T)Ta axTa xal cxaoijxaTa dBri ; 248 a : r.pàç tf^v ê^vxto; ojcrtav, ÇJv kd
xaTa xauxà waautfoç eyetv opaié.
54-55. Timée, 4ob': Sa* à;cXav^ tôv à'axpoiv ^Ga Ôeta ^vxa xa'.
aîSta xa? xaxà xaûxà èv xaûxw <7xp£ço>eva ksi ^ivi; Lois, 886 d :
ijXtov xe xal asXrfvrjv... ôyç Ôsoùç xai Oeia ^vxa ; Def. XII, û5o d •
TjAtov e>a0at xat xoùç àXXouç 0£o-i;.
61. Homère, Iliade, II, 478-479.
806 b
P. E. X V (806 c-808 c).
["Etî y.ctl touTot; rpoV/ wucv tov votîv èv ojo'î àXXot; otaç£p£oOat tw
nXatwvt TÔv 'AptoTOTsXriV raptatnaiv.l
tatrjaiv.]
C VIII 1 "'EireiTa toùtolç eTTÔtiEva TioXXà èv oTç SLa(f>É-
povxai, ô jièv Y<ip <|)T^ac Ta Kax' oùpav6v t]?|v nXelaTT]v
ISéav Ik 7Tup6çfx«^v, ô aè unSa^fj nEXEÎvai toîç oôpavtoiç
TTupéç. Kal ô jjiÉv <|)r|OLV avariai t6v 8e6v <|)ô<; èv Tfj
SsuTépa Tip6ç yf]v TTEptdÔo, tv' Sti nàAiora eIç &TTavTa 5
4)atvoL xèv oôpav6v -nepl i^Xtou t6 toioOtov àTio<|>aiv6tievo(;*
ô 5é, &TE oÔK IBéXcov TTOp eTvai t6v fjXiov, t6 5è <|)ô<;
ElSàç TTOp ica8ap6v, fj ti TTup6ç Sv, oôk ettitpéttei <f>û<;
d TTEpl aÔTàv àvf^<|)8ai. 2 "Etl ô ^év, kolt eTSoç à<î)8apatav
ATTovéïiov Toîç koit' oôpavèv ôtTTaaLV, àTTox«pf)aEL<; xivàç 10
aÔTÔv Kal TTpoaxcapriaELÇ au^^éxpouç <|>r|al Y^vEa8ai-
àvaYK<i2;ouoL Se aÔTèv XéyEiv TaOxa, Tàç ^èv àTToicptaEiç,
aï TE àKTLVEÇ ToO l^XtoU Kttl 8Ep^l6TTlTEi; KttTà àTT^ppUGlV
aÔToO YLvé^iEvaL- tAç 8è TTpoaKplcEiç, i^ Xar] toO tiEYÉSouç
aÔToO <|)<iCTLÇ- oô ^(àp &v fj8EXEv laa <|)atvEa8at ^r\Bèv i5
àv8' ôv à<pir]ai XauBdvovTa. 3 'O 8è 'ApiaTOTéXT]c;
ttAvtti ^lévEiv IttI tî^ç aÔTÎ^ç oôalaç aÔTà lîoûXETai, ^i]TE
Tivôç aÔToîç àTToxopoOvToç, ji/|TE TipoaiévToç. 4 "Eti
I xo-JTOu p : Èv oTç ;:oXXà ^taçspovTat D [| 3 ô 82 |xrî El || 5 ;rp6ç
T^Y^ X : rpôç t;^ zsptoStoI || 6 oa:voi-:o EF ; çat'vei GX : u^ioyatvdaevoç
CFG li 8 rup cicyov BGDEFGJOZ : kmr.pir.ei X |i 9 à-f GapatW B ||
10 àro/_(opricstv B II 1 1 a'^fxjxetpov G jj i3 or ts ax. GG || i4 xàç 8è à;:o-
xpiaetç GX : ^EyiOou; aÙTwv GDFGZ || i5 oajtç BE : (pauaiç EIXZ ||
16 XafxSavovrai El : 6 |j.èv ABDE || 17 ;ravta (/ivety XZ.
3. £X r.\jp6ç e'xs'v, TiWc, 4o a ; Aristote, De Caelo, I, 269 a 2 sq/
4. TiWe, 39 b: cpwç ô Oso; àv^'^sv sv x^ rpôç y^v SsuiÉpa tûv
reptdStov, 8rj vov xexXTjxaasy f^Xiov.
6-7. Dtf/., 4ii a: "Hl'.o; r,up oùpavtov ; Sop/t., aaod : To vuxxs-
ptvôv rpôç TTupôç çw; ytyvoVevov ; T/m., 4oa: IIXiÉaTrjV iSe'av Ix Trupôç
àrrjpÇaTO, or,o\; o -.i XatA^poTaiov ÎSstv Xc xaXXiaxov eVï). Les
Stoïciens emploient aussi des expressions semblables, Arn., II,
VI
DU MOUVEMENT DES ASTRES
En plus de ce qui précède, il y a bien des points sur les-
quels ils diffèrent : l'un affirme que les corps célestes sont
formés principalement de feu, l'autre, que les corps célestes
n'ont absolument rien du feu. L'un dit que Dieu alluma
une lumière dans le second cercle par rapport à la terre,
afin de faire briller le ciel entier de l'éclat le plus brillant
possible, propriété qu'il attribue principalement au soleil ;
l'autre, en homme qui ne veut point que le soleil soit de feu,
et pourtant il sait bien que la lumière est du feu pur de
tout mélange ou une propriété du feu, n'admet point que la
lumière lui soit inhérente. Plus encore : l'un attribue l'im-
mortalité à tous les corps célestes, en considération de leur
forme, et dit qu'il se passe en eux des déperditions et des
augmentations en proportion égale. Voici ce qui le force à
s'exprimer ainsi : pour les désagrégations, ce sont les rayons
de soleil et les vapeurs brûlantes qui s'en dégagent ; pour
les récupérations c'est sa grandeur apparente, toujours égale
à elle-même ; il ne veut pas admettre, en effet, que des corps
qui ne reçoivent rien en échange de ce qu'ils perdent puis-
sent paraître égaux. Aristote, lui, veut que ces corps [gar-
dent toujours la même quantité de substance, parce que
rien ne s'en échappe et rien ne s'y introduit.
i36, 33 : 'O TjXtoç rup EiXtxpivsç ; 199, 26 : xôv f^Xtov ^wov ovxa
7:uptvov.
7. Aristote, De Anima, II, 4i8 b 11 ; II, 4i8b 9, 419 a 11. De
sensu, 439 a 18, etc.
II. Tim., 4oc: yopeia; os xouxwv aùxwv, xai rapa^oXàç aXXrJXtov
xaî ;c£pi xà; xûv xuxXwv ;;pôç âauxoùç âjcavaxuxXTjagtç xat ::poa)(^wprJaetç.
Séx'
♦<,
il
— aa —
ô jièv Tipèç Tf| Koivf] KLv/|aci TÔv &aTptov, icaB' îjv Iv Taîç
a<f)atpai<; IvSeSe^iévoi KivoOvTai TràvTeç ol ÀOTÉpeç oX te 20
807 àTtXaveîç Kal ol TtXav<i>jiEvoL, ical iTÉpav aôxotç Klvr^aiv
àTToStSttaiv, îjv Bi\ «xi àXAcûç KoXXtaTTiv EÎvai aujiBéÔriKE,
Kal TTpoai^Kouaav aÔTÔv Tfj <p()a£i toO ao^iaToç' a<pOLipi-
Kol yàp SvTEÇ ElKéTCdç a<|)aipiKi?jv &v Tiva Ktvr^aiv iKaoroc;
KIVOÎTO TTEplSlVOlJJlEVOÇ. 'O 8è Ta\JTT]<; à<|)aipELTai Tf^Ç 25
Kivi]aE<ùq aÔTotiç, fjv àq Ijiipuxoi KivoOvxai, ^6vr\v 8è
ÀTToXeItTEI Tf]V ÛTX' &XX(*)V TÔV 1TEplE)(<5vTQV dSoTTEp ÀU/I^^OK;
au^Batvouaav. 5 Kal Sfj Kal <pr\ai t^v ylvo^iévt^v <|)av-
b Taalav /j^iîv àttô twv àaTÉpcov «ç kivou^iévcûv, ttABoç EÎvai
'rf]ç fj^iETÉpaç ôvpEcoç àSuvaxotiaT^ç Kal oSonEpEl QEio^iÉvqç, 3o
àXi^ÛEiav ôè oÔK etvaf ôoTTEp nXàxcûvoç àno xaûxr|q xf^ç
<|)avxaata(; x]?|v ôrtèp xf^ç Kivl^aECûç nlaxiv XatiÔàvovxoc;,
àXX' oÔK ànb xoO Xéyou, xoO SiSàaKovxoç 8x1 àvàyKi]
xotixov êKaaxov ^ôov 8vxa, Kal ^^ux^^ ix®^*^* "^^^ aôjia
KtvEÎaSai xf)v IStav KlvrjaLV -nav y^p aQ\xoL S ^lèv Iê^oBev 35
t6 KivEÎaBai &4»uxov, xÇ 5è IvSoBev Kal 1^ éauxoO,
20 èvBs^ujXc'voi DI II 24 st'xoto); om. D || 25 ô oï /.al tay-CTj; I || 27
TYiv Ot:' àXXrJXfov DEFGIO H 3o o>; Tigptaeroasvyjî G || 35 {xlv yàp
awfjia DFGO : xaî cj(3;/a o, {jlèv eÇwOsv B || 3*6 £v§oO:v aOiô èÇ aOiou
DFGIXZ : aùxou èÇ auToj Êl.
lauTw
19. Tim., 38 e-d.
ai. Tim., 4o a : x-.vrjas'.; 82 ouo ;:poaf;^j/ev éxàaTto, xrjv txev èv
UTw ; Plotirij H, 12, i : Kai IIXaTtov 83 toiç aaipot;, où [jlovov ttjv
{AEtà Tou oXou açatpixrjV xtvrjatv àXXà xaJ éxâaTto 8t8(oat ttjv Tcept xô
xsvTpov aOiûv.
22. Tim., 34 a.
25. De Caelo, I, 274 a 2 sq. ; II, 289 a 17 sq. ; Aristote, De Caelo,
II, 284 a 27 sq. : 'AXXà {ATiv où8' 6::ô «J/u/^^ç Ej).oyov àvayxa^ouar);
[xsvsiv àt8tov oùo£ yàp xyjç «j/u^Tiç oTdv t' £ivat ttjv Totaûxyjv Çtof)v
àXyxcov xaî {xaxaptav. 'Avày^Y) yap, xal xrjv xivr,atv, (xeià ptaç
ouaav àa)(^oXov slvat, xal ra(j7)ç àîrr^XXayfxivTiv faaxojVTjç luçpovor
erye. [atj8' a»a;:£p xr} t|;uyï5 x^ xwv Gvyjxwv Çojwv, éaxtv àva;:auatç, ^
Tcspt xov uTTvov Y'vofxsvr, xou aoS{xaxo; avsa-.;- àXX' ivayxarov *IÇtovd;
xtvo5 [xotpav xaTe'yE'.v aijxr,v à(8iov xa? àxpuxov.
29. De Caelo, II, 290 a 17 sq. : 'U yàp o«{*'.; à;:ox£ivo{x^vr) [xaxpàv
— aa —
L'un, en plus du mouvement commun des astres, mouve-
ment selon lequel, fixés dans leurs orbites, tous les astres se
meuvent, les astres fixes aussi bien que les planètes, leur
accorde encore un autre mouvement, qui se trouve être le plus
beau en même temps qu'il convient très bien à la nature de
leur corps; comme ils sont sphcriques, il est naturel que
chacun d'eux puisse se mouvoir d'un mouvement circulaire,
en tournant sur lui-même. L'autre leur enlève ce mouve-
ment qu'ils décrivent comme des êtres animés, pour ne leur
laisser que le mouvement des autres êtres qui les entourent,
comme s'ils étaient inanimés. Il dit même que l'imagination
que nous nous formons des astres, en nous figurant qu'ils
sont mus, est une illusion produite par la faiblesse de notre
vue, pour ainsi dire vacillante, mais qu'il n'y a rien de réel.
Comme si Platon avait fondé sa croyance à ce mouvement
sur les données des sens et non point sur la raison, laquelle
nous enseigne que chacun de ces corps, par le fait qu'il est
vivant et possède une âme, doit mouvoir son corps d'un
mouvement particulier : en effet, tout corps qui reçoit le
mouvement de l'extérieur est inanimé, celui qui le reçoit de
l'intérieur et de lui-même est animé, et s'il est mû, en tant
que divin, il se meut du mouvement le plus beau: or le
mouvement le plus beau est le mouvement en cercle ; c'est
IXiaa£xat 8tà xy;v à<TO£v£'.av, ojcsp ai'xtov raw? xat xou axtX6£tv çatv£a6at
xoùç iaxs'paç xoùç lv8s8£(jLévou;, xoùç 8e JzXavrjxa; jjlt] (jxtX6etv oî fxsv
yàp TcXavrjXEç lyyùç E'.atv o'iax' £yxpaxr,î o-jaa r.pàç aùxoùç içtxvEixai fj
o^iç. npôç 8è xoùç }i.£vovxaç xpa8aiv£xat 8tà x6 (J.rjX05, â7:ox£ivoa£vrj
noppoi Xiav. '0 8È xpo{j.oç aùx^ç, tzoui xou àaxpou Boy.îh îhcn xrjv
xivTjaiv où0£v yàp 8tao£p£t xtvEiv xf,v o<}tv, r| xô ôpoSuiEvov.
33-3A. Lois, X, 896 a : izel^ y£ àvEçavrj ('|uyr)) {A£xa6oX^; X£ xai
xivr)«oiç àrijT); atxia à;:aaiv j 896 e : "AyEt [jiv 8r) <[*u/7) jcavxa xà
xax* oùpavov xal yfjv xa) OaXaxxav.
34. Lois, X, 896 a : xtvrj(j£wç ànd'sriç atxfa aTcaatv («fuy^î).
36. Phèdre, 245 e : w 82 ((jaSfxaxi) IvSoOev aùxô èÇ auxoîî (xo xtvEi-
aÔat) ; 2^6 b : jcàaa f^ <|/uy rj Tcavxo; £;ct{jL£X£ixai xou àtj^uy^ou ; Tim.,
3o b : (xoapov) IÇtoov ejjLtj/uyov. Le ciel reproduit les mouvements de
rame, qui se meut elle-même, x^ xaxà xauxà xal Iv xaùxw Tceptayo-
{jL^vrj xivïjggt.
it
I
11
♦
'.
— 23 —
EtllpUXOV KIVOI&JIEVOV SE, &TE 8eÎ0V OVTa, T1?|V KoXXtaTTiv
icivEîa8ai KlvT^aiv KaXXtaTT^c; S' oîiax]c; i^q Iv kIjkX^
c Kiv/|aE(aç, TaiL»TTi aôxôv KLVELa8ai. 6 *H ôè alaBr^atc; xà
jièv EK ToO Xéyou ^lapxupoÎTO &v cbç àXT)8E\3ouaa, oô ^if]v ^o
aÔTf) TiapEoxE Ti^v ttIotiv xf^ç Ktvf|aECûc;. flEpl 8è xfjç xoO
Travx6ç Kivif|aECj<;, àç jièv oôk Iv kûkXo xlvI y^VExai,
viK^^iEvoç ÛTiô xf^ç IvapyEtaç oôk Ioxev àvxEiTtEÎv nXàxovi,
TTapEL^e Se KàvxaOBa Sia4)opàv aôxÔ x6 KocXèv E\5pT]^a xoO
ocS^axoç. 7 *0 jièv yàp PlXdxciv, &xe 8vx©v XEXxàpov 45
QCùjidxcùv Kttl TTdtvxttv, <|)\3aEi KLVoujiévcov à-nXfjv Kal EÔBEÎav
Ktvr^aiv, Tiupôq ^làv ènl x6 lKx6q, yf]c; IttI xô tiÉaoç, xôv Se
àXXcùv ItiI x6 ^lExa^tS, xf|v Iv KiiicX<}> «Ivï^aLv ànéScoKE xfj
d v|;uxfî- ô S' fJTTEp &XXg) acbjiaxi &XXt]v, otixcû 5è Kal xfjv Iv
kùkXû), KaSàTTcp a«jiaxLK/)v xLva, xô TiÉjmxcp TTpoaévEniE 5o
a<i>tiaxi, Ttdcvx' eôk6Xcoc; aôx6v l^aTraxf^aac;. 8 Toîç jièv
yàp Itc' EÔBElaç kivou^iévoic;, al (5ap\3xr)XEc; Kal koi)<}>6xtixec;
x]?|v àpxi?iv xfjç Kiv/|aECùq napEtxovxo, x6 8è TTÉtATTXov
oôjia, ^if)XE fiàpouç ^EXÉxov, tifjXE Kouc|)éxT)xoç, àKLVTiatac;
^aXXov. 9 Oô xf)ç Iv kOkXw KLvf|aEoc;, xoîç Itt' EÔBElaç 55
Kivou^iévoiç xô axf^^ia xf)v alxtav Ix^i xf^ç KivfjaECûç,
àXX' f\ ^0711^' aô^a oô ^6vov xeBIv Iv ^égcd xlv6ç ê^iolou
oôx t^EL Tif] kXiBt], àXX' Iv kùkXcù TiEpixEBèv ÔTiot9 xivl,
oôx t^Ei xfjç IttI XL KXlaECûc; alxtav,
808 eïx' IttI SeB,^ loat, Tipèç fj« x' fJEXiév xe 6o
eIx' Itt' àpiaxEpà,
EÏXE TTpéoco, eïx' ÔttIgoû. 10 "Exi xoîç jièv fiXXoiq Qcb^iaaiv
37 Ocdvta CDEFGI || Sg aÙToxtvcïaOai DEFGIZ || 43 èvepyeiaç
DEFGI II 44 ejpejxa I: Bta^opàv to zaXôv touto £Ûpr,ijLa O || 53 ttjç
xtVTiaewç Trjv àpyyjv GDFOXZ || 57 àXXy) fo?:/) F : aoiijLa yâtp BX : où
(xovov ÊV {xdvotç B : èv {i^ato têGev ôpioiou xivd; BGFGE || 60 èxi oeÇt'av
ttojtv D : SsÇt'a BEIOZ.
38. Tim., 89 a : tôîv 0* au xtvrlcctov y; Iv éauTto 09' éauTou àptaxT)
xt'vTjatç* {j.aXtaTa yàp xr) oiavoYjTtx^ xai t^ tou ravxôç xivr|a£i auyY£VT)ç.
39. f( 8è ataOricri;, etc., rappelle la formule aîaOrjaet... àXoYto, de
Tim., 38 a, 69 d j P/k7.. 35 a.
^
^
- 23 -
donc sous cette forme qu'il se meut. Les sens pourraient
confirmer les déductions de la raison, car leurs données
sont vraies, mais ils ne fournissent pas par eux-mêmes la
croyance ferme à l'existence du mouvement.
Sur la question du mouvement de l'ensemble, lequel se
fait en cercle, vaincu par l'évidence, il n'a pas osé contre-
dire Platon ; et cependant, même sur ce point, sa belle décou-
verte du cinquième corps lui fait trouver le moyen de s'en
écarter. En effet, Platon, s'appuyant sur ce fait que les corps
sont au nombre de quatre, que tous, par nature, se meuvent
d'un mouvement simple et en ligne droite, le feu, vers
1 extérieur, la terre, vers le centre, les autres, vers un point
intermédiaire, attribue à l'âme le mouvement circulaire. Et
l'autre, pour le même motif qui lui fait attribuer un mou-
vement propre à chaque corps, attribue au cinquième corps
le mouvement circulaire, comme si c'était un mouvement
naturel à un corps : en tout cas, il s'est laissé facilement
induire en erreur. Les corps animés d'un mouvement recti-
ligne ne tirent point de leur forme le principe de leur mou-
vement, mais de la pesanteur et de la légèreté. Or le cin-
quième corps, qui n'a ni pesanteur ni légèreté, a plutôt, par
là même, un principe d'inertie. Un corps enfermé dans un
corps semblable à lui, non seulement ne pourra osciller
d'aucun côté, mais, enveloppé dans une sorte de cercle, il
n aura aucune raison d'osciller,
« qu'ils aillcnl à droite, vers l'aurore et le soleil,
soit à gauche »,
soit en avant, so it en arrière. Pour les autres corps, qui sont
42. 7Vm., 33 b : 8t6 xat cr^atpoetSIç, Ix {xe'aou :uavTr) npoç tàç
teXeuxaç tcroy «tcexov, xuxXoxepiç aùxôèxopvs;Saaxo... Tim., 34 a : 8tà Bh
xaxa xauxa ev xôî auxco xa? âv lauxâi r.epia-^ayù^, «Jxô kKair^ae xuxXcu
XlV6t<T0ai «TXpSÇOfJLSVOV. '
46. Tim., 59 e sq.
47. Tim., 63b-c.
48. De Caelo, l, 269 a sq. ; Tim., 36c-d.
52. Le mot papùx1^ç n'est employé chez Platon que pour exprimer
00. Ihade XII, 239-340.
8
I j
•m^Mm
\
1,
}
l
m
— 34 —
RSéTIOTE èK6«lvo«Tl TÛV «ÔToO xénov uév^rv aJ rrl T
Tfiv TTAP»r. ^x »' . ^ * ETxeiôi»^ TaOxa Kaxà
<p V ôiotveluavToç «al npi^ ^^ûtç &TTo5Et£««Toc
68. r/m^e. 62 c : œiiasi vàr ;î,.' ,
— a4 —
chassés de leur lieu propre, leur élan vers celui-ci, les y
ramène à nouveau. Pour le cinquième corps, qui ne sort
jamais de son lieu propre, il devrait rester en place.
Et même au sujet des autres corps, le cinquième mis à
part, Aristote semble, par hostilité, chercher à ne pas dire la
même chose que Platon. Platon se demande, en effet, si un
corps est lourd par nature ou léger par nature : et, comme
ses propriétés semblent se dire selon les propensions vers le
haut et le bas, il examine s'il y a oui ou non un haut et un
bas par nature : or, il démontre avec précision que, selon les
tendances des corps vers leur lieu propre, on a nommé bas
le lieu vers lequel chacun se porte, et haut, le lieu étranger
d où ils s'éloignent, et d'après cette manière il distingue le
lourd et le léger, puis il démontre ensuite que ni le centre
ni la périphérie ne sont à juste titre appelés haut et bas. Et
l'autre se pose en contradicteur, persuadé qu'il faut culbuter
toutes ses opinions, et il insiste pour qu'on dise lourd ce qui
se porte vers le centre, et léger ce qui se porte vers la péri-
phérie ; et il affirme que le lieu central est un bas, et le
cercle, un haut.
73. Tim., 63 e : toôê ye {j.yiv ev Tt 8iavoy)Téov Ktpi Tcavttov auiûv,
(î); ^ (xiy Tz^àç x6 auYyevsç ôBôç kxâaxoiç ouaa, gapù [xèv t6 çepdjxevov
jroieî, TÔv 8è xotcov eiç ov xô toioutov çépExai xotxw, xà Bï xouxotç
ïyovxa wç Ixiptoç Ôatxepa.
78. Tim., 62 d-e : ô (xsv yàp (xeaoç Iv aùxw xoko;, oïxe xoéxco
^^9^^(jiy oij-cî ayo), Xlyea6at Stxatoç, àXX* aùxô Iv [xiato. 'O 8à n^piÇ,
oO'xe 8rj (xéaoç, oux' e^ojv Sta^opov auxou jx^pos exepov, ôaxepov {xaXXov
r.poç xô {j.iaov, rj xi xwv xaxavxtxpu.
79. Aristote, De Caelo, I, 3o8 a i4 sq., reproche à Platon sa
théorie du lieu : Ta {aÈv yocp, iei :re3uxev, kr.6 xou (;iaou çépcaÔai, xà
8e àei Tcpôç XO {xlaov. Touxwv U xà jjlÈv olkô xou {A^aou fpBp6[nvov, àvo)
X^syoj 9^p6a6at, xaxw Se xô r,p6; fxeaov. "Axo;:ov yip xô (ay) vo{xttetv,
ehaixi êv xw oùpavw, xô {xÈv àva> xô 8e xdcxw, xaÔfcp xtvÈç àçîouatv!
ou jàp elvai xô^{X6v à'vw, xô 82 xaxw çaatv, Êl'rep, ^cdcvxY) ofjiotôç l(jxt
xat Jcavxa/^o'6ev àvxiTcouç eaxai TtopeuojjLevoç i'xaaxoç auxôç aux4). 'Hfxeiç
81 xô xou ;:avxôç êa^axov, avto XéyofjLEv, xal xaxà xriv ôsaiv kaxlv
«vw xaî XTJ çpticjgi rpcSxov. 'E;cet 8' Icrxt xi xou oùpavou lay^axov xai
[t.é<Joyy 8^Xov oxi laxai xat avw xat xaxco, cSoTcep 01 ;:oXXoi X^yo'uat, ::Xy)v
oùj(^ ixavûç.
m*"
I (
il
t !
I i
V, ■ r
P. E. XV(8o8d-8iia).
IX 1 'Y-nèp 8è xf^ç ^^X^<^ '^^ »««^ XéyoïnEv &v ; Sf^Xov
yàp TttOTa oô ^6vov toÎç <})iXoao<|>oOaiv, àXX' fjSi] oxeSèv
809 Kttl Toîq IStclùTaLÇ &TTaaiv, ÎSti flXàTcov jièv A8divaTov xfjv
vpuxV àTToXetTTEi, Kal TToXXoùc; ÛTrèp toutou Tie7Totr|Tai
Xéyouç, tiolkIXcùç Kal TtavTolax; ànoSeLKvùç ÔTt IqtIv 5
à9(kvaToç fj v|;i)xi^. 2 rioXXfj Ôè Kal toÎç ÀKpiBôc;
ècmouSaK6ai Ta nX^Tcovoc; f\ <t)tXoTnila yéyove, auvayovi-
Co^évotç tÇ te Sdy^iaTL Kal xû nXdtTCùvt. ZxeS^v yàp t6
ouvé^ov TfjV Traaav atpEaiv TàvSpôç toOt' Iotiv. 3 "H
TE yàp TÔv i^8iKcov Soy^iàTov ÔTT^OEaic; InT^KoXoùSTiaE Tfj lo
Tfjc; +uxf|c; àGavaata, t6 ^lÉya Kal Xa^npèv Kal vEaviKèv
Tf|c; àpETfjç Sià Ta Tf^ç t^X^^ ^^"^^^ aôaai 6uvr|8ElaT]<;, tA
b TE Tf^ç <|)<3aE«c; Tipày^iaTa TxétvTa KaTà t^jv Tf)ç ^^^X^^î
StolKT^aiv laxE t6 KaXôç ôioiKEtaSai Ô{»vaa8ai. 4 H^^X^
yàp naaa, cf>Tia£, -navTÔq èTiniEXELTai toO àv^ûx®"' TràvTa i5
8è oôpavèv tiepittoXeî &XXot' Iv &XXoi<; eTSegl yivojiÉVTi.
*AXXà ^f)v Kal Ta Tf^ç ImaTruitiç Kal i?\q ao<î>tac; zlç Tf|V
à8avaatav Tfjç ^ux^^ç àvfJTiTai tô FlXàTovi. nfiaat yàp
a TOiç çiXoadçoi; B : àXXà §7) El || 4 à;:oX6trr) F : TCOtitTat D :
TOUTOU XÔYouç GFGIE |I 7 Tcspi Ta BGFGEI ij 8 tw toutou 8oY{iaTi
BXZ II 9 Tr,v cm. DZ : tout' laTtv cm. XZ || 10-11 tJ «[/u/J B : to
{x^ya TTÎ? ipsT^; B |I i4 6<ï/.e i:« xaXàiç GDFG || 17 xa\ aoçiaç I : xai
TTjv etç TTjv à6avaaiav El.
4. Phèdre, a45 c : t|/u)(^rj Tcàaa otOàvaTo;, xô y*? à£txtvr,TOv à6a-
vaTOv ; 246 a : àyévirjTo'v t£ xaî àOavaTov <|'y/_'l av et'n ; Aa?., 365 e :
^(letç (A£v yap è<j{j.£v «J'y/.»), ^wov à0avaTov ; Lois, XII, 969 b : tov 8a
ovTa yjaîov £xaaT0v ovTfoç àOàvaTOv fiivat, «j'y/^Tjv £7:ovo{a<o'[ji£vov ; Rép.,
X, 608 d : oxi iÔavaTo; f,{Awv tj «j^u/tj xai ouSc'tcote aTcrfXXuTat ; Ménon,
81c: oct' ouv r| «J*uyy| àôavaTo; Te ouaa j Phidon, 78 a : àOavaTo'v Ti
•i
VII
DE L'AME
Au sujet de l'âme, qu'aurons-nous à dire? C'est une chose
évidente pour tous les initiés à la philosophie, que dis-je,
même pour tous les hommes du vulgaire, que Platon laisse
l'âme immortelle. Il a, à ce sujet, de nombreux dialogues, où
il démontre brillamment et sous des formes variées que
l'âme est immortelle. Il s'est même élevé une grande émula-
tion entre les partisans de Platon pour défendre ce dogme et
Platon lui-même. C'est, il est vrai, presque à lui seul, le
résumé de toute la philosophie du grand homme. Tout l'édi-
fice des principes moraux repose, en effet, sur l'immortalité
de l'âme, car la vertu ne peut garder sa grandeur, son éclat
et sa valeur que par la divinité de l'âme, et la nature entière
tient sa belle organisation du pouvoir organisateur de l'âme.
L'âme universelle, dit-il, prend soin de tout ce qui est ina-
nimé, parcourt le ciel entier sous les formes les plus
diverses. Bien plus, les lumières de la science et de la
sagesse ont leur source, selon Platon, dans le fait que l'âme
est immortelle. Toutes les connaissances apprises sont, en
effet, des réminiscences, et il croit qu'il n'y a pas d'autre
12. Phidon, 81 a : TÔ Geio'v T£ y.al àôavaTov xa? 9po'vi|jLOv ; Lois, X
6 II e : ô,ç ÇuYyevTiç ouaa tû t= 0etw xa? iOavdtTw xat T^i kd ovti •
V, 726 a : îcavTwv... twv eauTou XTrjaaxtov uigTât Oeoùc J/uv^ 6eio'-
TaTOV. ' T /. i
i4. Phhdre, 246 c: TCcJvTa tov xdafjiov Siotxsi (^uy^rf) ; LoU, X,
896 d : «fuy^TjV Siotxouorav.
i4-i5. Phèdre, a46b : Tcàaar^ tfuyj) ravTÔç iTctjxeXeÎTOti tou ^{t'^QM
i5. Phldre, 246 b: TcavTa... oùpavôv JCEptTcoXei (ttuvrl). La for-
mule est aussi stoïcienne.
t H
— a6 -
cl Hcfli^oetç, 4vo^vy,aEi<;, Kal oôk SXXoç oïexai SivacBai
5 Et 8è n/, loTtv ij ^^ux'l AflAvatoç, oôSè à«4i.vn<,iç.
tt Se (if, toOto, oô8è nAer,ciç. nivTov oCv tÛv nX<4-
Tfflvoç 8oy(.,4T«v &Texva<; èÇ^pT^févcov <«l licKpeitccfévov
ttlÇ KaTà TV q,ux1« est^T^T^ç T£ Kal àeavaataç, 5 ^f,
<~rX»pÛv toOto tV Txaaav àvaTpénei «fiXocrottocv HAA- a5
J«»voç. 6 Ttç o8v loTiv 6 ixp&Toq è^f^eipi^oaç àv-tiTà-
ti«ae«i ànoSetÇect, k«1 t^ t„xV At^^éaSci Tfiç d8«-
v«al«<: K«l SXXnç dnAanç «"vAi^eoç ; Ttç 8' êTepoç T,p6
ApiaxoTéXouç ; Tûv Se yip SXXov ot ^èv intStauévEiv
cr«vEx.ip^c««, ot 8é, et (.^ k«1 toOto, Sûvajxtv ve Iv tû 3o
a&t.„t K„l Ktvnatv TCV.X k„1 fpya Kal npiÇe.ç iné.^^u^,
^JÇ t^XlÇ. 7 -O 8é, gaçnep nXdcTc^v àTT£aéi.v„v.\6
^IÇ t"Xf]«; npavua, 4pxf,v yevéaeaç k«1 esoO •naWcuua
K«l Tûv àTTivToav npocTàTiv ànotnvài.evo<:, Toaû8c l<i>ao-
vstKn« K«eeX.îv Kal 4xt(,fîa«l i..KpoO 8eîv i^^Sèv &ne<pflv«. 35
-V+«XV- 8 Oax. yàp „v,o,<,, oÛT. nOp, oa« 8Xoç
CÔH», àXX oô8è 4c<ii.„Tov, oîov .Tv«t xe éd." «ûxoO kJ
-vcîafla, 4XX- 008" 8aov ItxI xoO a^H-xoç âKtvnxov .tv«.
^«l iç ctTTeîv S+uxov. Oîov yàp x68h âxéX^naHv, fl k«1
An^v«Y..<,en, <Sç ,„i ,,, np.xoupyoi<: K.vVe.ç A<,,e- 4o
Aéa8«i xfjç ^,oxf1ç x4 BooXEÙc«a8«t, x8 SiavonSfivat x6
T.poa8oK(^a«t, Ta (.v^HovEOcai, t8 XoytaaaSau 9 Oô'yAp
Il 37-38 xg, x..,ea . I II 40 xtv,i«.ç àfAx.,».. D. ^
— a6 —
moyen de sauvegarder le désir de chercher et d'apprendre,
dont la science est le fruit. Si l'âme n'est pas immortelle, il
n'y a pas de réminiscence, et sans celle-ci, il n'y a pas d'in-
struction. Tous les dogmes de Platon sont rattachés et sus-
pendus à la divinité et à l'immortalité de l'âme: par suite,
celui qui ne l'admet pas renverse toute la philosophie de
Platon. Qui donc a entrepris le premier de se poser en
contradicteur dans ses démonstrations, d'enlever à Tâme son
immortalité et toute autre propriété de ce genre? Quel autre,
si ce n'est Aristote ?
Parmi les autres philosophes, les uns reconnaissent qu'elle
subsiste, les autres, s'ils n'admettent pas cela, attribuent du
moins à l'âme un pouvoir sur le corps, un certain mouve-
ment, les œuvres et les actes. Autant Platon avait rendu
vénérable l'essence de l'âme en la proclamant principe de la
génération, élève de Dieu, régente de toutes choses, autant
celui-ci s'est efforcé de rabaisser l'âme, de l'avilir, de mon-
trer presque qu'elle n'est rien. Elle n'est ni un souffle, ni du
feu, ni un corps quelconque, mais elle n'est point une chose
incorporelle, incapable de subsister et de se mouvoir par
elle-même : elle n'est point ce qui commande au corps ; elle
est immobile et pour ainsi dire inanimée. Et tout cela à tel
point qu'il a eu l'audace ou même a été forcé de retirer à
^'âme jusqu'aux mouvements premiers, comme la délibéra-
^aÔTJaewç Xoyoç ; Phédon, 96 b : sx 65 {iLVTÎ{xr^ç xaî SoÇyjç ).a6ouaïi; z6
;Qp£(xerv... yt^veaGat £;i;icTT[u.if;v.
33. Lois, 896 b.
34. Tim,, a4d.
36. Arist., De An., I, 4o5 a, b 18 ; De Part. An., 65a b 12 :
f, tfux^TÎ où Tcup j De An., 4i4 a 20 sq. ; Soxst {jirjTg avsu (Tc6{iaToç elvai
37. Zenon, V, Arnim., I, 38, i4; 39, 16: awjxa î] (J^u^^j I, 38, 33:
oua^a xf]ç <{;u/^ç yîcapy.ei tÔ ;:v£U(JLa; II, 218, 34 : :cv£U{xa auYX£t(x£vov
r.uii.kx rupôç xai àspoç; II, ai8, a6 : nup y] ;rv£U{j.a X£7rT0|jL£p£ç 8ià
;cavTÔç SiTJxov xoS £[a4»ux.ou aaifiatoç ; I, 38, 8 : ^ «{.u/^yj <joS(xaTa xiveT.
4o. Lois, 8966-8973: ayfii jxàv 8r] tj^u/r) Tcivxa tatç autriç
xtv/faEatv aîî ôvo'iAaxà âaxt goOXfiaOat, axo;c£îa0at, £ret(x£X£ra6ai, ^ou-
Xfiufiaôai, ôpôwç SoÇaCfitv, k^iMa^iytaç xat jcaaatç oaai xouxwv
i il
tt » t f ■
i J M aCT
\
» ê
»^î
6V
47. L'âme ne se meut pas, Arist., De An., I, 4oi4 a ai ; hféta.,
IX, 1071 b 3i ; Cal., i4o b 4; Arist., De An., I, 4o3 a 7 sq.
48. Dicéarque, élève d'Aristote, fut historien, musicien, philo-
sophe. Il écrivit beaucoup d'ouvrages, entre autres : « De antiquo
Graecorum modo vivendi », cf. Fabricius, I, III, a. Il n'aurait pas,
à proprement parler, nié l'existence de l'âme, mais seulement refusé
55
— 27 —
+uXflÇ TaOTA <pr\ai tA Kiv/niaTa 6 Tf)ç 4)ûaEwç, &q c^aai,
810 YpatmaTEÛç. flàvu yoCv o\3t6c; laxi maréq, wç auveiKÉvai
TL TTEpl TÛv èKiàq 6 Tf^ç aÔToO q^uxfl^ ToaoOTov Sirniap- 45
TfjKcîx;, <5>c; tiT|S' 8ti SiavoEÎTai TiapaKoXou8EÎv. Où yàp f\
t^X^» tnaCv, àXX* ô &vQp(àTx6c; laTiv ô toûtcûv iKotaTov
IvEpyôv, 1^ 4;uxi^ ôÈ àKlvTiToç. 10 To<3t<j) TOLyapoOv
Itt6^evo<; AïKalapxoç, Kal TàK6Xou8ov Ikovôç Sv 8EopEîv,
b àvfipTiKE Tf|v bXriv ÛTT6aTaaLv Tfjc; +uxflq. "Otl jièv yàp 5o
iépaiôv Tt Kal à(poivkq Icttiv i^ v|*uxi?| SfjXov, &aTE oôk Sv
ôiA yE Tf|v àTi6 TÔv ala8/|aECûv IvépyEiav ôoCiipEv EÎvai
vpuxV «^ 5è KLv/|aEiç aôxfjç àq>avoOç gôctt^ç àvayKàe;Eiv
f\\i&q ScKoOcLV ETva( ti xfjv +uxV *lioXoyEÎv. H TaOTa
yàp &TTa<; tiç auviÉvai ÔokeÎ tî^ç tpuxf^ç Svxa, t6 (iou-
XEÛEa8ai Kal aKOTTEÎo8ai Kal Ka8' 8v 8/|7tote TpdTTov
SiavoEÎa8aL- hiav yàp ïScûjiev tô aôjia Kal xàç toCjtou
Suvà^iEiç Kal lv8i)iiT]8ôiiEv tAç xoiaÛTaç IvEpyEtaç, ôç oô
aà^icLToc;, ôtSo^iEv Iv ifjjiîv EÎvai IxEp^v tl t6 fiouXEu6iiEvov
toOto 5è EÎvai ti^jv 4^ux^^-
'EtieI •n68Ev àXXaxASev à-nLaTEÙaajiEv ûrcèp ipux^^ >
12 *Av oSv Tiç èE, Sv jiàXiaxa ipuxi?) c|>atvETai TaOxa
à(|>EX6jiEvo<; éTép9 tivI -npocàipTi Tipày^iaTi, oÔte 88ev oSoa
43 97)at Tau-ca x'.vr||iaTaDl| 43-44 w? orjat Ypaaaaxsuç BGDFGIXZ :
çuaewç çriat Ypa{i{Aareûç E : d)ç auvrixe D : wç ôm. BGEIOXZ || 45
Twv aÙTÔç Z II 46 3:avofiaat B || 47 çaatv CFG || 48 àxt'vr,Toç oOtojç
Totyapouv GDFGIZ : ovto)ç xoty.. X : ojtw E || 5o àvripst xaf DZ ||
5i à^avs's âcTi t);u-/7[ GDFGXZ || 52 èvàpystav t^u/^jv elvat'E : -8for[|xev
GDFGX II 55 TO PouXeaOa- GDFGZ i| 59 atoixaTo; où'aaç B : ÔiSwfxev
BDFGXZ: |5ouXd{Jievov D || 61 è;iiaTcuaà(jLevo; DFGOXZ || 63 tcç eÇtoô
El II 64 yprIaijjLOç av eVr] GDEFIL.
60
- 27 -
tion, la réflexion, la conjecture, le souvenir, le raisonne
ment. Car ces mouvements ne sont point de l'âme, déclare
celui qu'on appelle le greffier de la nature ; et, certes, il
mérite toute confiance pour avoir compris quelque chose aux
objets extérieurs, lui qui s'est trompé au point de ne pas
se rendre compte qu'elle pense. Ce n'est pas l'âme, dit-il,
c'est l'homme qui produit chacun de ces actes, l'âme est im-
mobile.
Aussi, c'est en marchant sur ses traces et en se contentant
de tirer les conséquences de sa doctrine que Dicéarque sup-
prima l'essence totale de l'âme. Que l'âme soit une chose
invisible, et non apparente, c'est évident. De sorte qu'en
nous référant à l'évidence sensorielle nous ne saurions
reconnaître que l'âme existe : mais ses mouvements, bien
qu'elle soit invisible, nous forcent, semble-t-il, à reconnaître
que l'âme est quelque chose. Tout le monde semble compren-
dre que les actes suivants sont propres à l'âme, savoir : déli-
bérer, examiner et penser sous quelque forme que ce soit.
Quant à la vue du corps et de ses facultés, nous nous ren-
dons compte que de tels actes ne sont point propres au corps,
nous avouons qu'il y a en nous un principe différent de lui,
qui délibère ; et cela, c'est l'âme.
Et puis, de quels autres arguments pourrions-nous tirer
notre croyance à l'existence de l'âme ? Si on lui enlevait tous
les actes qui manifestent son existence pour les attribuer à un
autre sujet, il ne resterait plus rien pour prouver sa réalité,
ni rien en quoi elle puisse paraître utile. Quel secours pour
d'admettre qu'elle est une harmonie. Cependant Cicéron dit de lui :
« Dicearchus autem. in eo sermone quem Gorinthi habitum tribus
libris exponit, primo libro multos loquentes facit ; duobus Pherecra-
tem quemdam Phtiotam senem, quem ait Deucalione ortum, disse-
rentem inducit ; nihil esse omnino animum et hoc esse totum nomen
inane, frustraque animalia et animantes appellari ». Tusc, I, ai.
De même Tusc, I, -yj : « Acerrime, deliciae meae, Dicearchus
contra hanc immortalitatem dissent. Is enim très libros scripsit qui
Icsbiaci vocantur, quod Mithylenis sermo habctur, in quibus vult
efficere animos esse morlales. »
55-56. Lois, 897 a. Passage cité. Gt. Cicéron Pro Milone 84.
M
mfmm
mmuff
r^
i
' !
65
- 28 -
lji<|)alvETai KaTaXéXoiTTEv oÙte b Tt xpV'-I'®^ ^^ etvai
5okoIti. Ttç oSv f\ |io/|0€ia tÇ Tf|v v|juxV àB&vcLiov EÎvai
6ÉX0VTL TTapà ToO ^u^i^v àTTOKTLvvûvToc; ; liq 8è ]?j 8i8a-
OKoXta ToO Tp6TI0U TfjÇ KlvfjaECDÇ, Ka9' Sv aÔTOKtVTlTOV
aÔT/|v <|>a^Ev, TTapà tôv HT]8è t6 napàTrav aôxfj Klvr|aiv
d vEtiévTov. 13 Nat, àXXà KaxA yE ti?|v à8avaatav toO voO
<|>fjaai Tiç &v auTèv koivcdvelv PIXàTcavi. Kal y^P ^^ b^^ 7<^
irSaav (io\jX£Tai Tfjv vpu)(i?|v à8<kvaT0v EÎvaL, t6v yE voOv
ô^ioXoyEÎ GeÎ6v te Kal &<j)9apTov EÎvai. Ttç ^lèv o5v Tf)v
oualav Kal ii]v (p<)ai\f 6 voOc;, ôSev ôv, Kal ti68ev iTtEiaKpi-
v6^Evoq Totç àvBp^noK;, Kal ttoO TcàXiv ànaXXaTÔjiEvoç ;
aÔT6c; &v eISeIti eu yé tl ouvIt^giv Sv XéyEi iiEpl toO voO, 76
Kal \jii] t6 &TTopov ToO TxpàyjiaToç tô àaa<|>EÎ toO X6you
TiEpiaTÉXXcùv l^taxaTai t6v IXEyxov, ôanEp al CT^Titai t6
ôuaSi^pEUTOv, Ik ToO CKOTEivoO nopi^d^iEvoc;. 14 riàvToc;
ôè Kal èv TOÛToiç Sia({>épETaL FIXàTûavi. *0 jiâv yàp (pr\ai
voOv, &VEU ipuxî^c; àSi&vaTov EÎvai auvlaTacSai, ô Se 80
Xcapt^et Tfjç vpuxfl^ '^^^ voOv, Kal t6 i?\q àBavaataç, ô ^lèv
811 jiETà Tfjç +^X^^ aÔTÇ ôtScdatv, cSç &XXo<; oôk IvÔex^^ievov,
6 Se c|>TiaLv aôxÇ ti6v9 x^f-^o^^^vcp Tf]<; ^'uxfl*^ toOto
TTEpiytvEoBai. KalT]?)v jièv 4^v)xi^v toO aw^iaxoç oôk f^^toQEV
iKÔalvEiv, bxi nXàTovi toOto fjpEas, t6v Se voOv àmoppi]-
yvua8ai Tf^ç v|;uxf)c; fjvàyKaaEv, 8tl &SùvaTov lyvoa nXciTCûv
t6 toloOto- [TaOTa ^èv S 'Attik6ç]...
66 OAovta E : r,(xpx tou tyiv «j^uy/jV Z I| 68 rzepl tc5v D || 69
àXX' ^ xai raaav B || 72 ôjioXoYeiv ôeiov ti xaî Z : (jiev om. F || 78
èrÊta/pivojji^voj G : ô vous où o>v B : io6ev D || 76 ei yi t'.ç BGDFGXZ
Il 76 xo à'jïoppov I II 78 âxaxo-cou axditvou El || 80 où^l -/(opi^et I \\ 8a
«j/uy^ç aùxô GDF : à;:ooti5(oatv XZ || 83 ijidvco om. B || 84 7cepiY''YV£^6ai
XZ II 87 TOIOUTOV DZ.
t
67. Le mot aù-cox''vr)TOv n'est pas de Platon, mais sera fréquemment
employé par ses successeurs, spécialement aux iv«-v« siècles; De An.,
II, 4 13 a 4 : oùx eativ rj ^'^'/Ji x<»>o:axTj toj afiSp-axoç.
68. Platon, Phédon, 76 d j De)., 4i5 a : àQavaaia oùai'a e(A(Ju/oç
xai àî'Stoç txdvY).
85
. - 28 -
celui qui veut que l'âme soit immortelle, de la part de celui
qui la fait mourir ? Quel enseignement sur le mode de son
mouvement, permettant de dire qu'elle se meut d'elle-
même, de la part de ceux qui ne lui accordent aucune
espèce de mouvement ?
Soit ! Mais on dira peut-être que, sur la question de Tim-
mortalité de Tesprit, il est du même avis que Platon. Et, en
effet, s'il ne veut pas que l'âme entière soit immortelle, il
reconnaît du moins que l'esprit est divin et impérissable. Et
quelle est l'essence et la nature de cet esprit ? D'où vient-ii ?
Comment s'est-il insinué dans l'homme et où doit-il retour-
ner ensuite ? Il pourrait le savoir, si toutefois il comprend
quelque chose à ce qu'il dit de l'esprit, s'il n'évite pas la
controverse en masquant l'impossibilité de la chose par l'ob-
scurité du langage, semblable à la seiche qui se rend diffi-
cile à prendre, en lançant une liqueur noire. Même en cela, il
diffère totalement de Platon. Celui-ci affirme que l'esprit ne
peut subsister sans l'âme, celui-là sépare l'esprit de l'âme ;
l'un lui attribue l'immortalité en même temps qu'à l'âme,
la chose n'étant pas admissible autrement ; l'autre affirme
que l'esprit seul, séparé de l'âme, peut y participer. Et il
n'a pas daigné non plus admettre que l'âme sorte du corps,
parce que c'est l'opinion de Platon : et il a forcé l'esprit à se
séparer brutalement de l'âme, parce que Platon a reconnu
pareille chose impossible.
72. Aristote, De An., 4o8 b 18 : b tï vou; sotxsv lYYivsdOat ouata
Ttç ouaa xat où çôst'psaôai ; 4o8 b 9 : ô vouç lacoç ôetoTspo'v xe xaî
iizoL^éi ; De An., III, 43o a 23 : ô 7C0tr)Ttxôç vouç iGavatov xat àfôtov.
77. Hist. An., 622 a 11 sq. : (oriTitav) TtapotJiotov yap çaaixo x^pw[jLa
TcoiEÏv TÔ auTTjç Ttp xôizo) Tzepl ov 8taTpi6ei.... {A6xa6aAX6i y*P "cyjv y^pdav
(jiazep ô JCoXuTcouç ;:iXo'Ju£voç y*P cLtplriQiv àst Tt xaî teXoç àçaytCetai.
80. Platon, Phil., 3oc: aoçia {jltiv xat vou^ aveu <|'u/^^ç ojx àv zoxe
yevo^oÔTjv; Tim., 3o b.
81. De An., II, ^ib a 4 : oùx sjtiv yj ^^yr] y^toptatr) tou <j(o|jLaToç,
ou (jLT)v àXX* ïvta ye jjiipy) oùSèv xioXuei, 8ià t6 {xrjSevoç eTvat ocofJiaTo;
èvTsXeyEt'aç.
85. Platon, Phldre, 266 d : IxGatvouat tou aojjjiaTOç ; Phédon,
77 d : aÙTTiv (^wx'iv) âx6aivouffav èx Toij (To5{i.aToç j Hép., X, 6i4 b :
l;:£t8Y] ou Ix6^vai ttjV ^uy/Jv.
'
!
(•IIMMWKMNWMM
i
>.'
". :
P. E. XV(8i4a-d).
814 XII 1 "Etl toO riXàTovoç XéyovToc; Tf|v +uxV S»-«-
Koa^iEiv xà TxdivTa, 8if|Kouoav 5ià -ncivTov, Kal TaÛTT)v
ûcf)' îjç Kal ol Xomol ôioLKEÎaSai auyxcdpoîev àv EKaora,
Kal jAT)5èv «lAAo EÎvai ti^v <f)t3aiv f) vpuxV» «al ÔfjXov 8ti
+uxi^v oÔK êcXoYov, Kal Ik toiJtov auvdcYovToç 8ti TràvTa 5
Kaxà TTp6voiav yivETai, eï y£ Kal Kaxà c})t3aiv Ttp6ç oôSèv
TOÛTCov ^jxîv 'ApiaTOTéXT)ç ôiioXoycî. 2 Oô yàp EÎvat t^v
<t)ûaiv +ux^v, Kal Ta TTEpl yf^v, ()tt6 iiiSç 4>0cteg)c; Ôioi-
KEÎa8ai. ETvai yàp è<p' iKdtaTO tôv Tipay^àTcov SXXaç Kal
b alTtaç. Tôv ^èv yàp oôpavlov âeI Kaxà xà aôxà Kal lo
6aai3xoc; Ix^vxov, alxtav xi»|v Ettiapjiévriv ÛTToxt8Tiaiv, xôv
aè ûtt6 aEXf|VT]v xfjv <j)Ùctlv, xcàv ôè àv8ptoTTtvov <l>p6vT]atv
Kal TTp6voiav Kal +uxV ^^ ^èv yXa<|>up6v èv xaîç xoiati-
Taiç ôiaipéasai TiapEx^jiEvoç, x6 8à àvayKaîov oô auvopôv.
3 El yàp ^t] ^ta xiç eXx], SOva^iiç ln+uxoç 5i/|Kouao i5
ôià xoO TTavxàç Kal Tràvxa auvSoOaa Kal auvéxouaa oôx' &v
EÔXéyoç x6 «nSv ©{^xe KaXôç Ôiolkoûiievov EÎvai Stivaixo.
rf\q S' aôxf^ç fjv àp' àBXEil^tac; Kal tt6Xlv èXTitaai -noxè
C KoXôç x«Pk ÈvoQEcoq StayEvÉaeat, Kal x6 Txav x68e
2 xai^ tauTa CFG || 3 à?' ^; E || 4 t^jv ^u/r,v I : ç^Jcrtv ^'xt TcavTa D
11^8 uro îx£v çjaea>; ONXZ || g-io xai tàç altfa; IN i| lo xatà ta
auta (î>aaÛTo>ç E : xaxà tauta 10 || i3 tÔ jjl3v yàp FG || i4 S-.ai'oecrt I :
ou auvaipoiv B || i5 tiç àlv ir»! BDGFGNO || 17 xaXtoç om. Eïn!
î. Cratyle. 4oo a : vouv te xaî fjy^ eTvat tf^v ^taxodfjioudav xal
e^oucrav (Tr)v Tfov à'XXtov àjcofvTtov çiSatv) ; Low. X, 896 e : àyei tLuyi]
nâvia Ta xax' oûpavôv xai y^v xaî 6dtXaTTav. L'expression : Strîxouaiv
8tà ;:avTO)v est surtout stoïcienne; Arn., H, 3o6, 89 : Stà ::àvTa
8tr[xa ^ Tcpo'vota; 3o6, 21: ;cveu{xa Sirjxov 81' oXou tou x6au.ou ;
III, 111,9: trjv 4'yy,»iv SiTlxouaav ot' oXou toj xoaaou.
a. Phhdre, 246 c : Tcavta tôv xdafjiov 8to:x£Î ; Lois, X, 896 d : J,u/t)v
Ôtotxoucrav xal èvoixoScrav Iv a;uaat toiç Tza^vir, xtvou|jiivotç (xôiv 00 xal
Tov oupavôv àvayxï] Stoixeiv cpavai.
VIII
DE L'AME DU MONDE
Platon dit encore que l'âme ordonne le monde en parcou-
rant l'univers, que par elle les autres corps consentent à
être gouvernés, que la nature n'est autre chose que l'âme,
évidemment pas l'âme irraisonnable : de tout cela il conclut
que tout arrive selon la Providence, du moins en tant que
naturel. Aristote ne donne son adhésion à rien de tout cela :
il déclare que la nature n'est point l'âme et que les choses
terrestres ne sont point réglées par la seule nature, car, pour
chaque événement, il y a bien d'autres causes. Pour les
choses célestes qui sont toujours et invariablement de la
même manière, il suppose que le destin en est la cause ;
pour les choses sublunaires, c'est la nature, pour les choses
humaines, la réflexion, la prudence et l'âme : tout en
donnant un aspect brillant à de telles divisions, il n'en
prouve point la nécessité.
S'il n'existait pas une force unique animée qui parcourt
l'univers, lie et enchaîne toutes choses, il ne serait pas pos-
sible de dire que l'univers est sagement et magnifiquement
ordonné. Ce serait le même aveuglement, et d'espérer qu'une
ville marche bien sans un pouvoir unique, et de croire que
5-6. Expressions stoïciennes, II, 280, i5 : xà xaG' eifxapjAévrjV
yiyvdjjieva xat xaxà Tcpdvoiav yiyvgxat.
11-12. Zenon, 1, 44, 87 : rj £Î[Aap(j,eviri yj aùxyj xal Tcpdvo'.a xai çuaetç ;
I, 28, 22 : ev xe ôeôç xat vouç xal sijxapjjL^vT) j II, 269, i3: xaî 7:pdvoia
xaî çuaiç, e(jxap[JL£V7) xal Tcpdvota xal Zeu;.
16. Cf. ligne I.
17. Tim., 32 b : auvsoTjaev xaî auveaxTj'jaxo oùpavov... ; Rép. X, G 16
c la lumière est dite : Twàaav oruvéx^ov xrjv Tcepipopàv.
■MManiHMior'
W l' Hi iil
■ ■ » ""■ '
A
I '
'i
ï
- 3o -
i^Y^<^o(<73ocL Tidyictt^ov tÇ Xéycp Sia(f>uXd^CLV, otov Tiepi- ao
({>alvETai, ^1^ auvaSifjaavTa Kal auvap^éaavxa êv6c; tlvoç
6^olou KOLVCdvla. A Kal toioOtov ^év ti Txp&YB^ '^^
SlolkoOv êKttQTa EÎval <|>T]aiv, otov o(p)(f|v EÎvai Kivi^acoç,
toOto Se cTvai i};u)(f)v oô [^oi^XExai* kuItol toO flXàTovoc;
aÔToO Selkvijvtoç oti tolç KLVou^évoLÇ &TcaaLv &px^ Kal a5
7Tr|Y^ Tf)ç Kiv/jaEcoc; f\ +u)(/|. Kal ô jièv &v Ipyov Etr| vj^ux^ç
XoyiKflç Kal (|>povi^ou' t6 ^T^Sèv jiàTrjv tioieÎv, toOto &va-
d Tl9r|ai Tfj <|>t3aEi, toO Ôê Ôvé^iaxoc; aÔTfj Tfjç +uxîic; oô
^ETaSlSoaiv, &aTi£p ek tc^v ôvo^diTov, aXX' oôk ék tuv
Suvéc^EOv, tQv npoL^^ékicùv Xa^6avo^évo>v. 3o
20-2 1 ovrep çatvsTai IN : oTov::£p E || 32 (xivToi r.pay\LCL BGFNL
Il a^ J^uy rjv ôfAoXoyerv EIN : xaiiot xat tou BDGFG jl a8 aÙTa BGFGINO.
- âo -
cet univers admirable se maintient par la raison qui y brille,
sans que ses parties soient liées et harmonieusement dispo-
sées par la participation à un principe unique et partout
semblable à lui-même. Il dit bien qu'il y a un tel principe
qui règle chaque chose comme il y a un principe de mou-
vement, mais il ne veut pas reconnaître que c'est l'âme ;
cependant, Platon lui-même démontre que l'âme est pour
tous les corps en mouvement le principe et la source du
mouvement. Et ce qui serait l'acte d'une âme raisonnable et
sage, savoir ne rien faire en vain, il l'attribue à la nature,
mais il ne lui donne point le nom d'âme, comme si c'était
des noms et non des puissances que les choses procèdent.
aa. Tim., 56 c: Q\>^Xf]) auvyip(i.oaGat... àvàXdyov; PoL, 809 c-d :
TzpÛTOv {A£v xa-à x6 ai»YY6vi$ x6 àetyEvsç ov t^ç ^^'/Jii «ùtôiv [t-ipoç
6610) auvapixoaajjLÉvYi Ôsa{jL4) ; Tim,, 81 d : 01 ÇuvapjioaÔsvTeç.... $ea(JLOi.
26. Phèdre, 287 c. Touto T>ri^r\ xaî àp^^ xtvr[<jewç; 245 d : cf. Cic.
Tusc.f I, 28.
37-38. Phédon, 9^ b : e^jO' xi aXXo X^yeiç àpy^gtv r] <}ux,t|v, àXXtoç tê
xai çpdvtfxov ; Lois, XII, 968 e : t}u/T] çpdviad; tt xat vouv ly ouaa.
Lois, X, 897 c : Ô^Xov wç xr^v àpiax/jv «j'uy^yiv «parsov c:ct[xeX6Ï(j0ai xou
xdajjLOu îravTÔç xat àyeiv aÙTov tyjv TotàuTT)v Ô8ôv IxetvTrjv.
a8. De Caelo, I, 27 1 a 83 : 6 6à 6s6$ xat tj çucriç 0Ù8ÈV jjLaxyjv Tcoiouffiv j
De Caelo, II, 391 b i^.
I.
i iw aiiw iil tt i i
t m i ^ i
>m » 0m
-«■Mtoi«l
**r
i.
'j
^
< '*
;. ' '
,1
IIP *
ft
P. E. (8i5a-8i6b).
815 XIII 1 Tb 8è Ke<t)(4Xaiov ic«l tb KOpoç xi^ç nXàTovoç
TiponeriTiXàKUTTat K«l tt«vtoIc»<;, t6 y= ^^^v ^t,- 'Apuno-
TfcXev, „epiù6pia-tai. Oô vAp «"vAiievoç âvvo(^o«t SlAti tA
LievAXa ic«l Seîa kcI TOpiTTi tûv •np«Yli<iT»v ■napa'nXnaCou 5
atvbç SuvAiieoç a<; ènlYvoaiv SeÎTai, tfi 8' «ôtoO \en^
K«l tamtvfi 8p.i.ùtnTL •nvoreûav n^tç 8ia8ùv«. iièv ta« Inl
vi^ç Ttp<xYt'&'^»« '^«1 '^'l^ ^^ ''°^^°''^ àX^Oeiav I8etv è8ûv«To,
Tfic: 8' 8vT«<; àXnectaç i'noTTTeOaai t6 -neSlov oÔk ota ts
b fiv «ÔTÛ K«vévi K«l KpcTf) xav ônèp «ÔTiv XPI-'Ak'^"»*:' ■»
à.néYV» '-ï^vàç £tva. Wlaç «fùcetç, ot«<; HX^tov ÏV"^,
Xfipoxx; 5è Kal TepexlciiaTa Kal <t.Xu«pl«<: lx6Xiir,<Tev riTtetv
Ti Tûv 8vT«v AvÛTaxa. 2 T8 i^èv o8v &Kpov xe k«1
ÏCYCxov xôv nXàxovoç ,},iXooo<t>iiiiàx«v loTl x8 Tcepl Tfiv
vo^xf,« xaùXTiv K«l &i8.ov oôatav Tf,v xûv ISeûv, Iv8« 8è
TlivOÇ Xe K«l iY^« «<'X«''°': -'il +"Xfi TTpAKElXai. 'O fclèv Y^P
uExaoxùv Kal èct-iKéiievoç aôxfjç TtAvx<oç,EÔ8«ti.cov, i Se
C &TToXet<t.eel<; k«1 à8u«axif,oa<: eE«p8<; y^v^-'S»^ ■"*^'^"':
fiuotpoç eôS«Li.ovt«<; ««xcAelnexai. 3 K«l 8ià xoOxo
nXàxcv xe Ttavxaxfl 8i«yovIZ;ex«i, Seiicvùç x^ Icx^v lO
Toùxov xûv «f^osov o3xE Y^P «l-^l-^ àvxivœvoOv Atto-
S D II i5 Tflv ;.:ô^03v El 11 .6 àYàv ixaato; Z . tfi om. El H »i 6vt.-
vovouv CF.
,. La tournure semble tirée de Lucien. Vita auctorum, VIII i8.
On pose, en effet, à Socrate la question suivante : Tr)ç 8e aoçia. a aoi
xe^dxlo; . Socrate : al (Séa. xa\ Ta tûv Svtcov :;apaBEt'Y5xaTa- onoaa yap
xo^tL «Jvs; à.aveî; laxaatv, IÇcu xûv oW. - Hou os sa.aatv,
Socrate : OÙ8a;i.oO. Et' Y^P ^^o" ^^^^ ^'^'^ *^ ^''^•
i5
IX
DES IDÉES
Le point capital, la clef de voûte de la doctrine de Platon,
c'est la distinction des choses intellectuelles : elle a été
décriée, bafouée, vilipendée de toutes les manières possibles
de la part d'Aristote. 11 ne peut, en effet, concevoir pourquoi
ce qui est grand, divin, extraordinaire, demande pour être
compris une faculté qui soit d'une nature très ressemblante,
tandis qu'il se fie à la perspicacité superficielle et terre à
terre, capable de pénétrer dans les choses terrestres pour y
découvrir les vérités qui s'y trouvent, mais incapable de
regarder en face le champ de la vérité authentique. Se pre-
nant lui-même comme règle et comme arbitre de ce qui le
dépasse, il a refusé l'existence à certaines natures parti-
culières reconnues par Platon. Il a eu l'audace de dire que
les choses les plus sublimes sont des radotages, des songes
creux, des balivernes. Le faîte, le point culminant des
conceptions de Platon, c'est la question de l'essence spiri-
tuelle et éternelle des idées : c'est là tout l'effort, la lutte
suprême en faveur de l'âme. Celui qui réussit à l'embrasser
et à l'atteindre, a le bonheur parfait ; celui qui reste en
arrière et ne peut la contempler, n'a absolument aucune
part à la félicité. C'est pour cela que Platon lutte de tout
côté, en nous montrant la puissance de ces natures ; il
lo. Phhdre, 2^8 b.
12. Anal Post., I, 22, 83 a 33 sq. : xà yàp slôr) jjxipéxa}, xepc-
xta[xaxa ycip laxt. Kai et saxt xt, oùdèv r.pàç xov Xdyov âaxiv, aï yàp
a;co86iÇei; Tcept xc5v xotouxojv £tatv.
i5. Soph., 246 b: vor\zk axxa xai àa(ii{jLaxa Êi'Srj, giaî^opievoi xyjv
àXr^OtvrjV oùai'av elvat ; Phhdre, 2^7 a.
\i
> I
H
À *
— 32 —
êoOvat 4)Tiaiv oî6v te etvai KaXoùc;, &v \ii] toùtov ^lEeÉ^ci,
oÔTE Yvôalv Tivoc; àXT^BoOc;, &v ^f) tÎ] -npàç TaOxa àva<|>op^,
àXX' oôôè X6you iiETéGEaSal Tiaiv, eI ^ii^ Tf|v Tip6 toûtwv
oôatav ôiioXoyV^^^v. 4 Oï t aÔTà toO flXàTovoc; a5
auviGTàvai eyvcok6te<; t6v ttXeîotov àyôva tôv X6ycov Iv
T0ÛT(}> TtBEVTai ttAvu àvaYKtttcûç. OôSèv Yotp Itl t6 PlXa-
d toovik6v àTToXEtTTETai, El \iX] Tàç -np^Tac; <p<)aEiç Taûxaç
auYX<»pV£'^«^ Tiç aÔToîç ônèp flXàTovoc;. TaOxa y^^P
lativ oTç ^làXiGTa tôv SXXov ûriEpéxEi. 5 No^oaq Y^P 3o
8e6v TTp6c; aôtà tôv àTrdivTcov -naTépa Kal St^iiloupy^v ical
5E<m6TT)v Kal KT)8En6va, Kal Yvopt^cov ek tôv IpYcov t6v
TEXvtTT^v Tip6TEpov vof^aai toOto s ^léXXEi Stiih-oupyV^*-^»
eT8' oûtco tÇ voT]9évTi KaT6Tnv ànl t«v Tipa)(\xéL'Z(ùv npo-
o^YEiv Tf|v Ô^ioLÔTT^Ta- laùibv S/), Ta toO 8eoO vo/)naTa 35
TipEGÔÙTEpa Tôv TtpaYliATOV, Ta Tôv Y^vo^iévov TTapaSEtY-
816 liaTa, àa^^iaTa Kal vor^Tà, KaTà tA aÔTà Kal <5)aaÛTG)<;
IXOVTa àEt. MàXiQTa ^lèv Kal np^Toç aÔTà ôvTa napalTia
2^-25 ei \i.^ touTwv oùaiav I || 25 ol' tauta CDFGIOXZ !| 28
(piioatç xauTaç om. DXZ H 3o ola jjiàXXov twv âXXwv El : u;:epéxetv
D II 3o-3i vorloa; Beèv aÙTÔç w? tôv à::avxa>v Z || 33 8yi(xioupYT;a6t6>
C II 34 ouxojç Tw BGOXZ : voYiôévtwv BXZ |1 36 T,<xr.ahi!y[i.otxi EFG.
a4. Aristotc, critiquant la théorie de la participation, s'exprime
ainsi, Meta., I, 991 a 20-b i : to 6e Xe'YStv TîapaSsiYfxaxa aùtà (xà
EÏSri) elvai xat [igTeyetv aûtûv xaXXa xevoXoyeTv èati xai [ASTaçopàç
X^YSiv ;cotrixixàç ; Platon, Rép., IX, 585 b : xaOapa? oùaia; {xeré/^eiv j
Parm., i3a d : rj {xiôeÇiç auTTj toïç aXXoiç •>(iyyt(3Q(xi xtov êiSwv oùx
àXXY] Tiç »i eixaaOyivat aùxoîç ; Parm., i5i e : xô 5'eîvai aXXo xi'
èaxiv ij (aIÔêÇiç ojaiaç [xsxàt y^pdvoj xou rapdvxoç ; Crat., 44o a :
Yvwaiç 8è oriîcou oùôejxia yiYVoSaxsi YtYvtocxet (xr)«a}A(3ç à'^wv.
25. Phédon, 76 d: ètci xatSxrjv (xriv oùat'av) xà Ix xiov afaOrlactuv
:cdvta àva^époiJisv ; fi<Jp., VI, 484 c : eîç xô àXrjôÉcxaxov àîîoSXs^îovxcç
xàxeïas àsî àvaçépovxeç. Aristote a critiqué bien souvent la théorie de»
idées. Il n'admet pas leur existence en tant que substances. Meta.,
VI, io4ob 27-29, 1039 b 23-29. Leur existence rendrait impossible
celle des substances sensibles, car l'idée deviendrait attribut de
substances sensibles et n'existerait que par participation à ces
*
- 32 —
déclare qu'il est difficile de déterminer la cause de quoi que
ce soit, si l'on n'y participe même pas, de connaître une
vérité quelconque sans remonter jusque-là, ni même de faire
un raisonnement juste, si l'on ne convient pas d'abord de
leur existence. Aussi, tous ceux qui se sont appliqués à
défendre les idées de Platon ont fatalement consacré à cette
question la plupart de leurs travaux de polémique. En effet,
il ne reste plus rien du Platonisme, si on ne leur concède
pas en faveur de Platon l'existence de ces natures primor-
diales et fondamentales.
C'est bien par là qu'il surpasse tous les autres. Compre-
nant, en effet, que Dieu est le père, le démiurge, le maître et
l'organisateur de l'univers, il s'est rendu compte, d'après ses
œuvres, que cet artiste avait d'abord conçu ce qu'il allait
créer, puis qu'une fois le modèle conçu, il s'est appliqué à en
introduire la ressemblance dans les choses. Aussi les pensées
de Dieu sont plus anciennes que les choses : ce sont les para-
digmes, incorporels et intelligibles, qui restent toujours
identiquement les mêmes. Elles sont en elles-mêmes causes
concausantes premières et supérieures, et font que les autres
substances. De même, les idées ne sont pas innées, et il n'y a point
de réminiscence. Prem. Anal., II, 67 a 22.
28. En parlant de la science et de l'opinion raisonnable, Platon se
sert de l'expression : xoTç çuaet àp/^txoTç, Lois, III, 689 b. Mais il
n'emploie pas le mot çufjiç, dans le sens de substance.
3o-32. Timée, 29-30 passim 4i a : o)v èyùy 8y){jLioupYÔç TCaxrjp xe
?PYWV ; 34 a : ouxoç Br\ 7:aç ovxo; aei Xoyia^LO^ ôeou ;:6pî xov 7:0x6
6ad[i£vov 06ÔV Xoyi<s^el<;.
36. Atticos a été sans doute induit en erreur par cette phrase du
Timée, 3o c : xôt Yàp Sr] vorjxà Çoia jravxa Ixsivo Iv lauxw ::6piXa6àv
î^ei, xaOa;c£p ô Se xda{jLoç 7)jxaç 8aa..., car Platon a formellement
déclaré Parm,, i32 b: {xfj xoîv stôtov sxaaxov xoûxwv tj v(îr)(jia.
36-37. f^^f'n., 1 32 d: xà [xsv et'ST) xauô' todjcep TCapaéetYiiaxa laxavai
Iv xrj ©uaei ; Tim., 28 a : oxou (xèv ouv àv ô SrjfxioupYOç xcpèç xo xaxà
xauxà ïyio'j {Sléntuv iet, xotouxto xtvî ;cpoay(^pai{jLgvo5 reapaÔei'YJAaxi,
29a, etc.
38. Le terme ;:apaix/a n'est point de Platon, mais fréquent chez les
poètes tragiques ; Soph., 246 b : vor|xà axxa xat àaoijAaxa ; 252 a :
OQoi xax* sVSt) xà ovx« xaxà xaùxà àaauxcoç ï-^o^xa, elva? çaaiv àct.
♦ '
1*
n
— 33 —
5è ical &XXoLÇ toO EÎvai. ToiaOTa iKaaxa oTa-nep èaTt.
KaTà Tf)v Tipôç aôxà ô^iotiSTi^Ta, auviôàv ô nXdiTov Svxa 4o
oô ^ÇaTtt ô<()8fîvai, oô iii?)v oôSè X6y9 aa<î)c3<; S^Xoef^vat
ôuvà^iEva, aÔTèç ôç oî6v xe fjv ô-nèp aôxôv eItieîv Kal
<t)povf]aai Kal TxapaaKEudaai xoùç jiéXXovxaç l-naKoXou-
Sï^aELv TipaytiaxEuadi^iEvoç xaOxa, Kal xi^v at3^iTiaaav aôxoO
<f>iXoao(|)tav eIç xoOxo auvxa^d^Evoç, TTEpl xaOxdc i^v^ay. Kal ^5
xfjv xotixcùv v6r|aiv Kal xif)v ao(|>tav EÎvai Kalxfjv Emax/j^iTiv,
b Si' îjç x6 àv8p67Tivov xéXoç Kal f\ jiaKapiaxr^ |itoxf| napa-
ytvExai.
[6. ToaauTa ô 'Attixoç. Ilapriv 6È xat TouTfov êti îtXgtw éx Ty]$
8y)Xa>0ctayiç Trapaôeaôat -cou àv3p6$ ypaçyjr rXrjv àXXà toiç èxxcestatv
àpxeaOevxe; {AgxaorjodfjisOa xai sTct ttjv xôîv STwïxfov at'peaiv.]
39 sxaaxov El || 43 çpovrjaai xat axsuaaai D ji k'] r^xpoLyifv£-:aii X.
- 33 -
choses sont telles qu'elles sont, d'après leur ressemblance
avec elles. Platon se rendit compte qu'il n'était pas facile de
les percevoir, et même qu'il n'était pas possible d'en donner
par la parole une description claire: aussi, il s'est appliqué à
dire tout ce qu'il est possible sur le sujet, à y réfléchir, à
préparer ceux qui devaient le suivre ; il ordonne donc toute
sa philosophie de ce point de vue et déclare que la connais-
sance intellectuelle qu'on en a constitue la sagesse et la
science, grâce auxquelles se réalise la fin de la vie humaine et
l'existence la plus heureuse.
[Ainsi parle Atticos. Il eût été facile de donner des citations
plus étendues de l'ouvrage indiqué de cet auteur...]
45. Def., 4i4b: ^iXoio^ix xrj; twv ovxtov kei ârtdT/jfjLrjç opeÇiç ;
Rép., VII, 5ai c : i[/uy7)ç TCcptaycDyr)... dç àXY]6ivT)v xou ovtoç ouaav
£;:avo8ov î^v Sy) çiXo^oçtav àXyjôr) çr|ao{xev elvat.
^ 46. Rép., V, 477 b : r) l;:'.(jxrîjjLr)... ïkI xôî ovxi ;:eçuxe yvôjvai, wç saxt
xô ov; Euthyd., 288 d : T^ cpiXojoçta xxT)(jtç l;:tcxr|exr)ç.
46-47. Rép., V, 465 d : jnotvxwv xs Br\ xouxwv aTcaXXàÇovxai ^aoM^i
xe xou (xaxaptaxou |3tou, ov 01 'OXujjL;:tovTxai Çàiai, {JiaxaptoSxgpov.*
47. Tim., 90 d: Platon expose le but des études sur l'univers:
xiXoç e-/6tv xou 7rpox£0évxo5 àvÔptoTCotç ô;cô Ôewv iptaxou ^lou npoç xe xov
7:«po'vxa xat xôv ereixa yç,6)fOv.
Vu : le 5 mars 198 1.
Le Doyen de la Faculté des Lettres
de l'Université de Paris,
H. DELACROIX
Vu ET PERMIS d'imprimer :
Le Recteur de l'Académie de Paris,
S. GHARLETY
:-*.■.«*:-._-.
^
i' * \
TABLE DES MATIÈRES
et
a'/
!* 1
Pages.
Introduction. . . .
Il
1. Atticos : sa vie, son œuvre
II. Atticos, platonicien éclectique y,„
III. Atticos polémiste, adversaire d'Aristote. . xxxu
iV. L écrivain.
V. Texte : manuscrits, éditions [ ^ii
Les fragments conservés par Eusèbe :
I. Les divisions de la philosophie selon Platon. ... i
II. De la vertu et du bonheur * 3
III. Sur la Providence
IV. Le monde a commencé _/
V. Le cinquième élément o
VI. Du mouvement des astres. . «,
VII. De l'âme '.'.[.' H
VIII. De l'âme du monde
IX. Des idées. . . 9
01
CHARTRES. — IMPRIMERIE DURAND, RUE FULBERT (g-igSl).
1
y'
^r
\
/
^ A
i \1
I
ï
I
/ Attious, philosophus
i
'"'- "tmiTOiiiiMWiij
«IRR
6 1S33